XII - Essaie donc d'aimer l'ennemi (1)

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Tout-à-l'heure, La Berlue réalise un grand spectacle et Azel et moi avons décidé de nous y rendre. À notre plus grande joie, nous retrouvons Isak aux grilles qui nous explique que son père a trouvé une maison et qu'il devait l'aider à aménager.

- C'est assez étrange... Récemment, nous avons reçu une bourse anonyme de quelques sous. Papa, tout d'abord décontenancé, a ensuite joint la bourse à ses économies pour nous acheter une maison dans le quartier pauvre.

- Mais c'est super ! M'écrié-je tout en sachant très bien d'où venait cet argent inopiné. Tiens, pour fêter cela, veux-tu nous accompagner au spectacle de La Berlue ?

- Évidemment. Allons traquer le méchant !

Le mot "méchant" sonne maintenant faux à mes oreilles mais je ne réplique rien.

Une fois encore, la foule se presse aux portes du Grand Théâtre. Mais cette fois-ci moins dense... Beaucoup ont émigré. Beaucoup ont en horreur La Berlue.

Et les autres sont euphoriques.

Comme par magie, mon nom fait des miracles. On me laisse entrer et on nous place aux premières loges. Isak me glisse à l'oreille :

- Cela a du bon d'être ton ami. Il n'y a pas que du négatif.

Et il me tire la langue.

- D'accord, répliqué-je, c'est une promesse. Dès que j'en ai le pouvoir, je crée une médaille de l'humour sans-gêne et t'en fais chevalier.

Azel se tourne vers moi pour me demander de me taire : le rideau s'ouvre et La Berlue entre. Aussitôt, nous nous taisons, observons, rions... Ces tours me fascineront toujours.

Notre étoile de mer entre dans une grosse boîte. Une énième assistante installe tout autour une grosse chaîne munie d'un épais cadenas et soulève la boîte dans les airs. Elle compte jusqu'à dix avec nous avant de se retourner.

- Abracadabra, s'écrit-elle en brandissant sa baguette.

Le voile d'une tente qui se trouvait là retombe alors et notre chère Berlue réapparaît.

Comment a-t-il fait pour forcer la serrure ?

Je déglutis et jette un regard inquiet à mes amis. S'il a réussi un pareil tour, alors la clé des portes du château est trop peu protégée. Il faudrait que je réussisse à convaincre papa de la changer de place.

Au moment de l'entracte, je persuade mes amis d'aller tenter de retrouver La Berlue. Ils s'étonnent d'abord mais je réplique qu'il est important de savoir la raison pour laquelle il est venu ici.

- Mais Perle ! Il te sortira qu'il est venu en tournée.

- Oh mais j'ai plus d'un tour dans mon sac, ne t'inquiète pas.

Alors nous descendons dans les coulisses où déjà un petit groupe de personnes se presse. Mais je ne veux pas profiter de mon titre de princesse pour les doubler : il y a une limite à tout. Je le vois dans sa loge distribuer autographes et signatures avec son insupportable sourire habituel. Les gens ressortent sous le charme. Mais moi, je ne succomberai pas.

Enfin, c'est à nous. La Berlue nous avait déjà repérés dans la queue, de sorte qu'il nous regarde entrer avec une curiosité non dissimulée.

- Vous me connaissez déjà, attaqué-je immédiatement. Ou du moins avez déjà entendu parler de moi. Je suis la princesse Perle.

- C'est bien ce qu'il me semblait, murmure-t-il entre ses dents.

- Vous pouvez deviner sans peine à quel point j'aime mon château et comme je le protège.

Mon château de sableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant