Ils sont là. Ils m'aident, ils me protègent. Ces renforts soudains me donnent un élan nouveau pour les entraîner vers le palais. La barrière de soldats qui défendait nos grilles nous laisse alors entrer. Mais seuls les plus démunis, enfants, blessés, personnes âgées ou même quelques femmes, entrent pour s'y réfugier. Les autres restent combattre.
Ils sont héroïques. Voilà pourquoi je les aime ! Vous voyez ? Vous voyez maintenant comme chaque personne est extraordinaire ?
J'ouvre les caves. Maman accourt avec des couvertures et des vivres. May l'aide, disparaissant sous une dune d'affaires. Je la débarrasse de ces effets encombrants en riant.
Et nous organisons cette cache secrète dans les caves.
- Et maintenant, s'écrit Isak, eux sont en sécurité mais les autres ?
- Les autres combattent. Seule la victoire les sauverait.
C'est alors que maman s'approche et me dit la phrase la plus incroyable que je n'ai jamais entendu :
- Il faut commencer une résistance et partir sur le front bloquer la porte avec tout ce que nous trouverons et refortifier les remparts. Il faut silloner la ville pour s'assurer que nul ne soit en danger. Il faut agir.
- Tu ne me demandes pas de rester à l'abri...?
- Non.
Maman semble vouloir ajouter quelques mots mais se ravise. Elle se tourne vers May :
- Je vais te confier une mission très importante, ma puce. Celle de veiller sur tous ces gens.
- Je ferais cela très bien, rétorque-t-elle d'une voix sage.
- Mais maman ! Elle est trop jeune... M'insurgé-je.
- Elle grandit, tu sais.
Déjà ?
Mais je n'ai pas le temps de m'étonner davantage : un soldat surgit en trombe de la petite porte des escaliers pour s'écrier :
- Majesté ! Les remparts du sud-ouest menacent de s'écrouler d'un instant à l'autre ! Majesté, dites-nous, que faut-il faire ?
Sur le qui-vive, maman se précipite à l'extérieur suivi par le soldat épuisé. Je fais signe à Isak de venir avec nous. Et c'est de nouveau une course dans les rues. Trois soldats assurent notre protection mais notre train infernal surprend trop les soldats-embruns pour qu'ils osent s'attaquer à nous.
Les remparts du sud-ouest sont à l'extrême opposé. Et cette fois, nous passons devant la cave mais tant pis pour papa : il y a urgence.
- Et la clé ? Me souffle Isak à l'oreille.
Maman s'éloigne déjà. Je ne veux pas la perdre de vue. Alors, prions pour que nul ne me dérobe la clé.
- Cet hangar, que vous voyez là, indique maman en arrivant au pied des remparts, est plein de sacs de sable. Nous sommes six, je vous propose de faire la chaîne.
- Mais Majesté ! Ce n'est pas à vous de travailler...
- Cessez de conter des sornettes, soldat, siffle maman en empoignant un gros sac de sable. Allez, allez ! Qui m'en débarrasse ?
Nous sommes peu mais la chaîne s'organise. Ce coin des remparts se trouve dans le quartier pauvre. Les maisons entassées les unes sur les autres ne laissent place qu'à de petites ruelles. Aussi cette étroitresse nous assure-t-elle une relative protection.
Les sacs sont lourds. Plusieurs fois, je manque même de me casser le dos. Je trébuche quelquefois sous le regard dur de maman. Je sais qu'elle veut que je donne le meilleur de moi-même. Mais c'est dur. Elle ne cesse de me couver des yeux, maman. Et parfois, attendrie, elle me lâche une petite phrase d'encouragement :
- Allez, Perle ! C'est presque fini.
Des douleurs apparaîssent dans les bras. Ça brûle. Mais courage ! Nous allons en venir à bout.
Les sacs de sable versés approximativement sur le sommet des remparts épaissisent ces fortifications et permettent de former un grossier tas plus ou moins solide. Cette protection ajoutera quelques temps de répit à notre ville, temps qui pourrait tous nous sauver la vie.
- Prends, me dit maman.
Je jette un regard éploré au sac. Un de plus et je tombe.
- Je ne peux pas, maman.
- Prends. C'est le prix pour sauver des vies. As-tu assez d'énergie pour tous nous aider ?
Oui, j'ai de l'énergie en moi. Un gros moteur, bien puissant, qui s'appelle l'amour. Mais je suis fatiguée...
- Prends.
Je prends. Le sac passe de main en mains. Mais la reine s'est déjà saisie d'un autre sac. Je regarde mes bras : rouges, gonflés, tiraillés. Leur couleur nacre s'est envolée.
- Prends.
Je passe à Isak.
- Isak ? Est-ce que tu as déjà travaillé comme cela ?
- Moi, non. Mais papa oui, quand il avait la chance de trouver un petit travail.
La motivation de recommencer et d'aller toucher ses limites... J'aime tant mon peuple que je veux leur sauver la vie mais il faut bien du courage.
- Prends. C'est le dernier.
Et maman m'adresse un beau sourire qui me donne tout le courage du monde. Elle s'approche ensuite de moi, m'embrasse et me murmure :
- Je suis fière de toi, princesse. Je suis très fière de toi.
Les soldats et Isak se sont approchés pour nous applaudir. L'un d'eux s'exclame :
- Si j'avais sû qu'un jour je verrais un tel spectacle... Messieurs ! Notre famille royale est un exemple pour chacun d'entre nous.
Oh, je ne doute pas. Mon château a maintes fois prouvé sa résistance. Notre peuple est absolument extraordinaire. Et ma maman, je l'aime. Nous vaincrons.
Et pour m'assurer que jamais rien ne pourras nous arriver de mal, je serre entre mes doigts la clé. Elle est là. Et vous ne l'aurez jamais.
La force de ceux qui aiment est cent fois plus puissante que la haine.
- Perle, poursuis tes efforts. Poursuis-les.
- Qui aider ?
- Passe dans les greniers, les caves, les maisons et assure-toi que nul ne court de dangers.
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1,5k de vues... Vous êtes des choux !! Bon, j'espère que vous ne trouver pas ce chapitre trop long mais, promis, le prochain chapitre fait décoller le suspens et l'action !!! On rentre dans la phase cœur de l'intrigue ! ;-)
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Mon château de sable
FantasyQuand le conte et l'amour s'invitent dans la Fantasy... Redevenez enfant. Unique en amour Aimer Mon château d'un jour Donner Le lien qui nous lie Aimer Devient si joli Donner Et la vie est telle Aimer Et la vie est belle Perle voudrait changer le mo...