Mon château de sable

XI - Correspondances (2)

Le gris. Pas de noir ? Pas de blanc ? Simplement du gris partout... Une part de beau en chacun de nous, parfois presque égale à la part de laid. C'est peut-être ce qui rend le monde si complexe.

J'ai percé toutes les couches d'illusions qui protégeaient La Berlue et suis parvenue à son âme... Saignante et noble. Il reste l'ennemi car il appartient au camp adverse, le camp de la mer. Mais est-il pour autant méchant ?

Quant à maman... La simple pensée de ce que je viens de lire me rend plus molle qu'une éponge. C'est Azel qui, comprenant ma détresse, parvient à mettre des mots dessus :

- Ta maman a aimé quelqu'un d'autre dans sa jeunesse.

- La Berlue.

- Mais rien ne dit qu'elle l'aime encore. C'était peut-être une passion.

Il se tait quelques instants, me laissant à mes pensées, avant de poursuivre :

- Ta maman a aimé La Berlue quand elle était jeune. Retraçons l'histoire, telle qu'elle a dû se produire et tu t'apercevras que tu as tout lieu d'aimer et de respecter ta mère. Un beau jour, ton père est arrivé en prince charmant et a définitivement ravi son cœur. Tu es née. Et c'est probablement peu de temps après qu'est survenue cette guerre contre la mer. Ta mère voyait le château faiblir. Elle t'avait toi, et ton père. C'était une femme loyale à son château mais désespérée. Ce fut alors qu'elle reconnut La Berlue, grande figure dans le camp des assaillants.

- Les souvenirs reviennent et elle commet une grosse erreur qui sauvera, certes, temporairement le château, mais ne cessera par la suite de peser au-dessus de sa tête comme l'épée de Damoclès. Elle... Fait croire à La Berlue qu'elle l'aime encore et... Mais comment a-t-elle pu réussir ce prodige ?

- Je ne sais pas. C'est ce qu'il nous reste à découvrir.

- Oui. Oh je suis perdue, perdue... Azel, alors pourquoi aimer ? Pourquoi ?

Il me sourit timidement et pose un baiser sur ma joue. Je murmure :

- Tu es gentil.

- Et toi, tu... Tu es merveilleuse, ajoute-t-il d'une voix étranglée par l'émotion. Aimer, pourquoi ? Mais tu le sais pourtant, princesse. Aimer rend heureux et aimer change le monde.

- Le monde ?

- Je ne me suis jamais senti aussi différent et heureux depuis que tu joues avec moi. Et à une plus grande échelle, regarde comme le château prospère depuis que ton père et toute ta famille vous montrez indulgents, charitables, enfin soucieux du bien commun. Vous êtes un exemple et maintenant les habitants du château s'entraident et s'apprécient. Le bonheur règne. L'amour peut changer bien des choses dans ce monde.

- L'erreur de maman...

- L'erreur de la reine, oublie-la. C'est parce que ta mère a voulu protéger ce qu'elle avait de plus cher en rejetant ses devoirs de reine et de femme. Lorsque tu trahis tes promesses et commets quelque erreur, il y a toujours des conséquences.

- Qu'aurait-elle dû faire, d'après toi ?

- Je suis un enfant, Perle. Je ne sais pas si...

- Moi j'ai confiance en toi.

- Alors peut-être qu'elle aurait dû accepter la défaite et fuir ou se rendre. C'est maintenant que nous subissons ces terribles conséquences.

- Maman a essayé par le passé de tous nous sauver. Maintenant, cela va être mon tour.

- Que vas-tu faire ? S'inquiète-t-il immédiatement.

- Eh bien je crois en la puissance des mots, aussi bien qu'en la puissance de l'amour. Alors je vais aller donner une leçon de vie à notre chère Berlue !

L'excitation me prend tout à coup, tandis que je cours à mon bureau et sors plume de mouette et encre de pieuvre. Je retourne la lettre, du côté encore vierge, et me mets à écrire. Azel, curieux, vient se pencher au-dessus de mon épaule et ne peut s'empêcher d'éclater de rire. Je me joins à lui, en même temps...

- Isak déteinds sur toi, princesse !

- Il semblerait...

"Cher monsieur Berlue,

Oui j'ai lu votre lettre. Et je voulais vous dire que je n'approuvais pas du tout. Mais alors là, pas du tout, du tout !

Il faut tout vous apprendre, c'est fatiguant... Vous, adultes, avez perdu des notions essentielles telles que celle de porter un regard aimant et simple sur tout ce qui vous entoure.

Vous dites avoir aimé maman mais vous vous montrez maintenant le plus odieux des goujats avec elle. Eh bien cela ne peut plus durer.

Un : quand on aime, on est tendre avec l'heureuse élue. On recherche son bonheur, et non le sien propre. On cherche à être en communion avec elle. Ou alors, ne mettez pas dans la lettre que vous êtes amoureux : c'est un odieux mensonge.

Deux : quand on est bien-élevé, on est gentleman. C'est-à-dire qu'on prend soin des femmes autour de nous avec une grande galanterie.

Trois : la loyauté et le courage sont des vertus. Je suis heureuse de voir que vous cultivez de telles vertus. Mais je me demandais si vous ne voudriez pas aller plus loin et devenir le meilleur homme du monde. J'ai une solution-miracle pour cela : c'est la bonté. Considérez chaque personne comme belle et bonne et vous vous approcherez de la perfection.

Maintenant, quand on est gentil, comment vouloir du mal à autrui ? Voyez comme la vie est belle et apprenez à apprécier ce que vous avez déjà, plutôt que de sans cesse chercher de nouveaux territoires par ambition.

Si vous avez besoin d'une autre leçon, vous savez où me trouver. Je suis très disponible.

Cordialement,
La princesse Perle."

- Alors ? Qu'est-ce que tu en penses ? Demandé-je en redressant la tête et en posant ma plume.

- Ne t'avais-je pas dit que tu changerais le monde ?

- Je ne l'ai pas encore changé.

- Oh ! Mais cela ne saurait tarder.

------------------------------------------------------

On approche des 1k (ca me rend toute excitée !!!!!) !!!! Donc merci merci et merci encore, qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?

J'ai pensé à organiser un concours de dessin de Perle, Azel et Isak mais le soucis c'est que tout le monde ne dessine pas forcement, si vous avez d'autres idées je suis preneuse mais si cette idée vous plait alors tant mieux !!
Après... Pour le concours de dessin pas grave si tout le monde dessine pas bien, l'important c'est de participer XD et même moi je dessine comme une m*rde mdr !!