Les portes claquent. Nous dévalons les escaliers, le cœur battant à rompre. Moi, Isak et un soldat chargé de nous protéger.
Encore un grenier, encore une cave surprotégés. C'est rassurant. Les pères et mères ont pris soin de leur famille.
- La suivante, m'écrié-je !
- Comment fais-tu pour garder tant d'entrain ? Souffle un Isak dépité.
- Oh ! Tu veux que je te répète mon discours ?
- Non, non, ne t'inquiète pas, cela va aller !
- Eh bien tu as tort. Maison vide, porte de la cave complètement bloquée. On passe à la suivante.
- As-tu vu qu'il y a moins de soldats-embruns dans les rues ?
- J'ai noté. C'est étrange...
- Je crois que la mer s'essouffle, répond le soldat qui nous accompagne.
- Est-ce que cela veut dire que nous pouvons gagner ?
- Il y a des chances, me sourit-il avec un petit clin d'œil.
Et j'ai la clé, là, sur mon cœur. Le fer me réchauffe toujours. Nous sommes en sécurité, vainqueurs !
- Oh !
Je viens d'ouvrir en coup de vent la porte du grenier de la maison suivante, découvrant un enfant tout recroquevillé sur lui-même et pleurant.
- Viens là, toi.
Il me fait signe que non et se pelotonne plus encore dans son coin.
- Mais viens, répété-je en m'approchant et en m'accroupissant pour être à son niveau.
- Qui êtes-vous ?
Vous ? Je fais si vieille que cela ?
- Je suis la princesse. Viens, je vais te mettre en sécurité. Ici, il y a trop de danger.
- Le danger est passé, Perle. Peut-être qu'il peut rester ici.
Je me relève.
- Tu as raison. Alors, au palais !
Un peu plus tard, en arrivant, j'ai la surprise de constater la cour envahie par des blessés et maman déjà en tablier d'infirmière qui s'occupe d'eux, avec May.
Je jette un coup d'œil à la ronde, avant de sentir mon sang se glacer. Là, près de la tourelle sacrée, la moule et une autre ombre encapuchonnée. La moule parle avec animation et me désigne tout à coup du doigt. Repérée. Ils veulent la clé. Et... Comment ont-ils fait pour découvrir le bon emplacement de la clé dans la tourelle sacrée ?
- Isak, prend garde. La situation va se corser.
- Mais pourquoi ?
J'ai le regard dans le vide. Je ne réponds pas. J'avoue ne pas savoir quoi faire... Mais le destin s'occupe de moi car une voix appelle derrière nous.
- Perle ?
Je sens mon cœur parcouru de multiples frissons.
- Isak ?
Glacée, je me retourne. Là, derrière nous, à quelques pas, Azel.
- Perle ? Isak ? Venez, venez là... Il ne faut pas qu'ils me voient... Il faut que je vous dise... Venez !
Nous sortons complètement des grilles du palais pour nous retrouver dans un coin un peu à l'écart. Azel a une mine un peu hébétée. Il ouvre la bouche, mais soudain ses mots semblent s'étrangler sur ses lèvres tandis qu'il voit surgir des grilles la moule et La Berlue.
- Courez, souffle-t-il d'un ton si indistinct que je ne suis pas sûre d'avoir bien compris.
Isak m'attrape la main et m'entraîne droit devant nous, vers la grande rue marchande. C'est vrai que je commence à être épuisée. Mais vous savez, quand votre vie dépend de vos jambes, celles-ci, par un curieux hasard, se réveillent soudainement.
La rue est presque redevenue déserte, signe que la victoire approche. Mais ce vide nous laisse également voir le désordre : portes éventrées, fenêtres brisées, éclats de verre, tas de sable et mêmes... Des corps.
Alors je les enjambe, je tente de ne pas regarder, je tente de courir.
Mais inévitablement, les pas de nos deux poursuivants se rapprochent et il ne faut pas qu'ils m'attrapent. Je regarde aux alentours, cherchant une solution qui pourrait me sauver, du moins temporairement. J'avise une porte grande ouverte, et je m'y précipite.
- Viens, Isak.
Nous claquons la porte, bringuebalante mais en bon état, et déplaçons rapidement un meuble devant.
- À l'étage !
Dans une chambre du premier, nous agissons de même, bloquant la porte par un meuble. La pièce est vide. Où nous cacher ?
- Prions pour qu'ils ne viennent pas jusqu'ici.
Mais des pas lourds résonnent dans l'escalier. Je frissonne. Isak me serre la main. Et tout à coup, nous les entendons pousser la porte. Celle-ci grince...
- Elle va craquer, gémis-je.
- Et où pouvons-nous nous enfuir ? Ajoute Isak inquiet.
- La fenêtre.
Nous nous y précipitons et l'ouvrons en grand. Le sol est trop bas pour que nous puissions sauter sans dommage mais la maison d'à côté possède une fenêtre identique assez proche.
Je passe la première, posant prudemment mon pied sur la fragile gouttière. En me tortillant du mieux que je le peux, je parviens à agripper le rebord de la fenêtre. Grand écart.
- Ouh ! Ma robe est bien relevée, rié-je.
- Perle, ce n'est pas le moment !
Son ton effrayé me fait deviner que les coups répétés contre la porte le terrifient.
Alors je me lance et passe sur la gouttière jusqu'à atteindre la fenêtre d'à côté. Je brise le verre et saute à l'intérieur. Déjà, j'entends Isak qui se risque à son tour.
- Est-ce que ça va ?
- Non, la porte s'est brisée. Ils sont juste là... Ah !
Je le vois soudain trébucher et glisser dans le vide. Ses mains agrippées à la gouttière le retiennent mais déjà celle-ci menace de craquer.
- Aide-moi, Perle ! Crie-t-il.
Je pose un pied sur le parapet pour lui tendre la main. Et je vois, là, à la fenêtre d'à côté, la moule prête à jeter son couteau sur mon ami. Mon sang se glace : il faut faire vite !
Sa main, je tire sur son corps. C'est lourd. Il pose une main sur le parapet et tend tous ses muscles pour effectuer un rétablissement.
Et la moule lance le couteau.
Isak crie. Je joins toutes mes maigres forces pour le tirer vers le haut. Il dégringole à l'intérieur.
Mes yeux se brouillent, je halète. Quelle horreur ! Il saigne de la jambe !
Mais il faut déjà que nous reprenions notre fuite. Les ennemis arrivent.
1,74k... C'est extraordinaire !!! Merci à vous tous !!
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Mon château de sable
FantasyQuand le conte et l'amour s'invitent dans la Fantasy... Redevenez enfant. Unique en amour Aimer Mon château d'un jour Donner Le lien qui nous lie Aimer Devient si joli Donner Et la vie est telle Aimer Et la vie est belle Perle voudrait changer le mo...