Chapitre 39

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Pendant quelques secondes, j'ai fait de mon mieux pour me contenir. Les avertissements d'Alicia sur le fait de ne pas offenser les dieux me revenaient, mais plus que ça mon esprit repensait aux larmes d'Hélène. Cette vision en tête, j'ai senti mon sang bouillir dans tout mon corps, si j'avais eu le même don que Cassiopée je savais que moi aussi j'aurai fait surgir des flammes de mes yeux.

- Que me voulez-vous ? ai-je lancé agressivement à la déesse, sans lâcher le pommeau de mon épée.

Du coin de l'œil, j'ai vu Aria à côté de moi qui me lançait un regard légèrement troublé.

- Commence déjà par changer de ton, mortel, ma patience a ses limites. Ma petite nièce n'est pas là pour te protéger, n'oublies pas où est ta place. De plus, pourquoi serions nous en mauvais termes ?

Chacun de ses mots avait un effet direct sur moi. Plus elle parlait et plus je sentais ma colère tomber, j'avais beau tout faire pour me rappeler ce que j'avais contre elle je n'arrivais plus à lui en vouloir. J'ai même fini par lâcher le pommeau de mon épée, ne voyant plus l'utilité d'un conflit entre elle et moi. Au contraire, j'avais maintenant envie de la prendre dans mes bras, de m'asseoir tranquillement sur un banc avec elle sur mes genoux pour pouvoir discuter.

- Voilà qui est mieux, a repris la déesse que j'entendais maintenant de très loin. Tu es un cas intéressant pour un homme, et tu vas m'éclaircir sur certains points. 

- Bien sûr, me suis-je entendu répondre d'un ton rêveur.

Cette réponse m'a valu une nouvelle morsure de la part d'Aria, plus forte que les précédentes. Ses crocs se sont enfoncés d'un bon centimètre dans ma chair, mon sang éclaboussant sa gueule pendant que je lâchais un cri de douleur. Cette souffrance m'a fait sortir de mon état second, mais je me suis dit que c'était quand même cher payé pour être de nouveau maître de mes pensées et de mes paroles. Si j'avais pu éviter une blessure qui risquait de me faire boiter pour le reste de la journée, j'aurai préféré.

Les mythes que j'avais étudiés concernant Aphrodite me sont revenus en tête, le contenu de livres que j'avais lu mais aussi ce dont certains profs m'avaient parlé, tout se regroupait en un point précis : on disait que la déesse pouvait dompter l'âme de n'importe quel homme, aussi fort soit-il, le rendant totalement amoureux d'elle afin d'en faire sa marionnette. Pour une fois, je n'ai pas eu besoin d'une quelconque aide extérieure pour faire fonctionner mon cerveau, le simple fait de penser aux âmes m'a fait réagir sur ce que je devais faire. J'ai fermé les yeux, j'ai expulsé ma psyché et j'ai laissé l'énergie de la marque ainsi que celle du minotaure prendre le contrôle de mon corps. La tête qu'à fait la déesse m'a permis de voir qu'elle ne s'attendait pas à ça.

- Voyons, a-t-elle dit d'une voix douce, qu'est-ce qui te prends ? On peut juste s'asseoir et parler calmement, non ?

- Arrêtez, lui ai-je répondu de ma voix rauque, sa voix ne me faisant plus aucun effet. Ça ne marche plus sur moi, vous ne pouvez pas avoir mon âme. Que voulez-vous ?

Son regard s'est durci, ses yeux bleus ont changé de teinte pour se rapprocher de la couleur d'une mer agitée. La colère l'envahissait, et elle ne se donnait aucune peine pour essayer de la masquer. Voir quelqu'un échapper à son contrôle l'agaçait, et j'en étais ravi.

- Le pouvoir de mon insupportable petite nièce, a-t-elle craché, ne crois pas qu'il te rende invulnérable. C'est moi qui ai abattu cet autre homme qui le possédait, provoques moi et rien sur cette terre ne sera en mesure de te protéger.

Sa phrase a fait tomber un immense poids dans mon estomac de minotaure. Cette déesse contre qui j'avais déjà une certaine rancune venait de m'avouer qu'elle avait également tué Kyrios. J'étais légèrement sous le choc après cette révélation, mais ma colère s'est accentué.

Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier ChasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant