Chapitre 27

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Une nouvelle fois, je me suis retrouvé collé à la déesse pendant qu'elle nous élevait dans les airs pour le chemin du retour. J'avais toujours le bout de papier que m'avait donné Apollon dans la main, les mots de la prophétie se répétant en boucle dans ma tête sans que je ne puisse penser à autre chose. Certaines phrases m'avaient marquées, notamment celle faisant référence à un seigneur du feu, je me demandais de qui il pouvait bien s'agir. Ma première pensée était évidemment dirigée vers Apollon lui-même en tant que dieu du soleil, mais cette description aurait aussi pu convenir à Héphaïstos, le père de Cassiopée, lui aussi lié au feu. Et si ils étaient déjà deux à pouvoir prétendre à ce titre, la liste devait être plus longue que ce que je pouvais imaginer.

Une autre phrase m'inquiétait, et contrairement à ce que l'on pourrait croire il ne s'agissait pas du dernier vers, celui qui affirmait la mort de deux vieux ennemis. Je n'en avais pas, du moins pas à ma connaissance, donc je partais du principe que cette partie de la prophétie ne parlait pas de moi. Non, ce qui m'inquiétait c'était que mon pire ennemi ne serait pas la mort mais l'Amour, et il n'était pas difficile de comprendre ce que ça voulait dire. Malgré mes sentiments pour Marie toujours présent, je ne pouvais pas nier que j'avais ressenti une certaine attirance pour au moins deux chasseresses dans le camp en seulement quelques jours. Quand j'y repensais je me sentais à la fois honteux et mauvais, passer aussi vite à autre chose et surtout être attiré par deux personnes en même temps ne se faisait pas, j'en étais bien conscient.

- Je te l'ai déjà dit, est intervenu Artémis et me coupant dans ma réflexion, les pensées en tant que telles ne sont jamais mauvaises. Il faut simplement ne pas passer à l'acte.

J'ai rougit, la déesse avait encore une fois suivi tout mon raisonnement et elle était désormais au courant de ce que je pouvais ressentir. J'aurai pu être gêné mais son intervention a provoqué un déclic, quelque chose n'allait pas.

- Maîtresse, jusqu'à que vous me l'ayez dit je pensais que détourner les yeux suffisait à cacher mes pensées, mais désormais je suis bien conscient que ce n'est pas le cas. Quand vous m'avez demandé de vous raconter les détails de ce qu'il m'était arrivé à votre retour au camp, j'ai détourné les yeux pour que vous ne sachiez pas que j'avais l'intention de manger un minotaure, mais vous aviez deviné n'est-ce pas ?

- Effectivement, je l'ai su. Je n'ai rien dit car comme je l'ai admis, je voulais te pousser à le faire pour aller dans le sens de la prophétie de mon frère. Tu ne pourras jamais rien me cacher, je connaîtrai toujours tes moindres pensées lorsque tu seras avec moi, et je m'en excuse par avance. Cependant, comme pour toutes les autres chasseresses, tes pensées seront bien gardées avec moi. Je suis une confidente pour nombre d'entre elles lorsqu'elles n'arrivent pas à parler de certaines choses avec leurs consœurs. Et c'est pourquoi je te le répète une nouvelle fois, tu peux avoir les pensées que tu veux. Les pensées n'engagent à rien et permettent d'adoucir la réalité grâce aux rêves, il faut simplement faire la distinction entre rêve et action. 

J'avais bien compris son message, ce n'était pas très difficile. Elle ne m'en voulait pas de ressentir une certaine attirance pour ses chasseresses, tant que je ne rompais pas mon serment il n'y avait rien de grave. Je sentais également qu'elle essayait de me rassurer quant à mon malaise vis à vis de Marie mais ça ne m'aidait pas vraiment à me sentir mieux. Tout comme il m'était difficile d'envisager que je n'étais pas fait pour quelque chose, ma perception des convenances liées à l'amour venait se heurter à ce que je ressentais à cet instant. J'avais toujours eu du mal à parler de ça, les sentiments étaient quelque chose d'un peu tabou chez moi mais le fait que la déesse puisse comprendre mes pensées et essaie de me réconforter me faisait du bien.

Baissant les yeux pour observer l'océan, le tatouage que je portais désormais sur le torse a attiré mon regard. D'après Apollon la malédiction continuait d'agir dans mon corps, pour pouvoir la dominer je devrai à nouveau subir cette douleur qui avait faillit me tuer jusqu'à la dominer. Le simple souvenir de l'horreur que j'avais vécue a suffit à réveiller une douleur fantôme, j'ai commencé à paniquer en ne sentant plus mon bras droit. Ma respiration s'est affolée, désormais saccadée, mon corps tout entier s'est mis à trembler. La main de la déesse s'est posée sur ma nuque et a exercé une fois de plus une pression pour me forcer à appuyer ma tête dans le creux de son cou. Son parfum ne m'a pas tout de suite apaisé, je respirais normalement à nouveau mais mes tremblements sont restés incontrôlables pendant plusieurs longues minutes.

Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier ChasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant