Chapitre 32

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J'étais entouré de cadavres, du sang partout autour de moi. Des corps de monstres familiers ainsi que certains que je n'avais jamais vu et dont je n'aurai pu soupçonner l'existence jonchaient le sol, accompagné par endroits des restes de quelques loups géants. Des armes et des morceaux d'armures étaient éparpillés un peu partout, et j'ai aperçu un peu plus loin un petit regroupement de monstre formant un cercle. Un chien des enfers est passé à côté de moi sans se presser pour les rejoindre, comme s'il ne m'avait pas vu. Serrant plus fort la lance dorée que je tenais dans la main droite je me suis dirigé vers l'endroit du rassemblement, j'avais à peine fait quelque pas quand le minotaure qui me tournait le dos s'est effondré, une épée plantée dans son crâne.

Par l'ouverture qui venait de se créer après la chute du monstre j'ai pu apercevoir Alicia, ses cheveux collés sur son visage par le sang et la sueur. Nos regards se sont croisés pendant que je continuais d'avancer vers elle, dans ses yeux j'ai pu voir une haine profonde et des envies de meurtre. Je ne comprenais pas, pourquoi la lieutenante pourrait-elle autant m'en vouloir ? Mes souvenirs étaient encore trop flous, sans que je ne m'en rende compte j'avais levé mon bras gauche, dirigeant ma paume vers la chasseresse isolée. Un grand éclair d'un noir profond en est sorti, perforant un monstre du cercle avant de se diriger vers la chasseresse qui aurait subi le même sort si une lumière éblouissante n'avait pas jaillit du ciel à cet instant pour arrêter mon tir.

Troublé par mon propre geste, j'ai tenté de m'expliquer mais aucun son ne sortait de ma bouche. Je n'arrivais pas non plus à contrôler mon corps comme je le souhaitais, et j'ai alors compris que je rêvais une fois de plus. Là où se trouvait Alicia une seconde plus tôt, il y avait désormais une jeune fille brune d'une vingtaine d'années, possédant des yeux verts et un arc plus blanc que la neige. Artémis se tenait face à moi, arborant une expression effrayante que je ne lui avais jamais vu auparavant. Si j'avais été maître de ce corps j'aurai sûrement pris la fuite, mais l'homme que j'étais ne semblait pas craindre le courroux de la déesse.

- Tu as commis une erreur en t'attaquant à elle avant qu'elle ne t'ait défiée, m'a lancé Artémis d'un ton plein de rage. Tu vas maintenant devoir en payer le prix, mon frère est en route.

- Que peux donc bien faire ton frère avec ses misérables flammes contre moi ? ai-je rétorqué, fier et plein d'orgueil. Tu as perdu déesse, les lois divines n'ont aucun pouvoir sur moi, je t'anéantirai en même temps que la poignée de jeunes filles encore en vie.

Lâchant ma lance pour la laisser tomber lourdement au sol, j'ai levé les deux mains face à Artémis. M'attendant à voir deux rayons noirs en sortir, j'ai été surpris de voir que celui qui jaillissait de ma main droite était aussi blanc que l'arc de la déesse. Une explosion a retenti au moment où mes traits faisaient mouche, créant un cratère de deux mètres de diamètre à l'endroit où elle se trouvait avec Alicia une seconde plus tôt. Savourant ma victoire, me délectant de l'extermination de cette déesse qui m'empoisonnait la vie ainsi que de ses chasseresses, j'ai été brutalement ramené à la réalité par une boule de feu m'atteignant en pleine figure.

Dans le ciel se tenait Apollon, portant une armure intégralement dorée et incrustée de pierres rouges. Si sa simple présence avait faillit me carboniser lors de notre première rencontre, recevoir de plein fouet ses flammes ne me faisait pas un grand effet ici. Au contraire, je me suis senti comme revigoré, une vague d'énergie se déversant dans mon corps. Je me suis senti sourire, des éclairs blancs et noirs apparaissant autour de mon corps et s'entremêlant, l'herbe autour de moi a viré au noir puis s'est réduite en cendre. J'étais en train de faire ressortir toute la chaleur que j'avais en moi, prêt à immoler le dieu du Soleil et ses pathétiques flammes dans un brasier digne de ma puissance...

Je me suis réveillé en sursaut, me redressant d'un coup brusque et recevant mes cheveux trempés en pleine figure. Après une rapide examination, je me suis rendu compte que j'étais torse nu dans un lit que je n'ai eu aucun mal à reconnaître, surtout en voyant l'espace que j'avais autour de moi. Je me réveillais une fois de plus dans la tente d'Alicia, mais je craignais que cette fois elle regrette de m'y avoir fait dormir. Son matelas et ses draps étaient trempés par la sueur, je transpirais de grosses gouttes qui ruisselaient sur mon visage et mon torse pour venir s'écraser sur le tissu blanc. Mais le pire n'était pas là, je ne l'ai vu qu'en me relevant pour m'asseoir au bord du lit : à l'endroit où se trouvait mon torse, les draps avaient noirci comme s'ils avaient commencé à brûler.

Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier ChasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant