Chapitre 14

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Lorsque je suis sorti de ma rêverie et que je me suis retourné pour partir en direction de l'entrepôt, j'ai vu Aria assise un peu plus loin qui me regardait avec un air étrange, presque accusateur. J'ai feint l'innocence, sachant pertinemment ce qui me valait ce regard.

- Me regardes pas comme ça, lui ai-je dit, j'ai rien fait de mal.

En guise de réponse elle s'est déplacée jusqu'à moi et m'a mordillé la cuisse, je n'ai pas compris exactement ce que ça voulait dire mais le fond du message était clair. Je me suis demandé combien de temps il me faudrait pour pouvoir interpréter tous les signes qu'elle me lancerait afin de pouvoir la comprendre entièrement, et ainsi d'établir une véritable complicité entre nous. Je regardais ma louve droit dans les yeux, m'attendant presque à ce qu'il se passe quelque chose d'étrange qui changerait ma perception du monde, mais elle a rompu notre échange pour se diriger vers l'intérieur du camp en trottinant. 

Je l'ai suivie sans rien dire, me posant des questions sur les rapports entre chasseresses et loups et sur la meilleure façon de tisser des liens avec son partenaire. Aria m'a finalement guidé jusqu'à la déesse qui m'attendait depuis un certain temps sans montrer aucun signe d'agacement ou d'impatience. En m'approchant un peu plus, j'ai vu qu'elle tenait dans sa main droite un sac en toile assez long et dans sa main gauche un autre sac, celui-ci plus large et arrondi, épousant les formes de l'objet à l'intérieur.

- C'est pour toi, me dit-elle en me tendant les deux sacs. Ouvre les.

J'ai commencé par m'emparer du deuxième, me doutant déjà de ce qu'il contenait. J'en ai sorti un bouclier en bronze assez simple, plus large que mon torse, possédant deux lanières de cuir et une poignée dans le creux intérieur pour en faciliter la prise. Je n'avais aucune idée de son poids mis à part qu'il était quand même assez lourd, et que sans ma condition de chasseur avec ma force augmentée il aurait été impossible pour moi d'envisager de combattre en le portant. J'ai posé le bouclier à mes pieds pour garder mes deux mains libres et j'ai pris avec le plus grand soin le deuxième sac que la déesse tenait toujours. J'ai plongé la main à l'intérieur et elle s'est refermée sur la poignée caractéristique d'une épée que j'ai sortie tout doucement. 

D'un point de vue esthétique cette arme était très belle, elle possédait une garde ouvragée avec des scènes de combats gravées, et en la sortant de son fourreau j'ai découvert une lame d'environ quatre-vingt centimètres qui se terminait par une pointe un peu ronde et aplatie. C'était une arme de taille. Pour les novices qui ne connaissent pas forcément le vocabulaire lié aux épées, une arme de taille possède une pointe arrondie et une lame tranchante afin de permettre de découper les ennemis en morceaux, au contraire d'une arme d'estoc qui possède une pointe acérée dans le but de les transpercer. Mes yeux se sont attardés quelques secondes sur la garde où une inscription semblait avoir été gravée, mais cette partie était trop endommagée pour qu'elle soit lisible. 

Cette épée devait avoir été forgée bien avant ma naissance et le temps avait fait son œuvre. Contrairement au bouclier qui n'était qu'un simple bouclier, je sentais quelque chose émaner de cette épée depuis que je l'avais prise en main. C'était comme un souffle d'air chaud qui se déversait dans ma paume et qui se propageait le long de mon corps, jusqu'à investir chaque parcelle de mes muscles, me remplissant d'une force nouvelle que je reconnaissais comme étrangère.

- Cette lame est à toi désormais, m'a dit Artémis. Son premier propriétaire était un héros puissant, bien que l'Histoire ait décidé de ne pas se souvenir de son nom. Il était de loin le meilleur guerrier de son époque. Cette épée l'a suivi et l'a servi pendant de nombreuses batailles sans jamais le trahir, jusqu'au point où la réputation de la lame dépasse celle de son utilisateur.

Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier ChasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant