Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier Chasseur

Chapitre 22

Le minotaure est tombé, marquant la fin de la bataille. Des dizaines de cadavres jonchaient le sol de la forêt, des mares de sang s'étaient formées à plusieurs endroits éparpillés dans la clairière, il devenait presque impossible de se déplacer sans marcher dans le fluide vital d'un monstre ou d'un loup. Ayant perdu l'intention d'utiliser l'épée, celle-ci avait retrouvé un poids normal avant que je sois obligé de la laisser tomber. Je l'ai rengainé, coupant le lien avec la vague d'énergie qui alimentait mon corps et la fatigue m'est tombée dessus, violente mais pas assez pour que je tombe à terre. Luttant pour reprendre mon souffle, j'ai lentement parcouru la distance qui me séparait de la pauvre chasseresse qui était tombée par ma faute. Arrivant devant-elle, j'ai reconnu la fille qui se trouvait juste devant moi dans la colonne et avec qui j'avais un peu parlé ces deux derniers jours, sans même lui demander son nom. Le coup de hache l'avait presque coupée en deux, l'arme s'enfonçant dans sa clavicule et descendant en diagonale jusqu'à son nombril. Elle était morte sur le coup, sans même avoir le temps de crier mais je ne pouvais qu'imaginer la terreur qu'elle avait ressentie, seule et sans défense face à ce terrible monstre. Il avait eu l'intelligence de cibler la plus faible du groupe et d'attendre qu'elle soit assez isolée pour pouvoir l'abattre, faisant de lui le plus malin de son espèce jusqu'à maintenant. 

Mon corps entier tremblait sans que je ne puisse le contrôler. Mon esprit n'arrivait plus à aligner deux pensées correctes, je n'étais que colère, honte et frustration. J'avais failli à la tâche que l'on m'avait confié parce que j'étais trop faible pour la remplir, trop faible pour prétendre être un protecteur et trop arrogant pour demander de l'aide au moment où j'en avais le plus besoin. Ma nature profonde se révélait, malgré tous mes beaux discours sur le fait que je pouvais être qui je voulais, le véritable moi finissait toujours pas refaire surface avec ses défauts. Je n'étais pas parfait, je n'étais pas un héros et j'étais encore moins le rempart des chasseresses. Je n'étais qu'un imbécile bouffi d'orgueil, et je n'arrivais pas à me retirer cette pensée de la tête, ces mots résonnant en boucle dans mon esprit. J'aurai pu continuer à me rabaisser encore longtemps si une main n'était pas venue se poser sur mon épaule.

Une fois de plus c'était Diane qui essayait de m'aider, une expression à la fois triste et compatissante sur le visage. Elle n'a rien dit, aucun mot n'était nécessaire à cet instant et aucun n'était assez fort pour exprimer les sentiments que je lisais dans ses yeux. Comprenant ce que je pensais et me forçant à me mettre face à elle, elle a posé sa main sur ma joue et y a écrasé une larme qui m'avait échappé. Malgré le sang qui maculait toujours mes vêtements et mon visage, elle m'a attiré contre elle puis a passé ses bras autour de mes hanches en signe de réconfort. Elle dégageait une chaleur familière, différente de celle de Cassiopée et qui me rappelait quelque chose que je croyais connaître sans pouvoir vraiment l'identifier. Son étreinte a fait fondre ma colère, apaisant légèrement mon esprit mais la honte et la frustration étaient toujours là. Je ne pouvais pas ignorer que la chasse avait perdu un membre à cause moi. 

- Ne fais pas de bêtises... m'a soufflé Diane au creux de l'oreille.

Sa remarque m'a fait tressaillir, elle avait croisé ses mains dans mon dos au niveau de mon sac et je me suis demandé si elle se doutait de quelque chose. Mais c'était impossible, personne ne pouvait être au courant car je prenais bien garde de ne jamais y penser lorsque je croisais le regard d'une chasseresse.

- Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, lui ai-je répondu d'une voix tremblante. Tout ira bien.

- Ce n'est pas ta faute, cette attaque n'était pas comme celles auxquelles j'ai déjà été confrontée. C'est déjà un miracle qu'une seule chasseresse ne soit tombée compte tenu du nombre de monstres ayant réussi à passer les premières lignes, félicite toi plutôt d'avoir sauvée les autres.