Chapitre 48

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Le retour jusqu'au camp s'est déroulé sans encombres ni rencontres, je me contentais de longer la plage afin d'observer l'océan le plus longtemps possible. Malgré tous les traumatismes liés à l'eau, elle m'attirait irrémédiablement depuis la proposition d'entraînement de Poséidon. L'image de Cassiopée a surgit dans mon esprit sans prévenir, détournant mon attention de l'écume blanche venant s'écraser à mes pieds. Je me sentais mal à l'aise, ma relation avec la chasseresse avait toujours été plutôt bonne, elle était même devenue ma formatrice attitrée, et voilà que l'on avait failli se battre pour un stupide morceau de viande. Je redoutais non seulement la conversation que nous allions avoir, mais également le fait de me retrouver seul avec elle, bien que conscient qu'Aria serait à mes côtés au cas où.

Perdu dans mes pensées, j'aurai pu continuer à marcher sur les galets pendant des heures si ma louve ne m'avait pas mordillé gentiment la cuisse pour me faire signe que le camp était à proximité. Gravissant les dunes qui masquaient le paysage, j'ai effectivement pu voir les premières tentes se dresser dans une plaine en contrebas. Un simple coup d'oeil m'a suffit pour comprendre que leur disposition avait changé, perdant la linéarité de la constellation du sagittaire pour prendre la forme un peu plus anarchique de celle du capricorne. La bataille de la journée marquait donc la fin et le début d'une nouvelle étape dans notre voyage, et le signe que nous allions rester dans la région pendant plusieurs jours.

Sans Aria pour me guider au travers du dédale de tente, je n'aurai jamais été capable de retrouver celle de Cassiopée. Je l'ai suivie sans rien dire, évitant le regard des chasseresses sur la route, jusqu'à ce qu'elle s'arrête devant l'une des habitations en toile grise. Je me suis campé devant l'entrée fermée, ne sachant pas vraiment quoi faire, et tentant de repousser l'inévitable. Je n'avais aucune peine à m'élancer au devant d'une armée de monstres sanguinaires, mais cette future conversation me paralysait sans que je ne veuille admettre pourquoi.

- Que me veux-tu ? m'a interrogé une voix derrière moi, me surprenant et me coupant dans mes pensées.

Je me suis retourné aussitôt, apercevant Cassiopée avec ses sourcils froncés et ses yeux rougis. Avait-elle pleuré, ou était-ce lié à sa colère qui l'empêchait de contrôler le feu dans son corps ? D'après ce que ses yeux exprimaient, il semblait plus probable que la deuxième solution soit la bonne. Elle s'était sûrement éloignée pour extérioriser sa fureur sur quelque chose, ce qui expliquerait pourquoi Aria m'avait emmené jusqu'à sa tente et non pas directement à elle.

- Je tenais simplement à te parler, lui ai-je répondu. Je crois que... Enfin... Je n'ai pas compris ta réaction tout à l'heure. Tout va bien ?

Regardant brièvement autour d'elle, et voyant qu'il n'y avait personne, elle a ouvert sa tente avant de me faire signe de rentrer. Sans dire un mot, j'ai compris qu'il s'agissait plus d'un ordre que d'une invitation. Me rappelant les paroles d'Alicia qui disait que quelque chose n'allait pas, je me suis exécuté sans discuter, Aria rentrant derrière moi avant que Cassiopée ne la suive en fermant derrière elle. Je suis resté debout au milieu de la pièce, perdant tous mes moyens, avant de prendre maladroitement la parole.

- Alors... ai-je commencé.

J'ai été interrompu par un brusque direct du droit venant percuter mon nez, laissant jaillir une fontaine de sang. Aria n'a pas bougé d'un poil pendant que je reculais d'un pas sous la violence du choc, voyant un deuxième coup arriver. Miraculeusement, malgré ma vision troublée, j'ai réussi à l'intercepter d'une main, l'autre essayant de stopper les flots d'hémoglobine qui s'écoulaient de mes narines.

Ça, a-t-elle rugit, c'est pour avoir osé penser que tu pourrais te battre contre moi pour récupérer un stupide monstre !

Kyrios avait donc vu juste. Sans en être conscient, j'avais vraiment été prêt à dégainer pour défendre mon repas et Cassiopée l'avait senti elle aussi. Du sang ruisselait désormais sur mon menton, venant s'écraser goutte par goutte sur le sol de la tente, mais je n'osais pas utiliser ma deuxième main pour calmer l'hémorragie. Un autre coup pouvait arriver à tout moment.

Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier ChasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant