Disciples D'Artémis Livre 1 : Le Premier Chasseur

Chapitre 7

Je survolais une grande prairie qui aurait été un coin de paradis si la scène que j'avais sous les yeux avait été différente. Je savais que ce n'était qu'un rêve, si j'avais pu voler dans la vraie vie je peux affirmer qu'une poutre ne me serait jamais tombée dessus. Dans cette prairie se faisaient face deux armées aussi bruyantes que différentes. D'un côté, il y avait des créatures horribles, certaines que je connaissais pour les avoir étudiées et d'autres qui ne ressemblaient tellement à rien qu'il m'aurait été impossible de les imaginer si je ne les avais pas eu devant moi. La grande majorité de ces créatures portait une armure et celles qui ne se déplaçaient pas à quatre pattes avaient en plus des haches de guerres tellement grande que j'aurai eu du mal rien que pour les soulever. Ceux qui n'avaient pas la possibilité de porter une arme n'avaient rien à envier aux autres, il suffisait de voir la taille de leurs crocs ou de leurs griffes pour s'en rendre compte. J'ai même vu une sorte de gros serpent cracher un flot de liquide pâteux et verdâtre sur le sol et l'herbe s'est mise à fumer. Du poison. 

L'armée d'en face était bien moins monstrueuse : un groupe de jeunes filles avec des arcs, assistées par des loups en armure. Ce n'était pas difficile de deviner qu'il s'agissait des chasseresses, mais la grosse différence que je notais se trouvait dans leur nombre. Vu du ciel, je pouvais estimer environ deux cents archères et deux fois plus de loups adultes, le camp que j'habitais désormais n'était pas assez grand pour loger autant de monde. Des sons de corne ont résonné du côté des monstres et ces derniers se sont élancées vers les chasseresses, qui restaient à leur position à l'entrée d'une forêt. Plusieurs archères se campaient sur des branches en hauteur et armaient déjà leurs arcs. Une fois les monstres assez proche, une première salve de flèches est partie, faisant chuter une bonne dizaine de créatures et blessant plusieurs dizaines d'autres. Leur charge n'a pas été interrompue pour autant, les lignes arrières avançant en piétinant les corps de leurs camarades à terre. Une deuxième salve est partie puis ce sont les loups qui se sont élancés afin de contenir l'arrivée des monstres. 

La bataille entre les bêtes était violente. J'ai vu un loup deux fois plus gros que celui d'Alicia sauter à la gorge d'une créature à moitié homme et à moitié taureau, un minotaure, enfonçant ses crocs dans les défauts de l'armure pour lui déchiqueter ce point fragile. La gueule pleine de sang, il s'est retourné pour affronter deux autres ennemis avant d'être abattu par un puissant coup de hache dans le flanc porté par un géant de trois mètres avec un œil, un cyclope. L'herbe verte a rapidement viré au rouge, des mares de sang se formaient aux endroits où des membres des deux camps étaient tombés. Les chasseresses tiraient flèches sur flèches, les loups se montraient bien plus rapide et agiles que les monstres, mais ces derniers avaient l'avantage du nombre et il était conséquent. Plusieurs créatures ont réussi à passer le barrage des loups et se sont jetés sur les chasseresses, l'une d'entre elles a disparu sous une forme noire de la taille d'un ours avant que la bête ne se fasse cribler de flèche, mais le mal était fait. 

J'ai voulu m'approcher pour observer le visage de la défunte mais il n'y avait plus de visage, seulement une masse rouge difforme et une griffe démesurée était resté coincée au niveau de son épaule. Cette vision qui m'aurait donné la nausée en temps normal m'a étrangement donné envie d'éclater d'un rire tonitruant. Les chasseresses étaient désavantagées face au flot de monstres intarissable qui arrivait sur elles. C'est alors qu'une dizaine d'archères ont lâchés leur arc pour attraper une épée et ont sauté sur leur loup pour foncer dans la mêlée. Je ne sais pas ce qui m'a le plus choqué, le fait que des archères d'élites décident de partir au corps à corps ou bien la taille de leur monture. Ces loups étaient aussi gros que des rhinocéros, bien plus gros que celui que j'avais vu au début de la bataille, bien plus grand que tout ce que j'aurais pu imaginer. Je sentais qu'il y avait quelque chose d'anormal avec eux. Je n'ai pas eu le loisir de m'attarder sur leur taille car les loups ont sauté dans la mêlée et le bain de sang a repris de plus belle.