L'Art de Mentir ✔

Chapitre 4

Nous avions rejoint Théo finalement, il nous avait raconté qu'il faisait...je ne sais même plus quelle pièce d'ailleurs, n'ayant absolument pas écouté ce qu'il racontait.

Une seule couleur occupait mes pensées.

Deux yeux bleus comme le ciel, des cheveux bruns comme l'ébène.

La couleur d'un seul regard.

Une étrange couleur rouge s'était immiscée dans mes pensées, un rouge sang, vif, couleur du cœur et de la passion.

Ce même rouge que pompait mon cœur au fils des secondes et des minutes.

Le même qui coulait dans mes veines.

Mon cœur battait anormalement vite, ma respiration affolée, mes membres tremblant.

C'était comme si un éclair m'avait foudroyé.

≈≈≈

La seconde sonnerie avait retenti, nous indiquant ainsi le début de notre deuxième heure. J'étais revenu comme un grand à ma place au fond de la salle, accompagné d'Alexy et Maxime, bientôt rejoint par le reste du groupe.

Mais je n'ai pas ouvert la bouche depuis. Je n'ai prononcé mot ni parole.

Tout semblait si fade, pâle, mort.

Tout semblait si banal, normal, blanc.

Les conversations tournaient, toujours les mêmes sujets incessant.

Je voulais m'échapper et revenir dans cet étrange cocon que cette douce couleur m'avait apporté.

Un regard, un sourire.

J'avais tourné la tête, ne sachant quoi chercher, puis mes yeux se posèrent d'eux-même sur une longue chevelure brune.

Deux yeux bleus, de fines lèvres rosées, un nez fin, une intensité sans pareil dans le regard, cette rassurante gentillesse...

Puis elle releva la tête, croisant mon regard.

Je souriais depuis tout à l'heure.

Et elle répondit, un mince sourire s'étirant sur ses si belles lèvres.

Elle avait arrêté de parler un bref instant, comme bloquée, avant de reprendre le débat dans lequel elle devait être.

« Alors Will', t'en penses quoi ? Me demanda une voix féminine. »

Puis doucement, cette couleur rouge s'estompa, comme fondu à la flamme de la bougie, je semblais respirer de nouveau et revenir dans le monde des vivants.

« Quoi, Élodie ? Répondis-je agacé, presqu'agressif. »

Elle semblait blessée dans sa personne, ses yeux restés bloqués sur moi, bouche-bée.

« Pardon ? Répéta-t-elle, vérifiant qu'elle avait bien entendu. »

Je secouai la tête, me rendant compte du ton que j'avais employé.

« Désolé... Marmonnai-je, gêné, me grattant l'arrière de la nuque. Je... Je me suis déconnecté. Tu disais ?

- Je te demandais si tu voulais qu'on commence à répéter ensemble nos textes...

- Ah. Euh... Oui ! Oui bien sûr ! C'est pour ça qu'on est là non ? »

Un sourire illumina son visage, alors que son amie, Célia, frappa dans ses mains, impatiente.

« Allez c'est parti ! S'exclama-t-elle joyeuse, sautillant sur place, déjà debout. »

Tout le monde se leva avec plus ou moins d'en train, moi le dernier.