Chapitre 8

90 22 16
                                    

Les mains dans les poches, marchant à ma hauteur, Maxime semblait réfléchir, cherchant avec soin les mots qu'ils voulaient employer.

Et il commença.

« Tu connais l'histoire je suppose... Soupira-t-il. Je l'ai draguée, du moins j'ai essayé, pendant plusieurs mois.

- Oh que oui je m'en souviens... Je ne t'ai jamais vu te prendre de râteaux aussi violents d'ailleurs. Ricanai-je.

- Ça, je préfère le garder pour moi. Maugréa-t-il. Bref, tout ça pour dire...qu'elle était anormalement froide à chacune de mes avances.

- C'est normal ça, Maxime, quand tu fais chier le monde il te fait chier en retour.

- Tu aurais vu ses yeux...ça m'a ôté toutes envies de continuer...

- Et en quoi c'est censé m'intéresser ? Demandai-je, essayant de paraître détacher de la situation.

- Tu t'intéresses à elle, non ? »

Il prit mon silence pour affirmation, ricanant légèrement.

« Tu as toujours été un bon menteur, je me demande pourquoi tu n'as jamais réussi à garder ton calme quand tes sentiments prennent le dessus... Tu devrais être habitué au stress à force. »

Je déglutis difficilement, les yeux écarquillés, m'empêchant d'arrêter mes pas.

« C'est drôle. Je veux dire, personne n'a jamais remarqué ton changement de comportement durant ta sixième... Que tes yeux recommençaient à bouger quand tu nous parlais, que tu commençais à être honnête. C'est idiot en faite... Comment un menteur pourrait-être honnête ? »

Il enfourna ses mains dans ses poches, marchant toujours aussi nonchalamment.

« Alors, dis-moi tout.

- Je ne suis pas un menteur. Marmonnai-je, furieux. Je ne suis pas un menteur et je te le prouverais.

- Mais oui, c'est ça. Tu joues le rôle d'un menteur, un jour ou l'autre quelqu'un d'autre s'en rendra compte. Je voulais juste savoir, tous ces mensonges...sont-ils...conscients ?

- Bi... Bordel, mais qu'est-ce que tu racontes ? Soufflai-je. »

On l'a échappé belle...

Bien sûr ! Pour qui est-ce que tu me prends ? Allais-je dire...

L'apocalypse venait de me passer sous le nez...

« Tu sais, pour avoir vu mon père mentir à ma mère pendant quinze ans, crois-moi que je sais quand tu hésites et t'emmêles dans tes propres conneries...

- Les mensonges ne sont pas des conneries, c'est la vérité qui en est une. La réalité de la vie l'est bien plus que les pauvres mensonges des jeunes enfants...

- Tu parles comme un drogué... Ricana-t-il. Serais-tu...accro ?

- Pour être accro il faut déjà y avoir touché. Je ne mens pas.

- Alors je compte sur toi. »

J'arquai un sourcil, sans vraiment comprendre.

« Hein ? Pourquoi ? »

Nous étions arrivés au bus, Maxime monta en premier, suivi de près par moi.

Il salua poliment la conductrice, moi sur ses talons, faisant de même.

Nous nous assîmes au fond du car, Maxime au centre, moi à sa droite.

« Je compte sur toi... Répéta-t-il pour lui même.

- Mais pourquoi ?! Exprime-toi merde ! M'énervai-je. »

Il tourna la tête, les bras croisés, un sourire en coin.

« Prouve-moi...que tu n'es pas un menteur, et alors, seulement à ce moment-là... »

Il regarda devant lui, reposant sa tête sur le dossier du fauteuil.

« Je pourrais te croire... »

≈≈≈

L'Art de Mentir ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant