Chapitre 39

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« Ça commence à bien faire ! Ça fait une semaine qu'il ne répond pas aux messages et que Jane me dit qu'il va mal ! Faut qu'il arrête de se faire désirer ce type !

— Maxime calme-toi ! Il a une vie à ce que je sache ! »

Les voix d'Alexy et Maxime retentissaient dans les escaliers, un coup sanguine, un coup bleutée. Mais ce n'était pas le sanguin aggressif de d'habitude comme ce n'était pas le bleu apaisé du quotidien.

Un bleu électrifié par le stresse et l'inquiétude.

Et un rouge agité, pourpre.

Le rouge tambourina à la porte tandis que le bleu protestait, disant de laisser William tranquille.

Ah, mais c'est moi William.

« Ouvre bordel je déconne pas ! »

Je ne savais pas trop pourquoi mais mes pieds portèrent mon corps jusqu'à la porte en bois et mes doigts tournèrent la clé d'eux-mêmes, sans que je ne leur ordonne, habités d'une pensée propre.

« Mais regarde ! S'époumonna Maxime. C'est un légume maintenant ! »

Je fixai Maxime les yeux dans les yeux, ma bouche sèche prononçant de sa voix rauque quelques mots :

« Maxime s'inquiète pour moi. Étonnant. »

Ce qui avait voulu être une remarque sarcastique n'avait été qu'une phrase monotone. Maxime se tut et écarquilla les yeux, se disant peut-être que sa comparaison à un légume n'était pas si irréaliste que ça, finalement.

« William ? »

Maxime qui m'appelait par mon nom pour la deuxième fois en moins d'un mois, un exploit.

« Les autres troisièmes ont installé un filet de volley pas loin du terrain vague, on comptait faire un match mais on sait que t'aimes bien. Donc on s'est dit que ça pourrait te faire sortir.

— Y aura Lise ? Articulai-je faiblement. »

Maxime hésita quelques instants. Une pensée lui traversa l'esprit, je ne saurai probablement jamais laquelle mais en cet instant, je n'y avais pas fait attention.

« Oui. »

J'allais dire que je n'allais pas y aller mais la brusque pensée que je me cherchais des excuses s'insinua dans ma tête.

« D'accord... Marmonnai-je simplement alors qu'il me tirait le bras. »

Alexy n'avait fait qu'écouter notre échange, simple spectateur de la pièce qui venait de se jouer devant ses yeux. Lui aussi devait être agité de pensées que je ne pouvais entendre.

Tout le monde était ainsi, habité par des tourments dont l'origine pouvait en être inconnue.

Aujourd'hui c'était mon cas : William n'avait pas qu'un chagrin d'amour. Ce qui le tourmentait, c'était ces cauchemars qui venaient constamment la nuit. Ils lui paraissaient familiers mais n'y faisait pas particulièrement attention.

Tiré par un Maxime inquiet, je sortis de ma chambre le pas traînant.

≈≈≈

Le moment où mon corps avait atteint le terrain vague, mes yeux endormis eurent affaire à une explosion de couleurs. Des voix de toutes teintes piaillaient sans arrêt. Le bruit du ballon, plus faible, changeait de couleur à chaque coup.

Le terrain vague animé n'avait rien à voir avec celui qui m'avait accompagné la nuit où j'avais compris le lien qu'unissait Lise et Erika. J'avais souvenir d'un silence pesant entrecoupé par les respirations hachées de celle qui avait peur de me perdre.

L'Art de Mentir ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant