Quelqu'un toqua à la porte.
« William ? Appela timidement Jane. On mange. »
Je restai étendu sur mon lit, le regard toujours fixé sur le plafond.
« J'arrive... Marmonnai-je, absent. »
Je sentis Jane hésiter puis tourner les talons et descendre les escaliers pour rejoindre papa et maman.
Elle allait mieux ces temps-ci, alors le sentiment rancunier envers ces enfoirés partait de plus en plus.
Puis, après ce qu'avait dit Lise, l'envie était passée en quelque sorte...
J'avais l'impression d'être un pauvre gosse immature et ça me tournait dans la tête depuis que j'avais quitté cet immeuble dans lequel je me sentais bien, mine de rien.
Je détestais cette sensation d'insuffisance, comme si je n'étais pas assez.
Comme si la vérité faisait lentement surface après être restée au fond de l'océan durant tant d'années.
Pendant tout ce temps, ma personnalité avait été construite à partir de rôles et de masques tous plus différents les uns que les autres.
Où était mon véritable moi ?
J'ai toujours pensé savoir qui j'étais car j'étais toujours parti du principe que je ne pouvais pas "ne pas être moi" en restant dans ce corps dans lequel vivait une âme.
Comment pouvais-je être quelqu'un d'autre que moi en agissant avec mon propre corps et ma propre conscience ?
C'était barbant.
Silencieux...
Je me relevai de mon lit en m'adossant contre le mur.
William...qu'est-ce que j'ai fait de toi ?
Qu'ai-je fait du William qui n'était rien d'autre qu'une coquille vide ?
Ai-je un jour existé en étant rempli ?
Ai-je un jour souri pour de vrai ?
En y pensant, je ne sais plus à quand remonte la dernière fois que j'ai souri sincèrement...
Je ne sais même pas si ce jour a un jour existé, en fait.
J'ai toujours été un bocal que l'on remplissait de sentiments de constitution, qui analysait le monde extérieur pour ressembler aux autres bocaux et qui ne faisait que se voir lui-même comme un bocal alors qu'en réalité, il venait de perdre le bouchon retenant tous ces sentiments qui avaient construits son identité depuis toujours.
Parfois, quand je pense à ce toujours, je sens un incroyablement sentiment de noirceur et de vide emplir ma poitrine, un peu comme si l'air était fait de rien et que plus je respirais l'oxygène de la pièce, plus il se faisait rare pour ne me faire aspirer que de la matière noire, de l'inexistence...
Des souvenirs.
J'aspire des souvenirs, les oublie, puis...plus rien.
Ce sentiment étranger m'a toujours poursuivi sans vraiment que j'en ai conscience, j'ai toujours eu l'impression de vivre dans ce monde de pantin sans jamais savoir où était ma place.
J'ai toujours eu cette sensation de m'être fait arracher de force à un sentiment chaleureux et heureux qu'on appelait honnêteté pour plonger dans l'eau glaciale du mensonge.
Car après tout, pouvons-nous mentir sans connaître la vérité ?
≈≈≈
Je descendis les escaliers, le regard toujours aussi vide.
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L'Art de Mentir ✔
Teen FictionLise possède plusieurs masques qu'elle revête au fur et à mesure des rôles qu'elle joue. Elle possède un talent jusque-là inégalé pour la comédie. Pouvant sortir de son personnage à tout instant, redevenant la fille joyeuse qu'elle a toujours été. L...