Chapitre 13

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Alexy me jeta un regard perplexe.

« Euh...mec, ça va ? Demanda-t-il en fronçant les sourcils.

— Ouais pourquoi ? »

Toujours nier l'évidence. Toujours avoir l'air normal comme si chacun de nos coups étaient calculés, que rien ne sortait de notre contrôle. Toujours être normal aux yeux des autres. On pensera à être soi plus tard. Pour l'instant, mes instincts de survie venaient tout juste d'être mis en marche. Se renfermer dans sa coquille, avoir l'air normal.

Je suis normal putain. Tout va bien. Je contrôle la situation.

L'incident ne dura qu'une poignée de secondes qui parurent être une éternité de mon point de vue. Chaque élève reprit sa place, la prof demanda à un autre de continuer de lire la scène suivante et j'essayais de me faire oublier pour le reste de l'heure, agissant comme à mon habitude comme si tout était normal.

La sonnerie retentit, me libérant de ce calvaire et de cette pression qui avait étreigné mon cœur.

Réaction surdimensionnée ? Sûrement. Je ne voulais pas qu'on me prenne pour un menteur. Je ne voulais pas qu'on me prenne pour ce que j'étais.

Je voulais qu'on me considère comme ce que j'aurais voulu être.

À cette pensée, mes sens se mirent en alerte, comme si tout le monde pouvait l'entendre et que je n'étais plus à l'abri nul part.

J'ai l'impression de devenir parano.

Heureusement, pour cette fois Alexy cherchait quelqu'un du regard et n'avait pas remarqué mon trouble. Seulement, nous étions bien plus proche que je ne l'aurais voulu des personnes concernées. Alexy avait enfin trouvé Théo et Maxime, ce dernier me fixant d'un air qui en disait long.

Qui en disait trop.

≈≈≈

Alors que nous étions – ou plutôt, nous en m'enlevant de l'équation, donc ils – en train d'animer un débat sur un sujet dont j'ignorais la teneur, je reçus un message.

Je sortis mon téléphone, fronçai les sourcils lorsque le destinataire m'apparut à l'écran.

“J'ai quelque chose d'important à te dire. Retrouve-moi à mon casier.”

“Sérieusement ? Tu peux pas me le dire par téléphone ?”

Cette conversation m'agaçait déjà.

“Non, s'il te plaît Will'... J'ai besoin d'en parler en face à face.”

Cette fois-ci, une sensation désagréable prit place dans mon estomac. J'avais peur de ce qu'elle pourrait m'avouer, elle pourtant si discrète d'habitude.

« Désolé les gars, je vais devoir vous laisser. Dis-je pour seule explication, ne sachant même pas si je venais de les couper en plein discours. »

J'étais comme aveugle, mon champ de vision restreint, et sourd à toutes protestations ou remarques déplacées.

Je marchais, paraissant aussi assuré que je l'étais d'habitude alors que mon cerveau avait été réduit à l'état d'ivrogne. C'était un miracle que j'arrive encore à marcher droit.

Je traversai la cours d'un pas vif, me retenant de courir comme un dératé.

Ne jamais attirer l'attention sur soi. Règle numéro 1 de tout bon menteur, même affolé.

Une fois arrivé au casier, je remarquai qu'elle était seule, ses cheveux châtains clairs cascadant dans son dos, son sac sur une épaule.

« Alors ? L'interrogeai-je, cachant mon inquiétude grandissante. »

L'Art de Mentir ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant