Chapitre 11

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Je relis les mots qui s'affichaient maintenant sur le petit écran de mon smartphone bon marché.

Qu'est-ce qui m'avait pris ?!

Cette exclamation m'avait rapidement traversée l'esprit, noyée par toutes les autres : Où est passée Jane ? Maman ? Papa ? Pourquoi est-ce qu'il n'y a personne ? Est-ce que je m'inquiète pour rien ? Est-ce que Jane n'a pas eu un cours de déplacé ? Papa a peut-être été retenu... Et maman ? Des heures supplémentaires ? Je ne suis jamais attentif à ce genre de choses, ça ne peut être que ça.

J'espère que ce n'est que ça.

Bizarrement, je ne me serais pas alarmé plus que ça face à la situation si elle s'était déroulée normalement.

Mais je ne sais pas...j'avais un mauvais pressentiment... Quelque chose était arrivé. Il y avait un problème. Un détail m'avait échappé.

Mais quoi ?

Cela faisait déjà quelques jours que je sentais qu'une sorte d'aura sombre planait au-dessus de ma tête... Je n'y faisais pas vraiment attention, mais aujourd'hui... Aujourd'hui je la sentais bien plus que je ne l'avais jamais ressentie. Elle était plus proche...un choc. Il y avait eu un choc.

Je relevai la tête, une couleur en tête. Du noir. Il faisait incroyablement noir dans ma tête. Le choc était noir. D'un noir profond, brumeux...

Le téléphone sonna, me sortant brutalement de mes pensées. Je descendis les escaliers en catastrophe et l'arracha de son socle pour le porter à mon oreille.

Faites que ce soit maman ou papa... Même Jane... Faites que ce soit un d'eux trois...

« Allô ? Soufflai-je, paniqué.

— Oui ? M. Valtais ? »

J'acquiesçai frénétiquement de la tête avant de me rendre compte que mon interlocuteur ne pouvait pas me voir.

« Euh...non. C'est son fils. William.

— Peux-tu me passer un de tes deux parents, William ? »

Il a la voix grave, cassée mais pourtant chaleureuse... C'est étrange. Je me retrouve enveloppé d'une douce couleur verte, tout autour de moi, dans mon esprit, mes barrières sont peintes de cette couleur.

« E-excusez-moi euh... Il n'est pas là aujourd'hui. Je suis la seule personne présente dans cette maison.

— Alors tu leur feras passé le message que Jane Valtais est retenue dans mon bureau pour demain.

— Bien sûr mais... Qu'est-ce qu'elle a fait ? »

Le directeur du collège. Comment ai-je fait pour ne pas reconnaître sa voix ? C'est le directeur du collège. De mon collège ainsi que celui de Jane par la même occasion.

À cette pensée, mes jambes commencent à trembler.

Fait chier...

« Je suis navré, William. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en toi mais c'est une information qui ne peut être communiquée qu'aux responsables de l'enfant en question.

— D'accord. Je comprends.

— Quelqu'un rappellera dans la soirée.

— Je les tiendrai au courant. Merci beaucoup. »

Je raccrochai, soupirant de soulagement. Si Jane n'était pas là, c'était parce qu'elle avait fait une connerie et qu'elle avait dû rester dans le bureau du principal. Elle a sûrement dû rater le bus de 16h 30 et les parents vont sûrement aller la chercher là-bas.

Tout s'expliquait...

J'envoyai un message à mon père afin d'avoir confirmation, je reçus une réponse quelques minutes plus tard, m'informant que Jane avait participé à une bagarre contre une autre fille du collège et que les deux filles avaient été sévèrement sanctionnées. Je n'arrivais pas à être en colère contre Jane en vu du soulagement engendré par cette nouvelle. Il n'y avait pas eu d'accidents de voitures ou autres choses mortelles. Il n'y avait rien eu. Rien de grave.

Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'être étonné par cette fameuse "connerie" qu'avait commis ma sœur.

C'était la première fois qu'elle ne respectait pas le règlement.

≈≈≈

L'Art de Mentir ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant