Chapitre 15 : Des yeux remplis d'étoiles.

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Quand je me réveillais, une désagréable impression de vide se répandit dans mon corps. Je m'attendais à trouver Andris avec moi, couché au milieu des couvertures d'animaux. Comme à son habitude, il aurait été réveillé avant moi, et m'aurait observé jusqu'à ce que mes paupières s'ouvrent. Ensuite, il les aurait embrassées, avant de porter délicatement ses lèvres sur les miennes.

Il me manquait. Terriblement.

Quelques fois, il m'arrivait de le revoir dans mes rêves. Il était dans un endroit inconnu, avec moi. On se souriait. Il me murmurait une énième fois qu'il m'aimait. Je retrouvais du bonheur seulement quand mes paupières se fermaient. Alors que je souffrais que les siennes se soient fermées à jamais.

Cependant, il ne m'était pas encore arrivé de rêver de notre passé si intensément. C'était étrange. C'était comme si notre vie, depuis notre rencontre, devait défiler. Pourquoi j'avais rêvé des deux premiers jours où j'avais fait sa connaissance ? Toute cette nostalgie me faisait revivre des moments de bonheurs laissés avec lui, et en même temps, me tuait en sachant que plus jamais je ne pourrais les revivre.

Je me levais, l'esprit encore marqué par mes rêves. Je marchais doucement jusqu'au petit feu, où Amine se réchauffait déjà, vêtu seulement d'un sous-vêtement et d'un pull qu'avait rapiécé Mariam. Il fallait reconnaître qu'elle faisait du bon boulot. Je lui avais même dit la veille. Elle m'avait juste souri, avant de reprendre son travail, qui l'occupait depuis une bonne semaine.

Les jours ici s'enchaînaient plus rapidement depuis que j'étais avec mes nouveaux compagnons. Je partais la journée avec Amine, en quête de nourriture, de gibier coincé dans les pièges qu'il avait fabriqué et tuer quelques animaux si on en croisait. J'avais eu seulement deux renards polaires jusqu'à présent.

Mariam restait dans l'abri et s'occupait du bois, tout en recousant les vêtements. Je pensais surtout qu'elle se sentait effrayée par l'extérieur après les durs mois qu'elle avait déjà dû y vivre. Je la comprenais. La nature hostile était impitoyable. Elle ne laissait aucune chance.

Les soirs, souvent, Amine essayait de m'apprendre de nouveaux mots et expressions à partir du langage des signes et de dessins. Souvent, il rigolait pendant des heures alors que Mariam me reprenait sur ma prononciation. Et je riais encore plus, et arrivais encore moins à parler correctement.

J'avais compté. Trois semaines que ces inconnus étaient avec moi. Où Amine et moi partions des heures pourtant chaque jour explorer des étendues désertes où jamais nous n'avions croisé un seul être humain. Des journées à errer dans la poudreuse fine, les forêts infinies et sous les cieux azur comme les pupilles de mon coéquipier, qui brillaient d'une étrange lueur en découvrant tous ces paysages sublimes dans lesquels nous déambulions. Surpris par la grâce d'une nature impardonnable, la sauvagerie d'une chouette des neiges qui traversait le ciel ou les mystérieux hurlements de loups qui nous provenaient de loin.

Je me rapprochais encore plus des flammes. J'étais assez près d'Amine pour voir ces dernières refléter dans ses pupilles. Dès lors que je fus à ses côtés, le jeune homme détourna complètement le regard de Mariam pour me fixer avec bienveillance.

Mariam dormait énormément, alors qu'elle restait ici toute la journée. Mais son corps frêle me laissait deviner qu'elle avait un organisme plus fragile. Elle avait probablement enduré des mois, ou des années d'errance en Alaska, et son corps se trouvait forcément à bout.

Amine posa sa main contre mon épaule en remarquant que je fixais sa coéquipière.

— Mariam semble froide. Mais elle est touchée par ce que tu as fait pour nous, me confia-t-il.

Alaska.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant