Chapitre 27 : La signature du destin.

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— Non, Amine, redresse un peu plus ton arme. Oui comme ça. Vise la pomme de pin. Tire quand tu penses être prêt...

J'attendis quelques secondes avant qu'un coup de feu retentisse. Et que la pomme de pin reste intacte sur le petit tronc où je l'avais posée une cinquantaine de mètres plus loin. Je pinçais les lèvres, et Amine déclara tout haut ce que je n'osais pas dire :

— Je sais, j'ai encore manqué la cible. Mais ça va venir, je m'en approche.

— Heureusement d'ailleurs. La première fois, j'ai failli recevoir la cartouche dans le pied.

Je récoltai un sourire circonspect, puis une boule de neige en plein visage. J'éclatai de rire, le visage frigorifié mais le cœur brulant. Visiblement Amine visait mieux avec une boule de neige qu'un fusil de chasse.

— C'était un accident, ajouta Amine, rigolant à moitié lui aussi. Mais je m'améliore quand même.

— Oui, c'est vrai que maintenant je ne crains plus trop pour ma vie, ajoutai-je.

Je me récoltai une deuxième boule de neige. Amine avait fini par s'asseoir dans la neige tant il riait et se pliait le ventre. Cela faisait du bien de rire suite aux derniers événements. J'avançais dans la poudreuse qui étouffait mes pas, pour me tenir debout à côté du beau maghrébin qui rigolait encore. Je lui tendais ma main, et je le vis hésiter.

— Tu ne veux pas que l'on fasse une pause ? Tu es un peu rabat-joie sur les bords Laszlo, on commençait juste à rire et à s'amuser, rechigna-t-il.

— Allez, on rigolera à nouveau quand tu auras touché cette foutue pomme de pin.

Amine souffla à nouveau. C'était rare que l'homme qui bénéficiait toujours de la meilleure bonne humeur au monde et plein d'entrain refuse ce que je lui proposais. Enfin ça, c'était avant qu'une idée ne germe dans mon esprit.

— Si tu touches la pomme de pin, tu auras ce que tu voudras, minaudai-je.

J'attirai deux prunelles claires et intriguées sur moi. Un sourire prit naissance sur les lèvres d'Amine parce qu'il avait compris mon petit jeu.

— Tu es sérieux ?

— Oui, tu choisiras.

Il prit le temps de chercher quelques secondes avant de se mordre la lèvre doucement et m'observer avec malice.

— Je sais ce que je veux. Bon on s'y remet ?


Cette fois, je me plaçais derrière Amine, et ajustai sa position du mieux que je pouvais. Il était trop tendu pour quelqu'un qui portait une arme, ce qui expliquait qu'il manquait souvent sa cible.

— Détends-toi, tu te concentres juste sur ta cible.

— Mais c'est toi qui me déconcentre, râla-t-il.

— Ok très bien, je peux te laisser tout seul si tu veux.

Amine tourna une tête exaspérée vers moi tout en levant les sourcils. En vérité, c'était lui qui m'avait demandé le matin même de lui apprendre à tirer. J'en étais ravi au début, dans le sens que cela me rassurait qu'il sache se défendre un minimum contre les dangers de l'Alaska avec une arme.

— Tu ne dois faire qu'un avec ton arme. C'est le prolongement de ton bras, continuai-je.

En fait, je me rendais compte que je répétai les mêmes consignes que celles qui m'avaient été bassinées des mois durant mon service militaire. Sauf que si j'avais développé en quelques séances une aisance particulière au tir, je devais avouer que ce n'était pas le cas forcément d'Amine. 

Alaska.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant