Chapitre 18 : Le son de la mort.

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Je me réveillais les membres engourdis, les cendres de mon petit feu veillant prudemment sur moi. Alors que mon estomac se mettait à gargouiller, je m'étirais en baillant. 

J'attendis de longues minutes avant de trouver la force et le courage de bouger. J'avais bien dormi, même contre le sol gelé de la toundra d'Alaska. J'avais préalablement déposé des branches de pins, qui isolaient un peu du sol, même si les aiguilles s'enfonçaient dans ma peau au travers de mes épaisses couches de vêtements. Ça ne blessait pas mais ça grattait, mais bon, c'était faire ce choix pour ne pas avoir trop froid.

Je me mis en route cependant, décidant que je récupérerais mon gîte ce soir. Je n'aurais qu'à explorer un peu aujourd'hui, à la recherche d'un peu de nourriture, pour varier un peu de la viande de caribou que je mangeais depuis plusieurs semaines au cabanon et du lièvre ainsi que du renard des neiges. Avec un peu de chance, je trouverais peut-être quelques conserves envoyées des soldats d'URSS depuis leurs hovercrafts.



Ce n'était qu'au bout de plusieurs heures vers le sud que je trouvais enfin un objet inhabituel dans la poudreuse. J'armais mon fusil, à l'affût du moindre danger en m'approchant de ce qui se dressait au loin devant moi. 

J'avais d'abord cru à un bâtiment, mais je m'étais trompé : ils étaient rares dans la région. Quasiment aucune habitation ou ancien commerce, encore moins un village ou une ville ne semblaient avoir été édifiés dans ce coin perdu d'Alaska. Mais vus les températures et le milieu, je comprenais que même avant personne n'ait voulu y vivre.

Mais plus j'approchais, plus une déception mélangée à la curiosité prenait place : non, ce n'était pas un bâtiment, mais un hélicoptère. La neige recouvrait le dessus de l'imposant appareil, dont une pale était cassée. Au fond, elles auraient pu être en état et les clés se trouver sur le contact, j'aurais eu plus de chances de me tuer en essayant pour la première fois de piloter un engin tel quel pour m'enfuir qu'en restant bloqué ici.


Je portais mon fusil prudemment devant moi en poussant la porte en ferraille de l'appareil. Il ne semblait pas s'être crashé, mais juste abandonné depuis la Catastrophe, comme l'appelaient tous les nord-américains dès lors que leur pays avait été bombardé par l'aviation russe. Cela avait marqué le début de la guerre dans le reste du monde, enfin de multiples guerres, unanimement remportées par les russes. Hormis celle de l'Amérique du Sud, qui malgré une armée peu conséquente, avait su rallier ensemble tous les pays qui la composait et négocier avec intelligence une solution de paix. Sur la douzaine d'années qui avait suivie, la solution marchait. Mais je doutais fortement de son efficacité sur le long terme. Mais croire en un El Dorado de paix faisait toujours rêver des millions de gens non ?


Je grimpais à l'intérieur de l'habitacle qui grinçait à cause du vent qui s'engouffrait par la porte et les vitres avant brisées. Je découvrais du bazar ordinaire qui jonchait le sol : un vieux casque, un bout de tissu taché, des kits de premiers secours. J'en prenais un dans mon sac à dos, me disant que cela pouvait être toujours utile. 

J'avançais dans les divers débris de métal et d'objets en tout genre au sol. Je finis même par découvrir quatre boîtes de conserve encore intactes. Un bruit métallique me fit soudainement sursauter, je me retournai d'un coup l'œil face au viseur de mon fusil. Mon cœur battait frénétiquement dans mon torse alors que mon doigt tremblait sur la gâchette. 

Cette sensation, ce mélange de crainte secouée par l'adrénaline me ramenait une décennie plus tôt, quand nous attendions impatiemment avant de lancer l'assaut.

Alaska.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant