Chapitre 38 : Les soupçons.

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Je marchais jusqu'à l'entrepôt. Deux femmes qui se trouvaient à l'entrée me dévisagèrent un instant, alors je leur demandais où se trouvais Amine. L'une d'elle me pointa du doigt le fonds du grand hangar.

Je restais toutefois étonné face à cet endroit demeuré intact. La Russie avait beau avoir bombardé le pays afin d'obtenir une zone vidée de toute population humaine, c'était étonnant que certains bâtiments aient pu rester intacts auprès des ruines alentours.

Je marchais le long des différentes allées, contenant des cartons indiquant toutes sortes de nourritures en conserve, des fruits à coque, ou des pommes de terre. Tout ce qui pouvait se conserver relativement longtemps. Amine m'avait dit que l'on y trouvait de tout ici, même des bouteilles d'alcool fort, mais elles étaient soigneusement gardées. Il ne savait pas exactement en quelles circonstances certains en consommaient.


Je trouvais Amine à l'endroit indiqué, il rangeait des cartons en haut d'une étagère. Quand il me vit, un sourire embellit son visage autrefois préoccupé par la tâche à accomplir, et il s'avança vers moi.

—     Je suis surpris de te voir ici Laszlo ! s'exclama-t-il d'abord, joyeusement.

Il m'embrassa doucement, avec de se retirer et me fixer durement, ses longs cils amplifiant le ton accusateur de son regard bleu azur.

—     Il se passe quelque chose ? Tekhla t'a encore posé pleins de questions indiscrètes ? me demanda-t-il.

—     Oui, mais ce n'est pas ça.

Je regardais quelques secondes autour de nous, afin de vérifier que personne ne nous écoutait. C'était peut-être stupide, mais j'avais l'impression de détenir une information trop sensible.

—     Il faut que l'on parle, chuchotai-je. C'est à propos de cet endroit...

—     Je sais que tu ne l'aimes pas Laszlo, mais on n'a pas une infinité de solutions non plus. On est en sécurité ici.

—     Justement, je ne sais pas si on est vraiment en sécurité. Ecoute-moi juste, mais pas ici.

Amine me trouva peut-être convainquant, ou bien il me faisait énormément confiance. Toujours était-il qu'il abandonna son poste, pour me suivre à l'extérieur.





Désormais, même dans la cour, je me méfiais de tout, n'importe quelle personne, n'importe quel détail, comme si en analysant tout, je trouvais enfin une explication à ce mot étrange. Amine me suivait, mais avec légèreté. Lui, rien ne semblait le préoccuper dans cet endroit. Justement, à cet instant, je sentis ses doigts attraper ma main.

—     Laszlo, tu es sûr que tout va bien ? Tu sembles incroyablement nerveux, c'est bizarre.

—     Crois-moi Amine, il se passe quelque chose ici.

Amine ne répondit rien de plus, j'avais l'impression qu'il commençait à être perdu lui aussi. Jamais il n'avait dû me voir autant stressé à propos d'une situation. Je pris un de mes vieux fusils dans la réserve, avant de me poster devant la grille d'entrée. Le garde semblait réticent à nous laisser sortir, puisqu'il n'ouvrit pas le passage d'emblée.

—     On sort se promener, on en a pour une petite heure, précisai-je.

—     Pourquoi faire ? Cela ne sert à rien de chasser, on a assez de nourriture pour la fin de la saison froide.

—     On va juste marcher tous les deux. On le faisait aussi avant que l'on débarque dans cet endroit. On a quand même le droit de sortir non ? C'est une prison dans une prison ici ou quoi ?

Alaska.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant