Chapitre 37 : Rien n'est ce que tu penses.

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Sur un rempart, je guettais ce qui se passait à l'extérieur comme à l'intérieur du camp, avant que quelqu'un ne m'appelle pour me signifier que Tekhla me voulait dans son bureau.

Il ne se passait pas grand-chose à vrai dire, et je m'ennuyais forcément. Au moins, il faisait beaucoup moins froid. Les températures étaient rarement négatives en journée maintenant. Parfois, les rayons du soleil venaient nous chauffer doucement le dos alors que l'on surveillait ce qui se passait dans la Nouvelle Alaska.

Deux semaines que j'étais ici, et Amine me répétait continuellement d'arrêter d'être aussi méfiant. C'était plus fort que moi, je le savais bien. J'avais intégré l'équipe des gardes, je passais mon temps à surveiller un endroit où il ne se passait rien. J'avais une fois demandé à un autre garde s'il y avait souvent des gens qui venaient ici, il ne m'avait rien répondu. En même temps, si le peu de membres qu'ils avaient, ils les capturaient comme ils avaient fait pour Amine et moi, je comprenais que le sujet était plutôt sensible. A la limite, je pensais aux venues d'ours polaires, mais je n'en vis pas un. Puis aux ours bruns, parce que peut-être qu'ils sortaient d'hibernation. Mais c'était la même chose : le désert complet.

Rarement, les autres organisaient des expéditions de chasse auxquelles je participais, mais les autres gardes semblaient découvrir cela pour la première fois. Ils étaient de bons tireurs, mais n'excellaient pas du tout en chasse. Même Amine était plus discret lorsqu'il m'avait accompagné les premières fois pour chasser du gibier. Je ne savais pas comment ils se débrouillaient avant, ou bien ils étaient les chasseurs les plus chanceux de la région.





J'avais souvent vu Tekhla. Elle m'accordait une attention toute particulière dont je me lasserais bien. Elle m'avait montré le garde-manger, étonnamment plein. Même en pillant, je ne savais pas comment ils avaient fait. A moins qu'il y ait un supermarché abandonné non loin. A chaque fois, j'arrivais à trouver des détails qui m'interpellaient, j'en devenais un véritable paranoïaque. Pourquoi je ne laissais pas le bénéfice du doute à Tekhla ? Je ne savais pas.

En revanche, elle était un bon leader. Tout le monde l'écoutait au doigt et à l'œil. Plus je la fréquentais, plus j'en découvrais les caractéristiques d'un chef presque militaire. Elle veillait à ce qu'il n'y ait aucun débordement ici. Tout était rationné, préparé, calculé, c'était tout bonnement impressionnant.

Et en même temps, elle montrait une capacité d'écoute étrange. Elle me demandait souvent dans son bureau, essentiellement les matins, comme aujourd'hui. Elle me questionnait toujours sur ma survie ici, seul avec Amine. J'avais été réticent au début de lui donner détails, mais j'avais vu qu'elle ne lâcherait pas l'affaire. Elle faisait de même avec mon passé militaire. Elle semblait vouloir tout connaître. Je finissais par lui donner quelques informations, avec un éternel ton froid. Je n'aimais pas faire part de ma vie.

—     Pourquoi tu avais sauvé Amine ? me demanda-t-elle ce matin.

—     Je n'avais pas été capable de le tuer. Je l'avais juste blessé.

—     Tu avais été attiré par lui ? C'était pour ça ?

—     Je ne sais pas, peut-être pas au début. Je ne savais pas comment évoluerait notre relation par la suite. Pourquoi tu veux le savoir ?

Tekhla baissa le regard en souriant. Merde, si elle essayait encore de me faire des avances comme au premier jour, j'allais m'énerver. Il y avait quoi de difficile à comprendre dans le fait que je ne pouvais pas être attiré par une femme ?

—     Cela m'intrigue. Vous êtes tellement proches aujourd'hui, répondit-elle.

—     Comme n'importe quel couple.

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