Chapitre 3 : Le péché dans l'église.

813 111 26
                                    

Quand je me réveillais, je sentais tout. Le froid qui m'avait emparé, la chaleur qui essayait de le détrôner. La colère qui me contrôlait, et la sérénité qui tentait de me calmer.

Je me frottais les paupières, avant de me redresser difficilement, les membres engourdis. Je caressais doucement la petite couverture polaire posée sur mon corps nu en découvrant ce qui m'entourait. J'étais sur un lit de bois, surplombé de plusieurs couvertures épaisses. Je soupirais en réalisant que ce n'était que ma chambre.

J'étais chez moi. Mais pas à ma place.

« Tu n'as aucune place dans cette société Laszlo. »

Aurais-je préférais mourir au milieu de la neige ? Je ne crois pas.

Je m'étais juré que je ne mourrais pas sans avoir vengé mon père. Je n'avais pas eu cette occasion en perdant la guerre, mais je savais qu'un jour, je trouverais.

Un jour, je le vengerais. Je lui montrerais que je détestais ce monde qui me l'avait arraché trop tôt.



Le matelas qui s'affaissa me fit tourner vers mon sauveur.

– Pourquoi tu ne m'as pas laisser crever ?

– J'aurais pu... J'y ai pensé, répondit Ibolya amèrement. Tu m'as menti pendant des années.

– J'ai menti à tout le monde, même à moi.

Ibolya m'attrapa d'une main sous le menton, m'obligeant à lui faire face. Et c'était pire que tout ce que j'avais pu imaginer. Cette petite femme, je n'avais pas éprouvé le grand amour pour elle. Mais je m'y étais attaché, c'était indéniable. Deux ans à me cacher dans ses bras ne pouvaient pas s'oublier en un instant.

Le regret me prit, de l'avoir brisée, elle. Qui innocemment croyait en moi, et encore plus aveuglement en nous.

– Tu sais Laszlo, le pire c'est de me dire que je t'ai aimé. Que je t'aime. Et que toi... Toi, tu ne m'embrassais pas avec la même passion que moi. Que tu me faisais l'amour sans m'aimer. Que tous mes « je t'aime » sonnaient comme une preuve d'amour tandis que les tiens n'étaient qu'un mensonge. Que je n'ai été qu'un objet, pour te cacher aux yeux du monde. Tu m'as trahie...

J'avais honte. Du mal que je répandais. D'un côté comme de l'autre. Elle ou moi, nous étions deux âmes meurtries par un mensonge qui m'avait tellement bouffé que la vérité devenait destructrice.


– On va faire quoi ? risquai-je de demander, mais cette question me torturait l'esprit.

Les yeux larmoyants d'Ibolya se perdirent un instant dans le vague, avant de se focaliser de nouveau sur moi. Voir son visage innocent, entouré par de jolies boucles blondes comme les petites filles, je ressentais la plus grande culpabilité de ma vie.

Je brisais son rêve et sa vie. L'admettre devait autant me meurtrir qu'elle.

– Tu le sais. Je ne peux pas continuer... Mais j'ai une question Laszlo. Pourquoi moi ? Pourquoi tu t'es caché derrière moi ?

– Tu sais comme moi que si à nos vingt cinq ans, on n'a rempli aucun papier de concubinage, l'URSS nous impose quelqu'un, après avoir fait des tests. Ces tests ne mentent pas, ils auraient découvert qui je suis vraiment, soupirai-je.

– Au moins ils auraient pu te guérir, souffla Ibolya.

– Mais ce n'est pas une maladie merde !

C'était ça un beau mensonge de l'URSS. L'homosexualité, elle en avait fait pour beaucoup de monde une maladie dangereuse. C'était faux, mais après tout, c'était une pensée de plus qu'avait le pouvoir de contrôler l'Etat.

Alaska.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant