Chapitre 24 : Le dernier espoir.

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Assis sur un tronc d'arbre à l'extérieur, je regardais la neige fine tomber autour de moi et sur mes épaules. Elle me recouvrait de son voile blanc comme si elle voulait camoufler tout mon côté sombre de meurtrier.

Je fixais l'horizon, l'esprit las et fatigué de revoir les images tourner en boucle dans ma tête. Tout me rappelait Mariam : le chalet vide, les vêtements rapiécés que je portais, le bleu azur du ciel que j'observais et qui demeurait comme le miroir de la surface du lac. Je la voyais encore marcher dessus, avant que le noir, le même que celui de la nuit, l'englobe totalement, la faisant disparaître parmi les étoiles.


Des pas étouffés dans la neige se firent entendre, et un pelage d'animal atterrit sur mon dos. Je ne répondis pas, ne bougeai pas non plus. Je demeurais immobile. Inutile. Comme le jour de la mort de Mariam.

—     Laszlo, entre. Tu vas être malade.

La neige tombait toujours. Elle allait recouvrir la fourrure à son tour. La neige effaçait tout en apparence, comme le temps. Mais au fond, le côté sombre et les souvenirs restaient toujours.

Une ombre se plaça devant moi, gênant ma contemplation de la nature blanche et désertique de l'Alaska. Je fronçais les sourcils, décalais ma tête, mais rien à faire, Amine restait planté devant moi. Je soufflais de désapprobation, dans l'espoir qu'il comprenne que je voulais être seul, comme depuis six jours environ.

—     Tu rentres Laszlo, m'ordonna Amine.

Je levais la tête vers lui pour défier ses prunelles azur. Ces putains de prunelles bleues. Ces joyaux qui brillaient intensément, avec des pupilles noires au milieu.

J'attendais quelques secondes en le fixant sans ciller. Il allait finir par abandonner, comme les autres jours, et attendrait que la nuit terrifiante tombe pour que je rentre, voulant fuir les démons que j'y avais amené.

Voyant mon refus de réaction, Amine attrapa le dessous de mon visage avec une de ses mains, me forçant à le regarder droit dans ses yeux sévères.

—     Laszlo, je l'ai perdue elle. Je ne veux pas te perdre toi. Tu rentres.

—     Je sais que tu l'as perdue. Je le sais. Et c'est de ma faute !

—     Arrête Laszlo ! Je te l'ai déjà dit, tu as fait tout ce que tu as pu !

—     Mais je ne l'ai pas sauvée ! J'ai échoué pour elle aussi !

Amine fronça les sourcils, conscient qu'énervé, je lui en avais déjà trop dit. J'en avais marre d'échouer lamentablement quand je voulais protéger les autres. La mort de Mariam alors que j'avais lutté contre me rappelait une que j'avais tout fait pour éviter, où j'avais toujours combattu le monde pour pas qu'elle n'arrive mais dont la vie avait quand même été arrachée : celle d'Andris.

Je n'arrivais pas à être autre chose qu'un meurtrier. Alors, je commençais à croire que la seule à attendre était que cette neige me recouvre, mais elle n'avait jamais le temps d'ici la nuit.


Amine commença à me soulever les épaules, mais je me débattis sèchement.

—     Lâche-moi !

—     Mais tu es un abruti Laszlo ! explosa Amine. Un putain d'abruti ! Tu es la seule personne qui me reste, tu le comprends ça ? La seule ! Alors ne m'abandonne pas ! Ça je ne te le pardonnerais pas !

—     Je ne t'abandonne pas !

—     Alors qu'est-ce que tu fais depuis six jours, planté dehors, à regarder la neige tomber ? Hein ?

Alaska.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant