Chapitre 17 : Un baiser dans l'hiver.

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Je me réveillais le lendemain avec cette impression d'une présence à proximité de moi. Sauf que pour une fois, ce n'étais pas mon imagination qui se l'inventait à de mon passé et mes rêves les plus intimes. C'était réel.

Je clignais plusieurs fois des yeux, quelque peu surpris. Pourtant, Amine était allongé face à moi, comme s'il était une symétrie opposée à ma silhouette. Ma tête arrivait au niveau de ses pectoraux, et de même, son visage faisait face à mon buste. Au plus près de son corps, j'entendais sa respiration calme qui lui soulevait délicatement la poitrine. Il était probablement tombé face à moi sur le coup de la fatigue.

Je souriais, n'osant pas bouger, de peur de le réveiller. Je fermais de nouveau les yeux, voulant profiter de la chaleur du corps à côté de moi pour me bercer.

Je fus de nouveau réveillé par un poing dans le visage. Je sursautai, surpris, et je découvris Amine autant étonné que moi, qui s'étirait à moitié.

— Désolé, je voulais faire attention à ne pas te réveiller, mais je t'ai donné un coup, s'excusa-t-il.

— Ce n'est pas grave.

Il se mit à sourire, et moi aussi. Mais surtout, le plus étrange fut cette attirance presque magnétique qui me poussait à baisser mes prunelles dans les siennes, son beau bleu azur rappelant l'aube de cette nouvelle journée.

On ne prononçait pas un mot, je ne savais réellement pourquoi lui profitait de ce silence. Si je me taisais, c'était pour admirer le visage à demi ensommeillé d'Amine de bon matin.

Mais ce calme fut brutalement brisé, par une voix furieuse qui résonna :

— Amine, que fais-tu à côté de lui ?

— Je m'étais assis près du feu hier soir. J'ai fini par m'endormir et tomber contre Laszlo.

Les prunelles sombres de Mariam me fusillaient. Pourquoi toute cette haine dès le matin ?

— Eloigne-toi de lui ! ordonna-t-elle soudainement.

— Mariam, pourquoi tu dis ça ?

— Eloigne-toi, maintenant !

— Mais je n'ai rien fait ! me défendis-je.

— C'est faux ! Tu as failli tuer Amine ! riposta-t-elle avec haine.

— Je l'ai soigné et je vous ai hébergé aussi. Sans moi, vous seriez probablement morts de froid dehors !

— C'est un piège ! Je sais que tu attends pour nous tuer à ton tour ! Je ne te fais pas confiance ! Tu as vingt ans de prison à faire, tu as forcément fait un crime assez grave !

— Alors pourquoi je ne vous ai pas déjà tué dans ce cas ?

— Je ne te fais pas confiance ! hurla-t-elle à nouveau.

La colère coulait à flot dans mes veines. A chaque reproche qu'il m'était fait, mon corps l'encaissait mais s'enveloppait de plus en plus dans un nuage de noirceur. La haine, elle faisait toujours aboutir à des actes ignobles.

Car la haine était uniquement un produit de la peur.

Mariam me détestait car elle avait peur de moi, car je n'étais qu'un inconnu instable à ses yeux. J'avais tué par colère des soldats russes, surtout par peur de mourir. Je voulais venger mon père par crainte de ne pas être digne de lui sinon. La société me haïssait car elle avait peur de moi, car je n'avais pas pu être contrôlé : un élément indépendant était le plus grand danger pour un groupe vivant sous une conformité aveuglante : en effet, il savait toujours penser seul et n'avait pas besoin d'écouter un autre parler et ordonner pour lui.

Alaska.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant