Chapitre 41 : La dernière vengeance d'un soldat.

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Le lendemain matin, je fus réveillé aux aurores par la vieille porte rouillée qui s'ouvrît avec lenteur. Je clignais des yeux, un peu dans les vapes. Je m'étonnais du fait que j'aie réussi à m'endormir, si peu confortablement installé. Je ne devais avoir que quatre ou cinq heures de sommeil, mais c'était largement suffisant pour le jour de sa mort, non ? Je pourrais dormir autant que je voudrais après.

La silhouette ferma la porte, et toujours dans ma demie-pénombre, je n'observais que des contours flous. Je me fiais alors au bruit de pas qui s'approchaient de moi. Puis une voix me parvint, je sus que c'était Sergei.

—    Tu es prêt Laszlo ?

—    Tu me demandes vraiment si je suis prêt à mourir ?

—    Tu ne mourras pas. Écoute-moi, fais-moi confiance et tout se passera bien.

Je n'avais pas d'autre choix en même temps. D'un côté, j'avais la certitude de mourir, exécuté par Tekhla. De l'autre, je ne mourrais peut-être pas. Cette nuance subtile constituait donc mon avenir.


Sergei me détacha les mains, qui tombèrent par automatisme. Je grimaçais, parce qu'elles demeuraient toutefois endolories.

—    Pas trop mal aux mains ? Tu pourras tirer quand même ? s'inquiéta-t-il toutefois.

—    Je pense. Je vais avoir une arme ?

—    Pas pour tout de suite. Mais après, je t'en ferais parvenir une. Pour l'instant, enfile tout ça.

La pièce n'était pas très éclairée, mais je devinais qu'il me donnait de nouveaux vêtements, uniformément noirs. Je comprenais qu'il resterait là, alors je me changeais du plus vite que je pouvais sous ses yeux.

Quelques minutes plus tard, alors que j'avais tout enfilé jusqu'à des bottines sombres aussi, j'attendais la suite. Sergei me tendit une grande cape qui descendait jusqu'à mes genoux. Elle possédait une large capuche qui me retombait sur le front si je la mettais.

—    Tekhla voulait te tuer dans cette cape. C'était pour la symbolique. On va utiliser cela contre elle. On va imposer nos symboles.

—    C'est-à-dire ?

—    Au moment voulu, il te faudra reconnaître tes ennemis et tes alliés.

—    Je ne sais même pas combien vous êtes de mon côté.

—    Plus que tu ne le penses, tenta de me rassurer Sergei tout en restant évasif.

—    Comment je vous reconnaîtrez alors ? Vous avez tous vos tenues de militaires.

—    Mes coéquipiers possèdent la même cape que toi. Ils la revêtiront en temps voulu.

—    En temps voulu ? répétai-je.

Sergei ne répondit pas, alors je devinai la suite :

—    Quand Tekhla me tuera.

—    Quand elle tentera de te tuer.

—    Qu'est-ce qui te fait croire qu'elle n'y arrivera pas ?

—    Et qu'est-ce qui te fait croire que je n'arriverais pas à te sauver ? demanda mon interlocuteur en reprenant mes mots.

Il y avait des choses. Parmi elles, le fait que Sergei n'ait pas tenté de m'exfiltrer depuis longtemps de ce camp, malgré la menace, et tout ce qu'il disait sur les risques que l'on me retrouvât.

—    L'évènement est filmé dans chaque coin du centre. C'est retransmis mondialement. Tekhla fera un discours. Ok ?

Je hochais simplement la tête. Je ne savais pas ce que des milliards de personnes trouveraient de jouissif à regarder un homme se faire tuer, mais soit. Sergei reprit :

Alaska.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant