# XIII. Un accident inattendu
Le lendemain est rapidement arrivé, pour mon plus grand malheur. Yann m'a peut-être laissé tranquille hier mais je crains qu'aujourd'hui, je vais devoir répondre à un tas de question sur moi. Un psy... Le dernier que j'ai vu se foutait de moi. Il ne s'est pas occupé de moi. Je suis arrivé dans son cabinet et il m'a directement fait une ordonnance pour obtenir ces médicaments. Dix minutes. Même pas. Ce n'est pas une visite médicale. De toute façon, je n'ai jamais aimé les médecins. Les malades et tout, ce n'est pas pour moi. Quand j'étais enfant et malade, mes parents m'emmenaient chez le médecin et les souvenirs que j'en garde ne sont pas joyeux. Je n'ai jamais accepté les médocs au goût dégueulasse qu'ils te donnent pour que, soi-disant, les enfants les préfèrent. J'ai vomi plus d'une fois après. Et puis, quand je refusais de les prendre, mes parents me forçaient, par tous les moyens possibles. Il ne fallait pas que je les embête. Ma seule présence les insupportait. Ce n'est pas pareil cette fois-ci, c'est un psy. Pas un médecin généraliste qui soigne un vilain petit rhume. Maintenant, quand je suis malade, je reste chez moi et prends de l'aspirine. C'est largement suffisant.
Il est presque onze heures et il ne devrait pas tarder. Je l'attends non sans une appréhension pour ce qu'il va se passer. J'ai confiance en mon meilleur ami. Il est obligé de rester avec moi pendant le rendez-vous. Je ne veux pas me retrouver seul face à deux yeux interrogateurs. Si je n'arrive pas à répondre, il s'en occupera. Je suis assis sur mon lit – bien fait pour une fois – face à la télévision que je n'allume que très rarement. Il n'y a jamais rien à regarder et puis, je n'ai pas le temps pour cette petite chose futile. Mais comme je dois attendre quelqu'un, je prends mon mal en patience. Cela m'empêche d'aller vider toutes mes boîtes de médicaments afin d'éviter ce rendez-vous. Mon esprit est focalisé là-dessus. Je n'ai quand même pas pu m'empêcher d'en prendre un ce matin. Il ne faut pas griller les étapes. Je sens que tout cela va être très long... On ne se détache pas facilement d'une addiction qui dure déjà depuis sept mois – surtout quand on ne pense pas à une possible guérison. Je n'y crois pas et rien ne me fera changer. J'ai peur de la vie sans eux... Elle redeviendra comme avant, tout ce que je veux éviter le plus possible. Rien que d'y penser, j'ai envie d'en reprendre un. Ma jambe droite tremble involontairement. Yann... Dépêche-toi... Je ne vais plus tenir longtemps.
Au bout de cinq minutes de pure souffrance, ma porte d'entrée s'ouvre. Je me lève immédiatement et alors qu'il se retourne pour fermer la porte, je le prends dans mes bras. Mon cœur se ralentit enfin... Il ne bouge plus et je cale mon front contre son épaule. Heureusement que je ne tomberai jamais amoureux de lui... Si jamais j'ai un copain, j'espère qu'il ne sera pas jaloux de lui. J'aime être tactile avec lui...
- Eh bien, tu as l'air d'aller mieux aujourd'hui. Je suis content pour toi.
- T'en as mis du temps...
- Oui je sais. Je me suis levé tard et disons que... qu'on m'a un peu retenu au lit ce matin...
- Oh, intéressant tout ça, dis-je en me reculant de lui.
- Ouais enfin... Ne t'imagine rien du plus, continue-t-il alors qu'on s'installe sur mon lit. On n'est pas allé jusqu'au bout.
- C'est pas important ça. Comment ça s'est passé ? Tu as réagi ?
- C'était bien...
- T'as pas l'air convaincu.
- Disons que pour elle, oui c'était bien. Enfin, je pense lui avoir fait plaisir. Mais au moment d'aller plus loin, j'ai bloqué, une nouvelle fois.
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La colère n'est pas rouge [boyxboy]
RomanceLa colère cache souvent la douleur. András est souvent en colère mais souffre, sans que personne ne puisse faire quoique ce soit pour lui.