# XXX. Qu'attends-tu de moi ?

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# XXX. Qu'attends-tu de moi ?

Il est dix-huit heures. Je suis allé chez Yann pour le voir. Je suis peut-être accro à ce mec en fait. En même temps, il n'a rien fait pour que je ne m'attache pas à lui. Je suis détendu. Plus en colère et c'est étonnant. J'ai toujours envie de tout envoyer valser. Mon passé n'a toujours pas totalement disparu. En fait, je sais qu'il ne disparaîtra jamais. Dès ma naissance, j'ai gâché la vie de mes parents. Et de quelqu'un d'autre aussi. C'était même pire que pour mes parents. Putain, si ça continue, je vais me mettre à chialer. J'aurais eu une vie tellement différente si ce n'était pas arrivé. Je ne peux pas me dire « ce n'est pas de ma faute, c'est la leur. ». J'ai gâché leur vie autant que la mienne. Je suis le seul responsable de tout. De ma séparation avec Maxime. De cette tension intenable avec mes parents. De ces crises qui pourrissent ma vie.

La sonnette retentit. Le voilà. Enfin, à moins que ce soit le livreur de pizza. Je suis assis sur le lit de mon meilleur ami, sur la mezzanine. J'entends tout ce qui se passe au rez-de-chaussée. Je ne sais pas si je vais descendre finalement. Je suis bien ici. Sur ce lit qui a dû connaître récemment quelques tumultes. Rien que de penser à Yann en train de coucher avec quelqu'un, j'ai envie de rire. Il doit être tellement mignon... Je n'ai tout de même pas envie d'imaginer mon meilleur ami baisant avec sa copine. Beurk. En parlant d'elle, je pensais qu'elle serait là.

Les premières paroles me parviennent. Je reconnais sa voix immédiatement. J'écoute attentivement, je ne veux pas en rater une miette.

- Bonjour, je suis Yann, entre vas-y.

- Mer-merci... bégaie-t-il.

- Je ne vais pas te manger, rit mon meilleur ami. Tu peux t'installer sur le canapé. Tu veux boire un truc ?

- Je... Un jus de pomme ?

- Je t'amène ça. Et petit, détends-toi.

Ça ne m'étonne pas qu'il soit stressé. Il est toujours angoissé. Yann ne va pas lui sauter dessus. Même moi je ne lui ai pas sauté dessus alors que j'en avais terriblement envie. Il est tellement... rien que d'y penser je pourrais bander. Je ne me reconnais pas. Je suis totalement perdu avec moi-même. C'est peut-être dans ces moment-là qu'on aimerait parler à nos parents, pour se confier... Ma mère était loin d'être aimable et surtout, ce n'était pas une bonne confidente. J'en ai fait les frais une fois. « Hey Maman, j'aime bien les garçons. ». Et une gifle. C'était que la première d'une longue série. Surtout quand mon très cher papa s'y est mis également. Qu'est-ce que je disais, ce n'est pas une bonne confidente. Tout ce que je lui ai dit, elle s'est empressée de le répéter à mon père.

- Tiens, ton jus.

- Merci...

- Bon, si tu es ici, c'est que tu es prêt à parler, non ?

- Je suis venu pour que tu transmettes un message à András...

- Lequel ?

- Je ne veux plus le voir. Je ne viendrais plus le déranger. Merci de m'avoir fait venir mais je... continue-t-il en reniflant, il pleure. Je ne peux pas...

- Eh, calme-toi, dit Yann pour le rassurer. Pourquoi du jour au lendemain, tu décides de ne plus le voir ?

- Je suis perdu... je croyais que je savais enfin qui j'étais mais depuis ce matin, je ne sais plus quoi penser. Mon père qualifie les homos de dégénérés... et moi, je suis là à côté de lui alors que j'aime un mec.

La colère n'est pas rouge [boyxboy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant