# XXXII. J'ai horreur de l'hôpital
Je suis retourné chez moi après avoir discuté quelques minutes avec Yann. Je n'ai rien à faire depuis que le bar a fermé. Je me fais chier, clairement. Enfin, ça a un peu changé. Hier je me plaignais de ne pouvoir trouver aucun mec pour la nuit mais aujourd'hui, je me dis que je vais devoir arrêter de coucher avec n'importe qui. Je sais me contenir mais connaissant mon copain actuel, ça va être difficile. J'espère seulement qu'il ne me fera pas attendre trop longtemps... même si je le comprends. Je ne vais pas le forcer pour assouvir mes besoins sexuels de jeune homme...
Je me retrouve donc seul face à cette télé qui me parle. Je me demande pourquoi j'ai acheté cette télé. Je ne l'allume que très rarement, quand je n'ai rien à faire. Comme maintenant. Pourquoi je lui ai tout avoué ? Pourquoi je lui ai dit que je voulais sortir avec lui ? Je suis en train de faire une connerie. Je le sais mais comme un con, j'ai dit oui. C'est trop tôt. Ça ne fait que sept mois. Lui a retrouvé rapidement quelqu'un mais moi je ne voulais pas. C'est de sa faute si je suis dans cet état et je lui en veux. J'essaie de me dire que Cal m'aidera peut-être mais je vais plutôt lui faire peur. Je ne suis pas celui qui l'aidera. Je ne suis pas celui qu'il croit.
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Hier soir, Cal m'a demandé pourquoi il y avait eu les flics et les pompiers devant le bar. Quand je repense à cette soirée, j'ai envie de me précipiter sur cette tête de con avant qu'il ne fasse du mal à un de mes amis. Pour le moment, l'agresseur attend son procès. Il n'a pas pu s'échapper. Je l'aurais coursé de toute façon. Il ne pouvait pas partir après ça. Heureusement, Marwan, le copain de Nath, a extrêmement bien réagi. Avec sang-froid, il s'est occupé de l'agresseur avant de porter rapidement secours à Nath. Il travaille en tant qu'agent de sécurité dans un magasin. C'est pas le job dont il rêve mais il a réussi à sauver celui qu'il aime grâce à ça. Selon les nouvelles qu'on a grâce à lui, Nathanaël n'est plus en danger de vie ce qui n'était clairement pas le cas quand il est sorti du bar. Son cœur n'a pas été touché même si ce n'est pas passé loin. Son poumon part contre est perforé. Il a été opéré. Une veine, je sais plus laquelle mais elle est reliée au cœur, a été sanctionnée. Deux jours après l'accident, il se remet doucement. Personne ne sait pendant combien de temps il va rester à l'hôpital. Je dois aller le voir aujourd'hui. J'ai horreur de l'hôpital.
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Après quelques minutes de transport en commun, j'arrive devant l'hôpital. J'aurais aimé ne jamais y retourner. J'entre, me présente à l'accueil et demande la chambre de Nath. Le numéro en tête, je m'engage dans les escaliers pour rejoindre cette chambre. Les couloirs sont interminables ici. Je croise un milliard de personnes. Des enfants. Des parents. Des jeunes. Heureusement que je ne suis pas allé dans le service d'urgence. Cet endroit est le plus horrible sur terre. Mes parents y travaillaient quand j'étais enfant.
J'arrive enfin devant la chambre 113. Marwan devrait être là également. Je toque pour faire savoir ma présence et entre. Il y a une porte à ma gauche, sûrement une salle de bain et plus loin, un lit sur la gauche également. J'avance lentement. Nath est allongé sur le lit, les yeux fermés, un masque pour respirer sur son visage. Son corps est relié à plusieurs machines et perfusions. L'une d'elle est particulièrement bruyante. Marwan reste à côté de lui, lui tenant la main droite. Il se lève remarquant ma présence. On se salue et il me dit :
- Merci d'être venu.
- C'est normal. Comment il va ?
- Un peu mieux. Il est extrêmement fatigué.
- C'est quoi ce masque ?
- Il est sous assistance respiratoire depuis qu'il est arrivé. Ils ont opéré son poumon mais il a encore du mal à respirer normalement. Il a du mal à bouger mais ça va mieux... répond-il.
- Et toi, comment tu vas ?
- C'est dur mais... il va s'en sortir, il est fort... dit-il, la larme à l'œil.
- András... entendis-je à côté de moi.
- Hey mon amour, ça va ? s'inquiète immédiatement Marwan en se précipitant vers lui.
- Ça va ouais... ça tire un peu... dit-il en se relevant.
- Ne bouge pas trop, c'est encore récent.
Je m'approche de lui, de l'autre côté de lui. Ça fait bizarre de le voir comme ça. Il est blanc avec d'immenses cernes. Son torse est légèrement recouvert d'une tunique d'hôpital. Un pansement recouvre une grande partie de sa poitrine. Il tourne sa tête vers moi et je le devine en train de sourire.
- T'es venu...
- Je te devais bien ça. Je suis content de voir que tu vas mieux, tu nous as inquiété.
- Ouais, désolé, rigole-t-il légèrement. T'as l'air d'aller bien dis donc. Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu ailles aussi bien ?
- Je... j'ai trouvé un copain, avoué-je.
- Ah ! s'exclame-t-il.
Il se met à tousser brutalement. Marwan s'inquiète immédiatement. Je me sens fautif. Sa toux se calme enfin. Il respire doucement. Je ne dois pas oublier qu'il est gravement malade. Il se reconcentre sur moi.
- Et qui est l'heureux élu ?
- Un jeune qui venait au bar pour me voir. Ça ne date que depuis hier.
- Je suis content pour toi... tu vas arrêter de coucher avec n'importe qui, rigole-t-il légèrement.
- Je suis tout de même pressé que le bar réouvre.
- Par rapport à ça... je ne pense pas ouvrir le bar de nouveau...
- Quoi ? Pourquoi ?
- András, t'as vu ce qui s'est passé ? Je sais que ça va recommencer. Le bar n'est pas du tout placé dans le meilleur quartier de la ville. Personne ne voudrait d'un bar gay ici.
- Tu ne peux pas lâcher tout de suite ! C'est le seul bar des environs, tu rends service à beaucoup de gens.
- Je n'ai pas envie de mettre en danger les clients. Cette fois-ci, c'était moi mais rien ne me dit que ça ne sera pas toi la prochaine fois. Ne me fais pas revivre ça... dit-il doucement en baissant la tête.
Je n'ai pas envie que ce bar ferme. Qu'est-ce que je vais devenir moi ? C'est mon seul revenu. Et puis, c'est le seul endroit qui me permet de me libérer. C'est inconcevable.
- Et puis, si tu l'aimes tellement ce bar, tu peux le reprendre.
- Quoi ?
- T'as très bien entendu. Ça ne me dérange pas si tu gères le bar. Je serais inquiet bien évidemment mais rassuré d'un côté parce que je serais que mon établissement sera entre de bonnes mains.
- Non. Je ne peux pas reprendre le bar. C'est ton boulot ça ! C'est toi qui gères tout depuis le début, c'est toi qui t'es battu pour qu'il existe et c'est toi qui te bats toujours pour que les cons qui te servent de voisins acceptent enfin le bar. Il y aura toujours des gens qui veulent nous faire du mal mais je t'en prie, ne leur laisse pas raison. Ce bar a autant le droit d'être là que tous les autres. Bon, je vais devoir te laisser. J'essaierai de revenir. Bise, dis-je en embrassant son front. Salut Marwan. J'espère te voir en forme la prochaine fois.
Un dernier sourire pour les amoureux. Je sors de la chambre et me dirige immédiatement vers la sortie. Il faut que je fasse réagir Nath. Il ne peut pas lâcher le bar. Je comprends qu'il soit perturbé. Il vient d'être agresser par un con d'homophobe, normal qu'il soit comme ça. J'espère qu'il s'en remettra... psychologiquement parlant surtout. Marwan est là pour l'aider.
J'avance dans les couloirs. D'un seul coup, un médecin sort d'une chambre juste devant moi. Je sursaute légèrement et le médecin également. Quand je vois son regard, les traits qui dessinent son visage, mon cœur rate un battement. Je n'arrive plus à respirer. Lui non plus ne bouge pas. Je tremble et n'ai qu'une envie, faire demi-tour mais mon corps refuse de réagir.
- András... enfin, je devrais plutôt dire, le pédé de la famille.
- Papa.
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Papa est revenu... Une idée de la réaction d'András ? et que va-t-il advenir du bar selon vous ?
Merci de continuer à lire ^^
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La colère n'est pas rouge [boyxboy]
RomanceLa colère cache souvent la douleur. András est souvent en colère mais souffre, sans que personne ne puisse faire quoique ce soit pour lui.