# XIX. Soirée carnaval

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# XIX. Soirée carnaval

J'arrive finalement jusqu'à mon travail après un parcours du combattant. J'avais l'air vraiment débile dans la rue en train de m'appuyer au mur dès que je pouvais. On aurait dit un bourré. J'ai l'habitude qu'on me dévisage ou du moins qu'on me regarde mais pas pour cette raison. Normalement c'est parce que je suis habillé de telle façon à ce qu'on ne m'ignore pas. Une dame est d'ailleurs venue vers moi pour me demander si j'allais bien et si je devais aller aux urgences. Ne vous inquiétez pas, j'ai juste l'impression d'avoir un boulet au bout du pied. Une fois à l'arrière du bar, à l'entrée personnel, je m'assois sur le trottoir difficilement pour pouvoir fumer un peu. Fumer me permet d'oublier pendant quelques secondes la douleur. Je n'ai jamais été douillet mais c'est difficilement supportable. J'espère que demain Yann me ramènera tout ce qu'il y a de noté sur l'ordonnance avant que je décède réellement. Le rendez-vous chez la psy a vraiment été un fiasco total. Je n'ai même pas envie d'y retourner. Sa mère... J'ai raconté toute ma vie – enfin Yann a raconté toute ma vie – à la mère de la seule personne que je ne voulais plus recroiser. Dans trois jours je dois aller faire cette prise de sang et c'est vraiment le dernier de mes problèmes. Soigne-toi. Soigne-toi. Une fois que ça sera fait, peut-être que je reprendrai rendez-vous... peut-être.

Ma clope finit, je me redresse en douceur en prenant bien soin de ne pas appuyer sur ma cheville. J'entre, traverse les vestiaires rapidement et atterris dans la salle beaucoup plus calme qu'en soirée. Le patron, Nathanaël, sert quelques clients. Il n'y a que lui pendant la journée car la fréquentation est bien inférieure à celle des soirées. On est que deux salariés : Gaël et moi. Les personnes qui viennent en journée ne viennent jamais le soir et inversement. C'est deux mondes en un. Etant fêtard sur les bords, la fin de journée me convient mieux. Je m'avance en boitant jusqu'à lui mais finis par m'asseoir sur un tabouret. Il continue de discuter mais une fois qu'il m'a vu, il s'arrête et me regarde. Il remarque rapidement que quelque chose ne va pas. En même temps, j'ai des cernes, je n'ai quasiment rien manger et je souffre le martyre.

- Bah alors András, qu'est-ce qui t'arrives ? T'as l'air d'un cadavre ambulant, demande-t-il en riant légèrement.

- Mauvaise chute et entorse.

- Comment tu t'es fait ça ?

- Je suis tombé comme un con hier après-midi.

- Je te connaissais maladroit mais pas à ce point. Quand tu étais là au début, tu as cassé une vingtaine de verres et de bouteilles avant d'y arriver parfaitement. Comment tu te sens ?

- Mal mais c'est pas pour ça que je suis venu te voir.

- Tu veux des jours de congé je suppose ? demande-t-il immédiatement.

- Non, non ! J'adore venir travailler ici et j'ai besoin de ce poste !

- András, je te dis seulement quelques jours. Je ne te vire pas mais dans ton état, moral et physique, il vaut mieux que tu te reposes tranquillement chez toi.

- Mais je...

- Chut, tu ne prends jamais de vacances alors pour une fois tu m'écoutes et tu te reposes. Si tu ne peux même pas tenir debout, je ne te vois pas servir les clients. Je suis sûr que Yann serait d'accord avec moi. Ecoute ton meilleur ami et ton patron pour une fois.

Yann connaît tout le monde ici et tout le monde le connaît. C'est pour les fois où j'étais bourré, il a même donné son numéro à Nathanaël au cas où ça n'irait vraiment pas. Papa poule encore une fois.

La colère n'est pas rouge [boyxboy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant