# XIV. Parler de soi

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# XIV. Parler de soi

Alors que nous attendons patiemment dans cette salle que je connais bien maintenant, András tremble nerveusement de la jambe. Quant à moi, je me remets difficilement de ce qui est arrivé avant. Je ne pensais pas que ça pouvait arriver une nouvelle fois. András m'a seulement embrassé et mon corps a étrangement décidé de se réveiller, en public en plus... Depuis ce moment-là, je ne parle presque plus à mon meilleur ami. Il ne l'a pas fait exprès bien sûr mais j'ai l'impression d'avoir trompé Estelle. Toutes ses caresses ne m'ont jamais fait réagir... Peut-être que je ne devrais pas réfléchir, tout simplement.

Quand il a déposé ses lèvres sur les miennes, sans que je m'y attende, j'ai ressenti quelque chose de fort. Mon bas ventre s'est immédiatement enflammé. Je n'écoutais qu'à moitié ce qu'il disait à cet homme. D'un seul coup, il m'a embrassé. Ça n'a pas duré longtemps pourtant... Je suis encore plus perdu qu'avant. Depuis des années j'attends cela, au point d'avoir oublié les sensations que cela procure. J'aurais bien aimé aller jusqu'au bout mais je n'étais pas au bon endroit pour ça. On verra sûrement une prochaine fois... J'ai envie de recommencer, de ressentir ce plaisir une nouvelle fois. Ça peut paraître stupide mais j'ai peur de devenir gay. Mon meilleur ami l'est donc il n'y a aucun problème avec ça mais j'aime ma petite-amie. J'aime ses formes, elles me font vraiment envie. Je veux pouvoir lui faire l'amour sans problème. Même en pensant à ça, je ne retrouve aucune des sensations que j'ai eues avec András. Si le but était de me détendre, c'est raté... Je suis encore plus angoissé à l'idée de lui parler de ça. Mais je n'aime pas mentir, j'en ai surtout marre de me cacher.

András tourne sa tête vers moi. Il semble gêné lui aussi. Comme on a coupé court à notre discussion, je vois qu'il a envie d'aller un peu plus loin. Difficilement, il m'annonce :

- Je... Comment tu te sens ?

- Bien, enfin je crois...

- Je suis vraiment désolé de t'avoir embrassé. Je voulais juste énerver ceux qui se croient tout permis en nous méprisant. J'en peux plus d'entendre tout le temps ça, j'ai eu l'impression de voir mon père face à moi... Tu le connais presque aussi bien que moi et si je pouvais l'oublier, je le ferais. Mais bon, c'est mon père. N'empêche en t'embrassant, ils ont rapidement arrêté de nous regarder.

- Je comprends... J'ai seulement peur de ne plus ressentir ça quand je serais avec elle.

- Dis-lui tout, avancez lentement, sans réfléchir.

- Ouais je ferais ça. En tout cas, ça m'avais manqué de ressentir ça.

- C'est sûr. Je sais même pas comment t'as fait depuis presque quatre ans. Moi, je ne tiendrais pas une semaine. Et il y a...

- Bonjour, entrez s'il vous plait, nous coupe la psychologue qui entre dans la salle d'attente.

On se lève tous les deux ensemble et András reste en retrait derrière moi. J'entre en premier en la saluant en même temps que je lui serre la main. András fait de même. Je m'assieds devant le bureau de la médecin et il se positionne à ma gauche. Elle s'installe face à nous et attrape son cahier de note. András ne sait pas où se mettre et il a dû mal à s'installer sur son siège.

- Bonjour Yann, comment vas-tu ? me demande-t-elle – elle me tutoie tout le temps.

- Bien... répondis-je sans conviction.

- Tu veux en parler ?

- Non, en fait, je suis là pour mon ami. C'est pour lui le rendez-vous.

La colère n'est pas rouge [boyxboy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant