# XXVIII. Eloignement

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# XXVIII. Eloignement

J'ai mal au crâne, putain. J'ai l'impression que quelqu'un est en train de jouer de la batterie dans ma tête. Quand j'ouvre les yeux, je remarque directement que je ne suis pas à la maison. Où est-ce que je suis ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Je me redresse difficilement et regarde autour de moi. Il y a quelqu'un à ma droite. Je ne vois pas son visage. Cette personne est d'ailleurs peu habillée. Son dos est mis à nu, tout comme ses jambes. Il ne porte qu'un short noir. D'un seul coup, je me rends compte que je suis en caleçon aussi. Pourquoi ? Il m'a déshabillé ? Je rougis immédiatement en imaginant András me retirer mes vêtements. András est vraiment un bel homme. Son corps m'attire. Rien que de le voir allongé sur le ventre, le dos dénudé, me met dans tous mes états. Il a quelques tatouages que j'avais déjà aperçu la dernière fois...

Quelques brides de souvenirs me reviennent. Je me souviens être allé au bar, pour retrouver András. Ça a mal tourné à ce moment. Après, on est rentré chez lui et puis... plus rien. C'est à partir de ce moment-là que j'ai oublié. András se retourne pour me faire face. András. Ça m'aurait étonné que ce ne soit pas lui. Mais on ne sait jamais. Il faut que je me dépêche de rentrer chez moi. Papa et maman doivent se demander où je suis.

Doucement, pour ne pas le réveiller, je descends en passant par le bout du lit. Il ne tarde pas à s'étaler sur tout le lit. Quand je pense que j'ai dormi à côté de lui... En me levant, je remarque que mes habits sont dispersés un peu partout dans l'appartement. Qu'est-ce qu'on a foutu hier soir ? Je ramasse mon jean, mon t-shirt et mon pull. L'esprit tourmenté par des milliers de questions, je me dépêche pour partir au plus vite de cet appartement. Je me rends compte que mon appareil auditif a aussi été retiré. Je regarde un peu partout autour de moi pour le retrouver. Je ne peux pas rentrer sans ça. Je le vois sur le rebord de la fenêtre. Au moins, il n'est pas n'importe où. Ces petits appareils coûtent chers.

Je m'approche doucement de la fenêtre. Mon pied rencontre un objet par terre. Quand je regarde, je vois une boîte de préservatif ouverte. Pourquoi il y a ça ici ? Je comprends qu'András ait des préservatifs mais pourquoi par terre ? Je commence réellement à angoisser. J'imagine le pire sur cette soirée que j'ai totalement zappée. On a couché ensemble ? Non, non, non, c'est impossible. András ne me ferait pas ça. Il ne peut pas profiter de moi dans un moment comme celui-là. Je ne peux pas y croire.

J'attrape mon appareil et le mets à mon oreille. Il a une superbe vue d'ici. Au dernier étage d'un immeuble haussmannien, on a une vue sur les toits parisien et on aperçoit également le Sacré-Cœur. Moi aussi de ma chambre je le vois. Alors que je regarde dehors, le téléphone d'András sonne – enfin vibre plutôt. La curiosité étant prédominante dans ma personnalité, je ne peux pas m'empêcher de regarder l'écran. Yann ? C'est pas son meilleur ami lui ? Il lui a envoyé un message.

« fais ce que tu veux avec lui, je suis là si tu as besoin de moi. Après, fais attention, ses parents sont là pour lui. Sa mère te connaît bien d'ailleurs. Ne refais pas les mêmes erreurs. Bon, j'espère que t'as quand même passé une bonne soirée ;p je pense que t'as trouvé un petit mec qui pourra t'aider à calmer tes ardeurs... on se voit cet aprèm ? »

Petit mec qui pourra t'aider à calmer tes ardeurs ? Maman connaît András, c'est son patient. De qui il parle en disant « lui » ? Les vêtements éparpillés, les préservatifs, le message... On... Non... On peut pas avoir couché ensemble... C'est impossible. Alors que je suis totalement bloqué, je vois András qui s'allonge sur le dos. Son bras droit se pose proche de son nombril et je louche sur son bas ventre. Des images peu catholiques traversent mon esprit. Il n'y a plus aucun doute. Je ne veux et surtout peux pas le croire. Il faut que je parte vite d'ici. Je ne peux pas rester.

La colère n'est pas rouge [boyxboy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant