# XXXV. Sœur jumelle

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# XXXV. Sœur jumelle

Le jour est levé. J'ai ouvert les yeux et j'aimerais les refermer. Un mal de tête insupportable ne me lâche pas. Je n'ai jamais eu aussi mal, pourtant, j'ai l'habitude de me réveiller avec la gueule de bois. J'ai dû boire un peu hier soir. Je ne sais pas où je suis. Enfin si, je crois deviner où je suis. Calum dort à ma gauche, sur le ventre, face à moi. Il est mignon. Mais pourquoi je suis chez lui ? Qu'est-ce qui s'est passé hier ? Le pédé de la famille. Je frissonne en me rappelant cette phrase. Ouais, dans cette famille de con, je suis le seul à aimer les bites. En même temps, on ne voit jamais notre famille de notre pays d'origine. J'ai peut-être un cousin caché qui est comme moi... je ne retournerai pas là-bas.

Ayant totalement oublié ce qui s'est passé la veille, je stresse. J'ai pu raconter un tas de trucs sur moi. Des choses dont peu de personnes sont au courant. Yann sait et... sa mère aussi. Pourquoi je suis allé voir un psy moi ? Je n'en ai jamais eu besoin. Je vais parfaitement bien.

Je regarde l'heure sur le réveil de Cal. Neuf heures. Et merde, je suis encore en retard à l'école. Ils doivent avoir l'habitude maintenant. Faut que je passe chez moi en plus. Je me redresse et remarque un bandage autour de ma main droite. Ah oui. Je m'en souviens maintenant... Cal devrait faire infirmier, comme Max. Je n'ai absolument pas mal. J'arrive à bouger la main facilement. Je ne vais pas partir comme un voleur, il m'a quand même bien aidé. Je me lève et prends une feuille qui trainait sur son bureau. J'écris :

« Cal,

Je suis désolé de partir avant que tu te réveilles mais tu es tellement mignon quand tu dors que j'ai pas osé te réveiller. Tu baves un peu par contre. Et tu ronronnes, comme ton chat. Bref, merci pour hier. Merci pour tout. Je ne me souviens plus de tout, juste que j'étais sûrement en crise et que tu m'as aidé. Je ne sais pas ce que je t'ai raconté. J'ai besoin de savoir. Ce n'est pas que je ne peux pas te faire confiance mais ma vie n'est pas celle que tu crois. Juste, j'ai revu mon père hier, c'est pour ça. Si tu veux en savoir plus, et moi aussi je veux en savoir plus, viens au bar Les Américains, vers dix-huit heures, ce soir. C'est un endroit calme, on sera tranquille. Envoie-moi un message pour me confirmer que tu viendras. Je t'aime, András. »

Je prends la feuille et la pose sur ma place dans le lit. Il n'a pas bougé mais il semble se sentir extrêmement bien. Son entre-jambe en témoigne. Il doit faire un rêve passionnant et j'espère être dedans. Il bande et c'est carrément excitant pour moi. Je suis en train de me rappeler ce qui s'est passé la veille. Je l'ai masturbé et je n'aurais pas dû. C'était pas moi. Enfin si, j'en avais envie depuis longtemps mais ce n'était pas moi avec Calum. Il va s'imaginer plein de choses maintenant. Ces petites hormones ne vont pas arrêter de le stimuler, comme en témoigne son entre-jambe. Si ça ne tenait qu'à moi, je lui aurais déjà sauté dessus. En plus de cela, je l'entends gémir mon prénom. Arrête de m'exciter idiot. Je vais bander aussi si ça continue. En tout cas, ça me rassure, ça veut dire que je suis l'objet de ses rêves. Ce n'est pas un mec inconnu dont il rêve.

Je souris une dernière fois et sors de sa chambre. Je descends les escaliers et entends des miaulements. Le chat de Calum se frotte à mes jambes. Je m'accroupis et le caresse. Il adore ça. Aussi mignon que mon Cal. J'arrête de la caresser, bien décidé à rentrer chez moi. Je sors, le chat me suit. Il va faire sa petite balade de la journée. Une fois dans la rue, je ne sais absolument pas où je suis. La famille de Cal est bourrée de fric. Un peu comme la mienne à la différence près que la mienne ne m'en a jamais réellement fait profiter. C'était leur argent. Il ne fallait pas partager. Bon, c'est pas tout mais il faut que j'arrive à retrouver mon petit chez moi. J'avance sans but, essayant de reconnaître cet endroit beaucoup trop éloigné de mon mode de vie.

Après quelques minutes de marche, je commence à reconnaître les alentours. C'est vers là le bar. Il habite juste à côté, je comprends mieux pourquoi il y est allé. Quand je repense à notre première rencontre, j'ai envie de rire. Il était totalement perdu. Mignon. Egaré. Adorable... comme Max... Max... je ne m'excuserai jamais assez pour ce que j'ai fait. Ce que je t'ai fait.

Maintenant que j'ai reconnu le chemin, je vais rentrer chez moi. Je passe devant le bar. Il est méconnaissable. Fermé. Tagué de partout. Tapette. Va crever. Bien fait. Tu l'as cherché. Combien la pipe ? Dégueulasse. J'avance rapidement. Je comprends pourquoi Nath ne veut pas ouvrir. On est gay. On n'est pas des monstres. Fais chier ! J'accélère un peu et en moins de dix minutes, je suis devant la porte de mon appart. Elle est entrouverte. Yann.

J'entre et le vois en train de faire les cent pas dans l'appart. En me voyant, il se précipite vers moi et me prend dans ses bras.

- J'étais tellement inquiet. Tu vas bien ? me demande-t-il en me scrutant de toute part.

- Oui, oui, ne t'en fais pas.

- C'est quoi ça ? demande-t-il en me montrant ma main.

- Rien... j'ai juste pété mon miroir et je me suis coupé. Cal m'a soigné.

- Heureusement qu'il était là. Pourquoi tu ne répondais pas à mes appels ?

- J'avais pas mon téléphone et je sais pas trop. J'avais juste envie de sortir pour boire et oublier.

- Je n'aime pas quand tu fais ça. Je préfère que tu m'appelles. J'ai pas envie que ça recommence...

- Ça n'arrivera plus. J'ai grandi.

- András ! C'était il y a trois ans à peine !

- J'ai changé depuis.

- Non ! Tu n'as pas changé ! Sinon, ça ne serait pas arrivé ! s'énerve-t-il. Je me disais qu'avec Cal, ça s'arrêterait mais tu n'es pas encore passé au-dessus de tout ça.

- Mais comment tu veux que j'oublie ce que j'ai fait ! répliquai-je en le poussant contre le mur, je commence à pleurer. Je peux pas ! Et ils sont là pour me le rappeler ! Il me l'a dit ! C'est de ma faute ! Elle est morte ! Crever ! Parce que je suis un incapable !

- András, je...

- Non ! le coupé-je violemment. Je l'ai tué et tu le sais !

- Non ! s'exclame-t-il en me prenant par les épaules, me fixant dans les yeux. C'était un accident. Dramatique pour tes parents comme pour toi. Tu n'y es pour rien.

- Je devais la protéger... dis-je en m'essuyant les yeux.

- Tu l'as protégée András. N'oublie jamais ça. Tu n'y es pour rien. Vous n'aviez que neuf ans. C'était ta sœur, ta jumelle, et tu l'aimais plus que tout. Tu ne l'as pas tuée. Un accident, d'accord ? me demande-t-il sérieusement mais avec calme.

- Oui...

C'est à cause de cet évènement que je suis comme ça. Douze ans que je suis séparé d'elle. Yann sait toute l'histoire. La mère à Cal aussi. Mais ce n'est pas le pire. Max... Je me laisse tomber par terre pour faire redescendre la tension. Trop de souvenirs se bousculent dans mon esprit. Les plus mauvais, évidemment.

- Reste chez toi aujourd'hui. Je t'interdis d'aller en cours. Faut que tu te reposes. Je vais y aller moi. Tu ne fais rien qui te mette en danger, promis ?

Je ne lui réponds pas. J'ai pas envie. Je veux voir Calum. Yann me fait trop penser à tous mes problèmes alors que Cal, c'est ma liberté. Un air pur que je n'ai pas encore contaminé. Je ne peux pas lui dire. Je n'ai pas envie qu'il me rejette à cause de ça parce que je l'aime... J'ai envie qu'on me comprenne. Qu'on ne me juge pas comme chaque fois... Ma sœur est morte et mes parents se sont chargés de me tuer après. Tuer psychologiquement. Et j'ai tué Max à cause d'eux. Je ne voulais pas... Je protègerai Cal. Promis.


**

Eh oui, András avait une sœur jumelle... Un petit chapitre où il se passe pas mal de choses... vos réactions ? et par rapport au premier chapitre (si vous vous en souvenez lol) toujours le même avis ? ^^

La colère n'est pas rouge [boyxboy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant