La reprise des cours sonna, nous rentrâmes sans nous presser pour nous diriger vers la salle d'Anglais. Notre professeur était une femme mince, sans formes, au visage fermé. Pas très âgée, elle devait avoir la trentaine mais très sévère et réputée pour ça parmi tous les élèves. En nous voyant arriver toutes les deux, elle nous dit qu'elle ne nous ferait pas cours et nous envoya en permanence. Elle remplit cependant devant nous la fiche de présence puis nous sortîmes de la classe en direction de la salle où allaient tous les élèves qui avaient une heure de trou dans leur emploi du temps. Mathilde traînait pour s'y rendre, je n'avais pas besoin de super pouvoir pour savoir que la salle de perm était le coin le plus ennuyeux de tout l'établissement, surtout lorsqu'on n'avait rien pour s'occuper. Si le surveillant était cool, ma camarade aurait pu reprendre son dessin, par contre si on avait un pion chiant, on serait obligé de sortir un livre de cours et y faire des exercices au hasard. Je suppliais mentalement une quelconque divinité de faire quelque chose pour que la salle soit pleine et qu'on nous envoie ailleurs, au C.D.I. par exemple quand Mathilde me saisit par le bras.
"Je veux pas y aller, me dit-elle, sérieuse. En perm, ça craint, je sors du bahut.
- Et la cantine? Tu crois qu'on va pouvoir revenir, manger et repartir?
- Cela ne sera pas le premier repas que je sauterais, tant pis pour la cantine mais je vais pas en perm. T'as vu le bureau des pions ? Il ne manque que le druide... Si c'est lui qui surveille je pourrai pas dessiner. J'y vais pas!"
Le druide était le plus vieux surveillant du monde. Il devait son surnom aux longs cheveux et à la barbe blanche, aussi à sa façon de s'habiller, avec des pantalons en velours côtelé et d'épaisse chemises à carreaux, peu importe le temps qu'il faisait. Un peu aussi à cause de l'affreuse odeur de transpiration qu'il véhiculait quand il passait près de nous. Il était vieux et sévère, il distribuait les heures de colle pour rien et avec lui, hors de question de faire autre chose que gratter du papier. Mathilde m'avait convaincue, il n'y aura pas de permanence pour nous ce matin, on ne risquait rien de toute façon, la dernière heure de la matinée ne remplissait jamais de bulletin de présence et notre prof d'Anglais nous avait signalé comme présentes. Mais dans ce cas, où allions nous aller ? Il était hors de question que je traîne dans les rues et Mathilde avait un dessin à finir. Nous pourrions aller chez moi mais il fallait qu'on se mette d'accord sur une histoire à inventer pour mon père, une histoire crédible, détaillée, car c'était un véritable détecteur de mensonge, si notre histoire avait une faille il s'empresserait de l'exploiter et j'aurais droit à un savon. Nous sortîmes du lycée aussi discrètement que possible, l'heure de la reprise étant passée, plus personne ne surveillait les sorties.
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Jour de grève [terminé]
RomanceÉmilie, jeune lycéenne, découvre la tendresse d'une façon inattendue