Les coups répétés à ma porte me réveillèrent en sursaut. Ma mère claironna qu'il était cinq heures, l'heure de se lever si nous voulions partir tôt. Ma première pensée fut de me demander quelle famille se levait à cinq heures du matin un dimanche. Je tentais de me redresser dans mon lit mais Mathilde dormait en serrant mon bras, le tapage de ma mère ne l'avait pas réveillée et il m'était impossible de bouger. Le jour commençait à peine à percer, je ne la voyais que faiblement, le visage tourné vers moi, les yeux clos, elle semblait sourire avec ses lèvres entrouvertes, ou peut-être voyais-je mal, mais j'eus une irrésistible envie de l'embrasser pour la réveiller, façon conte de fée. Au lieu de ça, je lui caressais une mèche de cheveux qui pendait sur son front, elle finit par ouvrir les yeux, me vit, et me sourit, ce qui la rendait encore plus désirable.
« Bonjour princesse, tu as bien dormi ?
- Pas assez, et ma mère est déjà en pleine forme, elle vient de tambouriner à la porte.
- J'ai rien entendu.
- J'ai vu... Tu as le sommeil lourd toi !
- Ouais mais j'ai trop bien dormi ! »
Cela se voyait sur son visage, il était radieux. Je tendis la main pour allumer la lampe de chevet mais elle m'arrêta.
« Allume pas maintenant, attends encore un peu s'te plaît.
- Si ma mère repasse et qu'elle ne voit pas de lumière, elle va encore défoncer ma porte.
- On lui dira qu'on est réveillée mais allume pas tout de suite. Je déteste ça, c'est comme ça que ma mère me réveille, en allumant la lumière de la salle à six heures et c'est... Désagréable. »
Je me doutais que ce genre de réveil pouvait être rapidement énervant, moi à qui il faut des heures pour sortir du lit. J'allais en faire part à Mathilde lorsqu'elle se blottie contre moi en soufflant :
« Ce matin, je me réveille doucement. »
Elle me déposa des petits baisers sur l'arrondi de mon épaule tout en faisant tourner ses doigts autour d'une de mes mèches de cheveux, c'était doux et agréable de se sentir désirable dès le matin. Du moins jusqu'à ce que ma mère revienne et débarque pour s'assurer que nous étions bien réveillées. Elle était déjà habillée et prête à partir, je supposais que mon père l'était aussi. Nous nous habillâmes rapidement, j'étais un peu déçue que Mathilde n'eut pas le temps de continuer ses caresses mais un ordre de ma mère était un ordre non discutable. Nous enfilâmes nos maillots de bain, je pus alors constater que la blondeur de Mathilde était sa couleur naturelle. Comparé à la veille, je n'avais pas pensé à changer de pièce et me mise nue devant elle, je ne sais pas si elle à fait attention à la rougeur qui empourprait mes joues mais je vis qu'elle profitait de ce court moment de nudité pour admirer mon corps, elle me dévorait des yeux, ce qui n'arrangeait pas mon teint. Effectivement, mon père était prêt à partir lui aussi, il nous attendait avec deux tasses de café posées sur la table. Pas de cigarette avant le départ pour la pauvre Émilie, moi qui ai l'habitude de fumer avant même de sortir de ma chambre, ce qui a mit en rogne ma mère chaque jours durant plusieurs mois.
« Pense à ton capital santé Émilie. La première cigarette c'est après le café, me disait-elle chaque matin. Fumer à jeun ruine tes poumons pour la journée. »
Et les rares fois où elle ne me prenait pas sur le fait, elle ajoutait invariablement :
« Je sens le tabac d'ici ! »
Qu'elle soit collée à moi ou à l'autre bout de la maison n'y changeait rien. Puis un beau matin, voyant que son sermon aussi lassant que répétitif ne servait à rien, elle n'a simplement plus rien dit sur ma consommation de tabac. Parfois je me demande ce qu'elle dirait si elle savait que je fume au moins un joint par jour, je pense qu'elle en ferait une attaque. J'eus à peine le temps de prendre mon portable et ma boîte métallique que nous nous entassions déjà dans la voiture familiale et nous prîmes la route. À la sortie de la ville, Mathilde nous fit remarquer que nous n'avions pas prit de serviettes, mais c'était sans compter sur l'organisation de ma mère qui lui répondit.
« Elles sont dans le coffre de la voiture depuis hier nénette. »
Le surnom que ma mère lui donna nous fit rire toutes les deux et mon père qui conduisait lui lança un bref regard d'étonnement, ce qui nous fit rire encore plus fort.
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Jour de grève [terminé]
RomanceÉmilie, jeune lycéenne, découvre la tendresse d'une façon inattendue