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Pour profiter un peu de Mathilde avant qu'elle n'aille s'enfermer chez elle, je nous fis descendre une rue avant la sienne. De retour dans notre ville, il était hors de question de se balader en se tenant la main ; nous fîmes rapidement le tour de la rue et mon amie allait partir chez elle lorsque je lui attrapais le bras et la força à se retourner. Nous nous embrassâmes passionnément. Je sursautais quand j'entendis une voix dans mon dos que je reconnus tout de suite.

« T'es lesbiche toi ?!? »

Je me retournais lentement pour faire face à Logan qui me regardait avec les yeux exorbités derrière ses fines lunettes. Il jeta un coup d'œil à Mathilde puis revint sur moi.

« Avec elle en plus ?!? »

Le voir comme ça, bouche bée, me donnait envie de rire et de le frapper. Franchement, j'avais beaucoup de mal à me retenir. Que voulait-il dire par là ? S'il savait à quel point ma relation naissante avec Mathilde me comblait alors que celle que nous avons, que nous avions plutôt, me lassait au plus haut point. J'ouvris la bouche pour lui dire que je n'étais pas ''lesbiche'' mais amoureuse d'une autre fille mais il ne me laissa pas le temps de parler.

« Yaëlle avait raison. Je regrette de pas l'avoir baisé hier ! »

Ce fut à mon tour d'être bouche bée, alors qu'il partait déjà. Mathilde me regardait fixement, sans sourire, apparemment, elle était aussi choquée que moi.

« On en parlera après, me souffla-t-elle, je me dépêche chérie. »

Elle m'embrassa rapidement tout en me serrant la main en signe de compassion puis ce fut à son tour de s'éloigner de moi. D'un coup, je me sentis bien seule, je fus presque heureuse quand je vis le joint dans mon paquet de cigarettes. Je l'allumais, repensant à la réaction de Logan, moi qui cherchais encore comment j'aurai pu lui annoncer la chose si cela venait à devenir sérieux entre Mathilde et moi, voilà qui était fait. Par contre, comment Yaëlle, une amie du groupe de filles avec qui j'avais l'habitude de traîner, avait-elle pu être au courant avant alors que je ne m'étais intéressée à ma camarade de classe que ce vendredi ? Et depuis quand voyait-elle Logan le week-end ? Y avait-il quelque chose entre-eux ? Pas d'après ce que mon ex petit-ami affirmait. Courrait-elle après lui ? C'était flagrant. Grande brune aux formes généreuses et s'arrangeant pour qu'elles soient toujours bien visibles, Yaëlle était LA pétasse par excellence mais jusqu'ici je ne m'étais jamais méfiée d'elle. Je balançais mon mégot dans une grille d'égout lorsque mon téléphone vibra et je sentis mon cœur s'arrêter. Ma première pensée fut que Mathilde n'avait pas eut l'autorisation de dormir chez moi, malgré son assurance. Mais non, il s'agissait de Logan, m'écrivant sans doute le plus long message qu'il n'ait jamais envoyé.

« J'arrive toujours pas à comprendre que tu m'es fait ça. Ça fait deux semaines que Yaëlle dit que tu vois quelqu'un mais je pensais que c'était Loïc ou Pierre, pas cette pouf. J'ai les boules mais comme vous êtes discrètes au lycée, je ne dirai rien non plus. Aller, bonne continuation avec ta gonzesse ! »

La première lecture du message me mit en rage. Je me forçai de me calmer, allumai une cigarette et le relu une deuxième, puis une troisième fois. La première chose qui me fit réfléchir c'est que mon ''amie'' lui avait dit que ça faisait deux semaines que je voyais quelqu'un d'autre, c'était absolument faux ! Cela voulait dire aussi qu'ils se côtoyaient régulièrement et je n'en avait même pas conscience, je me traitais d'idiote. La seconde était qu'il resterait discret sur la relation que j'entretenais avec Mathilde devant nos camarades de classe et c'était une bonne chose, je n'avais pas envie de faire le mois de cours qu'il restait en me faisant montrer du doigt, moi ou ma petite-amie comme étant ''les lesbiennes''. Pour finir je n'arrivais pas à croire qu'il voyait ses amis comme des rivaux, Loïc était bête comme ses pieds et Pierre ne pensait qu'au sexe, ne parlai que de sexe, ne vivait que pour le sexe. Le comble c'était que je lui avait déjà dit que ses copains ne m'intéressaient pas une bonne douzaine de fois déjà, rien que cette année. C'est fou à quel point ce garçon m'écoutait. 

Jour de grève [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant