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Hier j'en voulais à mon petit ami pour ça, ce matin je découvrais que je ne valais pas mieux que lui, s'en était trop ! Il fallait que j'arrête de penser pour ce matin. Après tout, n'étais-je pas la première à écrire que l'amour se construisait avec le cœur ? Comment donner du poids à cette phrase si moi-même j'en étais incapable ? Arrêter de penser c'est facile à dire, mais quand on se retrouve seule dans son lit face à un message auquel on ne sait pas quoi répondre... C'est une autre histoire. Je pensais à une solution pour arrêter de penser. Je ris toute seule devant la stupidité de cette phrase... Plus sérieusement, il y avait la solution du sommeil, je pouvais toujours dire à mes parents que je ne me sentais pas bien, ou que j'avais encore passé la nuit à noircir des pages assise à mon bureau, à la lueur de la petite lampe flexible noire qui y était posée. Un cauchemar ? Non, je ne me serai pas levée toute souriante. De toute façon, je n'avais aucune envie de dormir, malgré la tristesse de mes pensées, et le soleil qui éclatait par la fenêtre de ma chambre me donnait envie de sortir ne serait-ce que dans le jardin, sentir la rosée humidifier mes pieds avant qu'elle ne disparaisse. La solution m'explosa en plein milieu du crâne et apparut comme une évidence. Cinq minutes plus tard, je marchais lentement dans l'herbe courte et humide, en tong, le visage tendu au soleil. J'allumais ma cigarette et pris une grosse bouffée qui me fit tousser, la première cigarette de la journée avait toujours cet effet, mais je la fumais rapidement avant de sortir mon téléphone, et le posa sur la table du salon de jardin en plastique vert que je venais d'essuyer avec un mouchoir en papier. Le papier sur le plastique ce n'était pas l'idée la plus brillante que j'eus mais dans l'instant, je n'avais pas eu le courage de rentrer pour aller chercher la vieille éponge dans le garage. Je ramassais du bout des doigts les boulettes de papier laissées par le mouchoir trempé et les mises avec ce dernier dans le cendrier. Lorsqu'il ne resta plus que les petits morceaux que je n'arrivais pas à avoir, j'ouvris à nouveau le message de Mathilde, tout en me disant que les chiquettes de papier s'envoleront une fois sèches. Je sortis aussi de ma poche mon paquet de cigarettes et mon briquet, j'allumais la longue roulée que je venais de me préparer. Il était encore tôt pour un samedi mais je savais qu'un peu d'herbe m'aiderai à me détendre et à moins réfléchir... Du moins c'est cet effet là qu'elle me faisait durant toute la semaine. Je pris quelques bouffées et le posa sur le cendrier. Je pris mon portable à nouveau et écrivis à deux mains :

« Bonjour ma belle, comment vas tu ? », cliquais sur « envoyer » et reposa l'appareil sur la table tout en regardant les insectes tourbillonner autour du trèfle sauvage. Je ne m'attendais pas à une réponse rapide, alors encore moins à la conversation qui suivit.

« Bonjour, je vais bien et toi ? »

Lorsque mon portable vibra sur la table de plastique, j'eus l'impression qu'il fit vibrer la terre entière, le joint tomba dans le cendrier et se colla au papier humide. Je le sortis et y vis deux petites taches d'humidité. Étant éteint, je le posai sur mon paquet de cigarettes, laissant échapper un « Eh merde ! » qui m'aurait valut une réflexion de la part de ma mère si elle avait été là. Je lui répondis et garda le téléphone en main cette fois.

« Je vais bien aussi. Tu as bien dormi ?

- Non !

- Oh pourquoi ?

- Je voulais encore dormir avec toi lol. »

Malgré l'abréviation qui m'indiquait qu'elle plaisantait, je doutais que cela fut une note d'humour. Je le vérifiais en entrant dans son jeu, par simple curiosité.

« Moi aussi lol

- Ah oui ? Tu dors comment ? »

Je voyais où elle voulais en venir mais il était hors de question que je lui dise que je passai la nuit nue.

« Avec un gros pyjama en coton, j'avais froid, lui répondis-je. Et toi ?

- Short et tee-shirt... Obligée vu que je dors dans le salon.

- Et t'as pas eu froid ?

- Non ! Bien au contraire ! »

Elle était la première à me dire que son appartement était mal isolé et, pour que je me couvre en dormant c'est qu'il n'a pas dû faire super chaud durant la nuit. J'allais lui faire part de cette réflexion lorsque le téléphone vibra une nouvelle fois entre mes mains.

« Quoi de prévu aujourd'hui Princesse ? »

C'était bien la première fois que l'on m'appelait ainsi... Mais c'était loin d'être désagréable. Je reposais le téléphone sur la table, et rentra me faire un expresso. J'entendis à nouveau mon portable faire vibrer le monde lorsque je sortis, la tasse brûlante dans les mains, je venais de recevoir un nouveau message de Mathilde :

« T'es partie ? Sniff !

- Non, je suis allée me faire un café et là je fume une clope avec. »

Ma réponse était venue spontanément.

« Ah ok, m'écrivit-elle. Et après ?

- J'attends que mes parents rentrent pour savoir ce que eux ont prévus.

- Ils sont pas là ?

- Non, sûrement en courses ou je ne sais pas...

- T'es seule ?

- Bah oui... J'ai ni sœur ni frère je te rappelle... »

Je me doutais que Mathilde n'avait pas oublié que j'étais fille unique, dans ce cas, c'était simplement qu'elle voulait avoir la certitude qu'il n'y avait personne à la maison. Je m'en rendis compte lorsqu'elle me répondit :

« Oui je sais, je peux venir ?

Comme je n'avais rien de prévu de la journée, je ne voyais aucun inconvénient à sa venue et tout en rallumant mon joint, j'écrivis un simple mot.

« Oui »

Jour de grève [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant