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Lorsque je lui ouvris la porte, ma première pensée fut qu'elle n'avait pas prit le temps de s'habiller et courut jusqu'à chez moi. Elle dut voir passer l'ombre d'interrogation sur mon visage, puisqu'elle me dit en rougissant qu'elle s'était levée très tôt et était partie avant de recevoir ma réponse.

« Si t'aurais pas voulu j'aurais fait demi-tour...

- Non t'inquiète, j'avais rien de prévu de toute façon.

- Tant mieux. » conclut-elle en souriant.

Elle portait un short qui lui arrivait aux genoux et un bustier qui lui dévoilait une bonne partie de sa poitrine, tous deux de couleur lavande, contrastant avec ses cheveux blonds qui luisaient dans le soleil matinal. Je la fis entrer, lui proposais un café ou un jus de fruits, et le temps que je prépare à nouveau des expressos, je lui demandais si elle voulait bien aller chercher la boîte métallique dans le premier tiroir de mon bureau, profitant en même temps pour y déposer son sac à dos. Les tasses étaient sur le salon de jardin, ma cigarette à moitié finie lorsqu'elle revint enfin. Elle s'était changée, du moins le short mauve fut remplacé par le turquoise que je lui avais donné la veille. Je décidais d'ignorer ce petit détail et lui demandai :

« T'as eu du mal à trouver la boîte ?

- Non, je bloquais sur le dessin, tu lui as trouvé un joli cadre...

- Oui, j'avais peur que le crayon de bois s'abîme avec le temps. Ce sont mes darons qui me l'ont donné. »

Elle se mit à rougir comme une lampe infra-rouge.

« Tes parents ont vu le dessin ?!?

-Mieux que ça, ricanais-je, ils m'ont même reconnus et croyaient qu'on était ensemble !

-T'as dû te faire salement engueuler...

-Bah non... Pourquoi ?

-Ma mère ferait une crise cardiaque si elle savait que je préfère les filles aux garçons. »

Je réfléchis alors à la petite dispute durant le repas d'hier, Mathilde avait raison, j'aurai pu avoir des parents beaucoup moins ouverts et compréhensifs... Il va falloir que je m'excuse pensais-je tristement.

« Fais pas cette tronche, repris mon amie, elle se doute de rien... Pour le moment.

-Il va bien falloir que tu lui dises un jour... Je pense que ce serai pire si elle s'en rendait compte toute seule.

-Ou que quelqu'un lui dise ouvertement... Ouais je sais... Mais je ferais ça quand j'aurais trouvé quelqu'un de bien. Pour le moment elle croit que je suis une none, ça me convient parfaitement.

-Une none ?

-Oui, une bonne sœur, j'ai personne depuis... Un bon bout de temps et quand elle m'en parle, je lui dis que ça ne m'intéresse pas... Comme ça j'ai la paix.

-Ah ok. Tu es célib quoi.

-Endurcie même !! »

Elle ria de bon cœur, je me joins à elle. Je lui offris une cigarette pour accompagner le café mais au lieu de la prendre, elle sortie une boîte en plastique, à effigie de la marque « Gauloise » et me tendit un tube. Je le pris en la remerciant et entre deux gorgées de liquide chaud, j'entrepris de nous rouler un joint. L'absence de vent fit que je pus le préparer tranquillement alors que l'ombre de la maison s'amenuisait petit à petit. Une fois ma belle roulée conique faite, je l'allumais, Mathilde me regardait faire comme ci c'était la première fois que quelqu'un allumait un joint devant elle. Je lui tendis en lui proposant un autre café mais elle refusa. Mes parents rentrèrent quelques instants après. Mon amie cacha le joint sous la table lorsqu'elle entendit la baie vitrée s'ouvrir.

Jour de grève [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant