30

2.7K 109 3
                                    

« Qu'est-ce que tu aimes chez moi ?

- Pourquoi tu me demandes ça ? Je sais pas, tout !

- Tout quoi ? J'ai rien, pas de formes, pas d'expérience... J'ai beau chercher, je vois pas ce que tu me trouves. »

Nous marchions côte à côte le long de la ligne d'écume et parfois, les plus grosses vagues venaient mourir sur nos pieds, mais avec le soleil et le peu d'eau, elle ne paraissait pas si froide. Mathilde prit le temps de réfléchir, l'air grave avant de me répondre.

« Ton style, j'aime surtout ton style, ta façon d'être quand t'es pas avec tes potes. T'as de super yeux verts aussi, je craque quand tu me regardes... Ou quand tu daignes regarder dans ma direction au bahut. Et tu as la peau douce... Et des parents super. »

Elle avait ajouté la dernière partie en souriant, je me doutais bien qu'elle plaisantait pour mes parents, même si le feeling était passé tout de suite entre eux, en règle générale, ma mère avait tendance à trouver mes amies trop superficielles, et elle n'aimait pas trop Logan car elle savait qu'il fumait beaucoup plus que moi. Mon père, lui, avait tendance à s'en ficher, sauf pour Logan à qui il a fait passer un interrogatoire complet. J'étais flattée de sa réponse et ne savais pas quoi dire, elle reprit la parole au bout d'un moment.

« Et toi, tu étais sérieuse par texto ce matin ? »

Le changement de sujet était tellement brutal que j'ai bien faillit lui demander de quel message elle voulait parler mais je m'en suis souvenue juste avant d'ouvrir la bouche.

« Bah oui, pourquoi pas, moi aussi je te trouve attirante.

- Ça, j'avais remarqué... T'es pas très discrète princesse, même tes parent l'ont griller tout à l'heure sur la plage ! Me dit-elle en riant.

- Mon père nous a bien vu en train de nous embrasser, il a rien dit.

- Ton père ne dit jamais trop rien, en fait, il mène sa petite vie.

- Tu crois quoi ? Il a la quarantaine mais c'est un retraité !

- Han ! T'es méchante là ! »

Elle rit une nouvelle fois et me pinça les fesses, juste où le maillot s'arrêtait. Je ris avec elle puis elle me prit la main, elle n'avait pas à craindre d'être reconnue ici. Nos doigts s'entrelacèrent, nous marchâmes ainsi, se moquant du regard des gens, certains souriaient, d'autres nous regardaient à deux fois, mais j'étais trop occupée à tomber amoureuse pour m'en soucier, pour la première fois de ma vie, je me foutais royalement de l'avis des autres. Nous fîmes demi-tour juste avant d'arriver à un endroit où il y avait une jetée, il y a bien longtemps, seuls quelques piquets de métal avaient survécus au temps et à l'érosion des vagues. Mes parents étaient si loin qu'on ne les remarquait même plus, noyés dans la masse de baigneurs et de promeneurs venus profiter eux aussi de ce dimanche ensoleillé. Nous les retrouvâmes un peu au hasard, mon père lisait un roman de gare, un polar quelconque qu'il appréciait de temps en temps, ma mère ''bronzait'' à l'ombre de son parasol. Elle seule nous vit arriver de loin, Mathilde essaya de me lâcher la main mais je la retins en serrant mes doigts doucement sur les siens. Après tout, autant annoncer la couleur directement et après le baiser d'hier... Mes parents n'étaient pas stupides. Elle nous fit signe de la main en nous reconnaissant, nous lui répondîmes de notre main libre, je la vit sourire, voilà ma mère était au parfum et cela semblait lui faire plaisir. Elle attendit qu'on se rapproche d'elle, nous tenant toujours par la main, pour pouvoir nous parler sans avoir à crier.

« Ton père connait un petit restau pas très loin, pour y manger ce midi, on y sera au calme avec ta... Petite amie. »

Elle fixait nos mains jointe, j'étais stupéfaite de leur adaptation, ''mon amie'' en partant nous promener, ''ma petite amie'' en revenant... Ils se doutaient vraiment de quelque chose mais je n'en eus la certitude qu'en observant mon père du coin de l'œil qui n'avait même pas lever le nez de son bouquin. 

Jour de grève [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant