CHAPITRE XXII

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De là où j’étais couché je voyais très clairement un soupçon de moquerie et d'amusement dans son regard. Il savait que j'avais uniquement ouvert les yeux parce que j'avais entendu le mot « surprise » dans la phrase, et il s'en amusait. Mais il faisait bien de ne pas laisser son envie de se marrer atteindre ses lèvres, parce que ce n'était pas évident que je n'explose pas, comme tout à l'heure. Je ne m’étais apparemment pas totalement calmée de ce qui s'était passé cet après-midi avec l'autre.

Maintenant debout sur mes deux pieds, je balayai involontairement ma chambre du regard, surprise et légèrement honteuse du désordre que j'y avais fait. Tout était sens dessus dessous, je m’étais comportée comme une petite fille en mettant le bazar, et si jamais il m'en voulait ?

- Ne te préoccupe pas de ça, ils nettoieront plus tard et tu retrouveras ta chambre comme avant. Viens.

Maintenant, que je l'avais en face de moi, j'étais dorénavant gênée pour ma crise d'hystérie de tout à l'heure, mais néanmoins animée par une pointe de colère.

- Mange Alexandra. Ordonna Angel en prenant sa fourchette.

Je voulu faire pareil, mais ma main était pour je ne sais quelle raison atrocement douloureuse.

Ah oui je me souviens, la gifle.

Je ne savais pas que gifler quelqu'un pouvait avoir ce contre effet négatif sur la paume.

- Je m'en doutais, fit Angel en prenant la poche de glace. Donne-moi ta main.
Je fronçai les sourcilles en signe d'incompréhension et de suspicion.

- Ta main Alexandra. Reprit-il en me fixant de ses yeux d'acier voyant que je ne m’exécutais pas. Comme hypnotisée par son regard et sa voix, je soulevai ma main pour la lui donner. Il desserra mon poing pour déposer dans ma paume la poche de glace qu'il tenait.

Le contact du plastique froid associé à la délicate brûlure que provoquait ses doigts sur mon poignet me firent frémir.

Et comment je vais pouvoir couper mon repas?    
Mais Qu'est-ce qu'il fait ?

- Cesse de me regarder ainsi et ouvre la bouche Alexandra.

La cuillère proche de la frontière de ses lèvres scellées, Alexandra l'observait intensément. La manière qu'elle avait de le regarder le mettait toujours aussi mal à l'aise, il avait l'impression que ses pupilles colorées étaient en train d'essayer de sonder les moindres recoins de son âme, et il aimait, et détestait à la fois cette sensation d'être ainsi mis à nu.
Mais d'un autre côté, il était content car elle avait gagné en assurance pour oser le fixer de la sorte sans même rougir. La cuillère à ses lèvres n’avait pas bougé, et elle aussi ne bougeait pas, ne cillait pas, Christopher voyait dans ses yeux et sur ses mimiques faciales, que son cerveau tournait à plein régime, il arrivait même à percevoir quelques faibles éclats de colère.

La discussion aurait lieu plus tôt que prévu.

Moi qui croyais pouvoir me soustraire aussi longtemps que possible à cette séance d'excuses, mais c'était apparemment mal connaître la ténacité de la jalousie féminine. Avec elle je ne pourrais pas me cacher derrière l'ambiguïté des mots, il me faudra être clair, dans le cas contraire, au vu de son manque d'expérience elle sera encore plus perdue. J’allais donc devoir me départir de toute fierté masculine et m'excuser auprès d'une femme. Une chose que je ne faisais qu’avec elle. Je reposai pour ce faire le couvert dans l'assiette sous son constant regard pénétrant.

- Je suis désolé pour ce qui s'est passé cet après-midi. Je ne voulais pas te mettre dans une pareille situation.

Elle me regardait toujours dans le blanc des yeux en attendant que je poursuive mon discours. Elle n’allait me laisser aucun répit.

Parle MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant