CHAPITRE LXI

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Je venais de sortir de sous la douche quand j'entendis du bruit dans la chambre. Il s'agissait sans doute d'Angel, il était dans le dressing quand je suis arrivée il y'a quelques minutes. Je ne l'avais pas cherché parce que la petite étincelle de colère était devenue un brasier. Il n'avait demandé aucune nouvelle de moi aujourd'hui. Je sorti de la salle de bain, il m'attendait de pieds fermes près du lit, dans un pantalon bleu cobalt avec une chemise blanche boutonnée aux trois quarts. Il était magnifique à son habitude, mais je repris mes pensées et je le contournai comme si je ne l'avais pas vu. Je m'en allai m'asseoir tout bonnement devant ma coiffeuse afin de m'enduire le corps de crème de nuit tout en continuant de l'ignorer. De mon miroir, je le vis se rapprocher les mains dans les poches jusqu'à s'arrêter à une distance raisonnable derrière moi.

- Pourquoi tu me boudes, demanda-t-il simplement.

Je ne le répondis pas et je continuai à m'appliquer dans ma tâche.

- N'as-tu pas passé une assez bonne journée ?

- Ça tu l'aurais su, si tu avais daigné me passer un seul coup de fil aujourd'hui !

Un ange passa, en alourdissant le silence.

- Tu m'en veux parce que je t'ai laissé tranquille quelques heures ?

C'est vrai que dit comme ça ma colère semble être totalement injustifiée, mais il n'est pas question que je laisse cela paraître.

- Tu ne m'as même pas envoyé un message pour savoir si tout allait bien. Tu trouves ça normal m'irritais-je en me levant de mon siège pour le regarder dans les yeux.

Et comme d'habitude, je n'y voyais rien qui pourrait m'aiguiller sur ce qu'il pense. Un vrai mur.

- Alexandra, je savais que tu allais bien parce que je suis au courant de tout ce que tu as fait aujourd'hui.
Les bras croisés sous ma poitrine, je le fixait dubitative.

- Vingt minutes après ton cours, tu es parti avec Carla dans une boutique de lingerie, où vous avez passé plus d'une heure. Après ça, même si je ne sais pas pourquoi tu y as mis les pieds, vous êtes allés dans une boutique de sextoys où vous avez passé moins de quarante-cinq minutes. De là vous êtes allés en taxi chez elle, elle a commandé deux pizza, une quatre saisons si je ne me trompe pas, et elle a fait livrer une bouteille de vin que vous avez sans doute dû terminées. Et aux dires de celui qui était censé te surveiller, vous avez beaucoup ris devant une émission télé. Aurais-je oublié quelque chose demanda Angel avec son éternel assurance.

Te voilà bien bête maintenant, chuchota la même petite voix qui me poussait il y'a peu à la dispute.

- Il y'a quelqu'un qui me surveille, demandais-je en me raccrochant à la dernière raison de dispute que je trouvais.

- Plus exactement, il y'a deux personnes qui te surveille mon ange, fit-il d'une voix sérieuse.

- Et depuis quand ?

- Depuis que tu as mis les pieds dans cette maison. Dès que tu mets les pieds hors de la chambre ils te surveillent.

- Ils ont ordre d'avoir un œil sur toi, sans se faire remarquer tant que le besoin ne se fait pas sentir.

- Je suis une prisonnière, demanda Alexandra d'une voix basse.

Le masque imperturbable d'Angel se fissura et je vis à quel point le revers de cette insinuation l'avait blessée. Il fit involontairement un pas en arrière, comme si ce que je venais de dire l'avais bousculé. Et je m'en suis immédiatement voulu d'être la cause de cette tristesse

Parle MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant