CHAPITRE XXVII

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Ses paupières papillonnaient, mais elle ne voulait pas céder à la fatigue qui s'était installée vers la fin de notre repas. Ma gouvernante était venue débarrasser mon bureau de tout ce qui n'y avait pas sa place il y'a déjà une bonne vingtaine de minutes, et jusqu'à présent aucun de nous n'avait bougé de son siège. Je pensais qu'elle s'en irait après avoir fini, mais elle était restée, dorénavant assise à se triturer les doigts. Ce n'est pas moi non plus qui allait lui demander de s'en aller, sa présence m'étais trop agréable. C’était donc sous ses quelques regards pénétrant que j'avais essayé, je dis bien essayé de travailler. Et une heure après, j'étais toujours en train d'essayer, étant donné que toutes mes pensées et envies étaient redirigées vers ce petit bout de femme assis sur ma gauche. La tête reposée sur ses bras croisés, elle avait fini par déposer les armes et elle s'était endormie sur le rebord de ma table.

Même endormie, je la trouvais toujours aussi jolie.

- Alexandra, l'appela Christopher en lui caressant la joue. Réveil toi. Il se fait tard et il est temps de monter te coucher.

J'ouvris difficilement les yeux alourdis par la fatigue, néanmoins prête à lui faire comprendre que je ne dormais pas, ni n'avait sommeil. J’étais bien à ses côtés, et il était hors de question que je monte faire face à mes multiples cauchemars. Je préfèrerais encore combattre ma fatigue pour rester éveillée avec lui. Il n'insista pas sur le champs face à mon faible refus, mais je le voyais de temps en temps sourire, amusé par les vaines tentatives que je faisais pour garder les yeux ouverts.

- Mon ange, je suis certain d'être de très bonne compagnie, mais ne crois-tu pas qu'il est maintenant temps d'arrêter de résister, et de monter te coucher ?

Cette voix virile qui m'ordonnait de monter dormir m'avait manquée. J'aimais le laisser diriger mes choix, mais cette fois-ci, monter pour subir une fois de plus mes cauchemars était au-dessus de ma volonté. Deux mois et demi de torture nocturnes, c'étaient suffisant et je ne pourrai pas encaisser une seule nuit de plus. Je lui fis donc un non ferme de la tête, bien décidée à rester ici. Je ne voulais plus revoir leurs visages, ni entendre leurs voix. Ça faisait bien trop mal.

- Mais tu trembles, qu'est-ce que tu as ? Tu te sens mal ? Me demanda-t-il d'une voix où on devinait de l'inquiétude.

Je lui fit un signe affirmatif de la tête les larmes aux bords des yeux.

- Tu es malade ou t'es-tu fais mal quelque part sur le corps ?

Si seulement ça pouvait être uniquement mon corps qui était meurtri. 

Les yeux baissés, je me hâtai de lui faire non de la tête pour qu'il ne s'inquiète plus de la sorte. Il expulsa un petit soupir de soulagement puis il releva délicatement mon menton de sorte à ce que je puisse le fixer. Il me regarda longuement dans les yeux comme s’il voulait y lire directement la réponse à sa question muette. J’étais hypnotisée, intimidée mais également apaisée par ses pupilles grises aussi dures que du silex, j'avais l'agréable sensation qu'il entretenait une discussion avec mon moi profond.

Il se reconnectait à notre lien.

- Je vois, chuchota-t-il au bout d'un certain temps. Veux-tu que je monte me coucher avec toi ? Me demanda Angel avec tout le sérieux du monde.

Les yeux brillants de soulagement, et d'une joie bridée, j'acquiesçai lentement de la tête.

Lui, me comprenait. 

Attirée par l'intensité de la lumière du soleil qui entrait dans ma chambre, j'émergeais doucement de mon sommeil en passant automatiquement mes mains sur l'endroit où il était couché hier, puis j'ouvris mes yeux en plusieurs étapes pour le chercher. La première chose que je remarquai donc avec regret, c'est que j'étais maintenant couchée de son côté, mais que lui n'était plus dans mon lit. L'oreiller portait toujours les traces de son odeur, preuve qu'il était vraiment avec moi. La nuit dernière, il n'avait à aucunement pas essayé de profiter de la situation. Allongé sur le dos avec un de ses bras calé derrière sa nuque, il m'avait recueilli sur son torse ferme et m'avait embrassé sur le haut de crâne pour me souhaiter bonne nuit. Bercée par ce baiser et par les légers mouvements de ses doigts sur mon dos, je m'étais laissée sombrer dans les profondeurs du sommeil. Et si je le pouvais, je recommencerais avec plaisir la nuit que je venais de passer, car elle était la plus reposante que je n’avais jamais eu en plus de deux mois. Pas de cauchemars, pas de rêves, pas de crises d'angoisses au milieu de la nuit, ou de sueurs froides, juste moi entrain de dormir comme le ferait un bébé. Le calme de cette nuit était la confirmation qu'Angel était sans aucun doute mon attrape-rêves et que sa présence arrivait à me rassurer même quand je dormais. Dès à présent complètement réveillée, je m'étirai d'aise en roulant sur moi-même pour quitter le lit. Le sourire aux lèvres et à peine debout les pieds au sol, j'entendis la voix rauque d'Angel fendre le silence en me faisant sursauter.

Parle MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant