On dit que le chemin du retour semble toujours plus court que celui de l'aller. Et bien, c'est ce soir que je me rendis compte à quel point cette affirmation étrange pouvait être vraie. La tension dans la voiture avait été indescriptible, et cela dans le sens où je ne pouvais pas trouver d'autres termes pour définir ce qui régnait. Il y'avait un mélange de trop de d'émotion pour que je dise laquelle était prédominante. Angel et moi nous étions dorénavant dans l'ascenseur qui nous menait au quatrième étage. Arrêtée dos à lui, je percevais la chaleur de son regard sur moi. Et une fois encore je ne saurai mettre des mots la sensation présente entre nous. Aucun de nous n'avait dit un seul mot depuis qu'il avait décrété qu'on rentrait.
Dès que les portes s'ouvrirent, étant celle qui était la plus proche de la sortie, je quittai la première à l'intérieur de cette cage en métal. Je marchais d'un pas lent à travers le long couloir éclairé et je l'entendais me suivre de près. Il me suivait comme si c'est moi qui le tenais par une corde invisible. D'une main tremblante, je tournai la poignée de la porte que j'avais pourtant mainte et mainte fois ouverte. La pièce n'était pas éclairée et d'un geste toujours hésitant j'y mis de la lumière.
Je m'avançai au milieu de la chambre, puis j'entendis la porte se refermer d'une oreille distraite, et chaque fibre de mon corps qui me criaient qu'il avançait maintenant vers moi. Nous savions tous les deux pourquoi on était rentrés précipitamment. Je n'avais pas besoin d'un dessin. Ses pas se rapprochèrent dans une lenteur hors du commun. Il ne me touchait pas, mais son souffle chaud, venait dorénavant percuter l'arrière de ma tête, en me faisant frissonner.
Je serrai nerveusement les mains tremblantes, le doux manteau de fourrure que j'avais sur le dos, manteau qui ne faisait qu'accentuer la chaleur de mon corps. Mes joues s'échauffaient signes, qu'elles rougissaient comme jamais. Je ne le voyais toujours pas, mais je pouvais aisément deviner les couleurs qu'avaient revêtus ses pupilles grises, et je savais également ce qu'il avait dans la tête. Je peinais à respirer. Sa présence derrière moi était tellement pesante qu'elle semblait aspirer toute l'air ambiante.- Tu sais ce qui va se passer, murmura-t-il d'une voix basse et chaude.
Toujours dos à lui j'acquiesçai lentement de la tête, avant de laisser tomber le manteau à mes pieds. Mon dos nu percevait la chaleur qui émanait de lui.
L'attente de ce qui allait suivre exacerbait mon désir. Mon imagination partait dans tous les sens. Il passa son doigt en remontant du creux de mes reins, jusqu'au ras de ma nuque, en provoquant un fourmillement dans tout mon corps. Je ne sentais plus la froideur de la chaînette sur mon dos, je présume donc qu'il l'avait détaché.
- Tu es certaine Alexandra ?
Une fois de plus j'acquiesçai pour lui donner mon accord.
Au bout de quelques secondes, il posa enfin ses lèvres chaudes sur mon épaule dénudée. Une vague d'électricité me balaya en me donnant la chair de poule. Les yeux fermés, je reteins le gémissement qui voulait s'échapper de ma gorge.- Retourne-toi, je veux te voir, ordonna Angel d'une voix roque.
À force d'être restée sans bouger aussi longtemps, mes jambes mirent du temps avant de me répondre. Je soulevai le bas de ma robe, et ce sont les jambes flageolantes que je me mis face à lui en titubant presque. Je tombai nez à nez avec lui, et la nouvelle hauteur que me donnait mes chaussures faisait que j'avais ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Ses yeux gris louchaient sur mes lèvres rouges entre-ouvertes. Je sentais son désir et je me réjouissais de l'intérieur de savoir que c'est moi qui provoquait cette état chez lui. Mais je voyais également dans son regard, un brin d'hésitation qui pourrait bien venir tout gâcher.
Il réfléchissait, il se demandait sans doute si je me sens prête ou si je voulais juste lui faire plaisir. Et s'il s'engageait sur ce terrain-là, ce ne serait pas bon pour moi.
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Parle Moi
RomanceQue faites-vous quand à douze ans votre vie est réduite en cendre sous vos yeux impuissants? Que faites-vous quand l'avenir qui se dessine petit à petit devant vous, semble être la représentation d'un enfer permanent taillé juste pour vous? Que fa...