Alexandra sursauta en manquant de faire tomber le cadre, quand la voix basse et neutre de Christopher troubla brusquement le silence dans lequel elle était entouré. Au ton employé, elle ne sut s’il était en colère où juste mécontent de l’avoir trouvé dans cette pièce où lui-même passait très peu de temps.
Qu'est-ce que je fais maintenant moi ? Comment je vais justifier en silence ma présence ici ?
Ne sachant pas la réponse à ces deux questions, je ne bougeai plus. J'attendis qu'il fasse le premier pas, afin que je sache ce qui m'attendait.
Le silence se réinstalla au point que j'entendais de nouveau le bruit de l'aiguille des secondes faire tic-tac. Je fini par croire qu'il était parti, et je redéposai le cadre d'une main tremblante à sa place. Mais à peine que ce dernier eût touchée le bois verni de la table, qu'Angel tendit le bras pour le récupérer. Je m'hasardai à lever mes yeux vers lui. Il regardait la photo, avec une expression contrastée. C'est comme si le simple fait de la voir le torturait et le faisait plaisir à la fois.- C'est Christophe, ou plutôt c'était Christophe, mon frère jumeau, se reprit-il d'une voix teintée d'une profonde tristesse, qui se dessinait également sur son visage.
Tout comme moi il avait perdu un être cher, la personne qui était littéralement sa moitié. Il savait donc ce que ça faisait d'avoir dans la poitrine un trou béant qu'on ne savait comment, ou avec quoi le refermer.
- Il est mort d'un cancer du cerveau il y a neuf ans, à l'âge de vingt-trois ans. Très exactement un jour après notre vingt-troisième anniversaire.
Le ton de sa voix était de plus en plus basse, jusqu'à en devenir un souffle. En parler pour lui était très clairement une chose difficile, mais il faisait un effort parce qu'il savait que je devais en apprendre plus sur lui. Lui il faisait l'effort de me parler de ce qui le touchait plus que tout, et moi je ne pouvais même pas dire un seul mot pour le consoler. Ce sentiment d'impuissance me déchirait de l'intérieur.
- Mon aîné de cinq minutes trente-trois secondes. C'est d'ailleurs lui qui m'a permis de devenir celui que je suis aujourd'hui. C'est quelqu'un de bien... désolé, je voulais dire que c'était quelqu'un de bien. Il t'aurait sans aucun doute apprécié.
Il sourit tristement puis il remit le cadre a sa place, avant de me prendre par la main.
- Ce n'est pas bon pour toi d'entendre des choses aussi sombres. Et il n'aurait pas apprécié que je te noie de toute cette tristesse aujourd'hui.
Je voulus le faire comprendre que ça ne me dérangeait pas de l'écouter parler de son frère. Au contraire, j'aimais apprendre à le connaître, et cela que ce soit beau ou triste. Mais je n'en n’eus pas le temps, parce que dès qu'on eût quitté le bureau, cette partie vulnérable de lui, s'était refermée comme par magie, et j'avais de nouveaux en face de moi, l'homme doté d'une confiance absolue en lui, et qui d'apparence, n'avait aucune faille dans son armure étincelante.
- J'ai quelque chose pour toi, me dit-il en m'amena sur le lit, où une boîte de taille moyenne m’attendait emballée dans un papier cadeau de couleur blanche. Tu ne croyais pas quand même que je n'allais pas t'en offrir un, s'enquit-il quand il vit ma surprise.
Sans attendre qu'il lui en donne l'autorisation, Alexandra s'installa sur le rebord du lit, et avec des doigts fiévreux et le cœur battant la chamade, elle ouvrit précipitamment la boîte, sous le regard rieur de Christopher. À l'intérieur, il y'avait deux autres boîtes. Elle récupéra la première, et ce qu’elle y trouva allait bien au-delà de ce qu’elle avait pu imaginer.
Il s'agissait d'un bijou en platine avec un pendentif qui représentait un magnifique oiseau perché sur la lettre "T". Les bordures du "T", ainsi que les ailes de l'oiseau étaient parsemées de pierres précieuses, qu’elle devinait être du diamant, et l'œil du volatile était fait avec une pierre verte. Sans la toucher, Christopher lui prit le bijou des mains, et avec une grande délicatesse, il le passa autour du cou à la couleur diaphane d’Alexandra.

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Parle Moi
RomanceQue faites-vous quand à douze ans votre vie est réduite en cendre sous vos yeux impuissants? Que faites-vous quand l'avenir qui se dessine petit à petit devant vous, semble être la représentation d'un enfer permanent taillé juste pour vous? Que fa...