Perdue aux abords de la conscience, je sentais que le brouillard dont j'étais entouré s'estompait peu à peu. Je parvenais dorénavant à entendre une voix rauque, qui étonnamment arrivait à m'apaiser. Cette voix appartenait à un homme, de ça, j'en étais certaine.
Plus le temps passait, et plus je me rapprochais doucement du bout du tunnel sans pour autant en voir la fin. J'avais l'impression d'avoir été lestée à du plomb, puis jetée au fond de l'océan. Même un bébé dans le sein de sa mère avait plus de motricité que moi à cet instant. Emprisonnée ainsi dans mon propre corps, je m'efforçais de le faire mouvoir, mais ce dernier ne me répondait pas normalement. Mes paupières, elles, toutes aussi lourdes que l'était le reste de mon corps, ne pouvaient être déployer correctement, ni même soulevée.
Réveille-toi !
Mes globes oculaires dansaient avec acharnement sous mes paupières, mais rien de plus ne se produisait. Après plusieurs essais tous infructueux, je réussis finalement à relever le rideau de mes yeux pour immédiatement les refermer, attaquée par les rayons lumineux.
Tout était si calme...
Consciente, mais gardant les yeux clos par contrainte, je pris quelques secondes, puis réessayai, en forçant mes yeux à s'habituer à cette intense exposition lumineuse. Ma première image était très floue, et je n'arrivais pas à garder les yeux ouvert plus de cinq secondes à cause du marteau piqueur qui semblait avoir soudainement élu domicile dans ma tête.
Pour la première fois depuis longtemps, je sentais que tout mon être baignait dans une étrange sérénité, et quelque chose me chuchotais que je pouvais garder les yeux fermés, et me rendormir, mais je ne supportais pas de ne pas savoir ce qui se passait. Aussi, pour pousser mes yeux à jouer amplement leur rôle d'éclaireurs, je pris une petite inspiration, et les ouvrit en grand en faisant abstraction des protestations de ces derniers. Ma vision, toujours floue, s'éclaircie au bout de quelque temps, et comme je m'y attendais, je ne reconnue pas la pièce qui se présentait à mon regard.
Vaste, et peinte en blanc cassé, cet endroit qui m'étais complètement étranger, avait de grandes fenêtres en verre qui laissaient entrer à fortes doses les rayons du soleil. Ne réussissant toujours pas tourner la tête aisément, je dû forcer sur l'action de mes yeux, afin de balayer autant que possible les lieux.
Cette riche décoration, toute cette lumière, ce grand espace, et ce lit...
Ça ce n'est pas mon sous-sol, c'est certain.Gênée par une petite douleur que je ressentais au bras, j'y déposai mon regard embrumé, et la vue de l'aiguille plantée dans mon bras, reliée à un fil translucide, qui lui-même était relié à une poche contenant un liquide, m'arracha un sourd gémissement de protestation.
Ou suis-je, et qu'est-ce qui s'est passé ?
J'essayai de me rappeler, mais à chaque essaie que je faisais, la douleur lancinante dans ma tête devenait encore plus criarde, comme si on m'enfonçais une aiguille directement dans le crâne. Mon organe chargé de la gestion de ma mémoire marchait au ralentis.
Couchée les yeux ouverts, et les bras reposants gracieusement le long de mon corps, je lui laissai du temps, puis doucement, les blancs dans ma tête disparurent, comblés par de multiples souvenirs, tous plus douloureux les uns des autres. Les miens.
Le flash-back de ma triste vie défilait par morceaux à vive allure devant moi. Je revoyais tout, et surtout, je ressentais de nouveau tout.
Ma captivité, et mon meurtre...
Ma tentative d'évasion, la forêt...
Ma chute sur ce sol froid et les hommes qui s'étaient lancés à ma recherche...
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Parle Moi
RomanceQue faites-vous quand à douze ans votre vie est réduite en cendre sous vos yeux impuissants? Que faites-vous quand l'avenir qui se dessine petit à petit devant vous, semble être la représentation d'un enfer permanent taillé juste pour vous? Que fa...