CHAPITRE V

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Alexandra se retourna et lança un regard voilé de tristesse et de suppliques aux trois personnes dans la pièce avant de se retourner vers la porte que Marco avait ouverte pour elle.

Je vois. Je suis seule, pas une seule personne ne m’aidera. Il faut vraiment tout faire soi-même.
Je me mis à avancer à reculons vers la porte. J’avais les pieds qui à force d’être habitués à la liberté commençaient à me faire mal.
Les chaussures c’est pas trop mon genre, et vu que j’avais passé des années pieds nus on ne peut pas dire que j’avançais à la vitesse de la lumière. 

On parcourait un couloir auquel je faisais attention afin de pouvoir me retrouver, quand tout au bout on descendit des marches pour afin se retrouver dans le vestibule par lequel j’étais passé il y’avait 9 ans de cela. La porte pour la liberté était juste à quelques mètres de moi. Je n’avais qu’à faire quelques pas pour sentir l’air frais de cette liberté sur mes joues.

— Accélère le pas. On ne va pas y passer toute la nuit me cracha Marco.

J’aimerais te voir marcher vite sur des échasses pareilles rouspéta intérieurement Alexandra.
Si je me souviens bien, ce chemin mène à la salle à manger. Et avant d’avoir terminé ma pensée, la porte s’ouvrit sur Félix assis à table exactement comme il y’a 9 ans de cela. 

Que de mauvais souvenirs donc songèrent-ils amèrement.

La pièce n’avait pas du tout changé. Et avant que je m’en rende compte, Marco était sorti en me laissant seule devant une porte close.

— On peut dire que cette tenue te change de tes haillons habituels. Viens à table pesta-t-il.

Et comme à mon habitude je ne bougeais pas d’un millimètre.

— Mets-toi à table si tu ne veux pas que ce mariage commence par des violences conjugales me dit-il d’une voix trop calme.

Je m’avançais lentement et me mis à l’autre bout de la table, c’est-à-dire très loin de lui.

Dès que je m’installai, une servante venue de nulle part commença à me servir un repas, qui par l’odeur semblait appétissant.

— Mange proprement, et en utilisant les couverts. Tu dois au moins te souvenir de comment on fait.
Doucement, je pris la fourchette et le couteau, en essayant de calmer les tremblements de mes mains et me mit en manger le plus normalement possible. Et comme je m’y attendais, ce repas était un vrai régal pour mon palais.

Félix, quant à lui, mangeait sans un seul regard vers moi, chose qui me plût énormément, car pour autant que je sache, ce diner était le seul rempart entre lui, moi et mon mariage forcé, donc je faisais tout pour le faire durer autant que possible, mais c’était sans compter sur Félix.

— Lève-toi, on va passer aux choses sérieuses me cria-t-il dessus en me faisant légèrement sursauter.

Je pris mon temps pour me mettre debout près de ma chaise, pendant que l’horloge murale sonnait pour nous donner l’heure.

— Suis-moi, et ne tente rien de stupide si tu ne veux pas finir avec une balle en pleine tête.

Vu au point où j’en suis, ce n’est pas quelque chose qui me déplairait. Se dit Alexandra avec amertume.

Il passa devant moi et je le suivis en mettant une bonne distance entre nous. Il repassa par le vestibule, prit les deux escaliers tournants qui se trouvaient au fond.

Plus on avançait et plus je regardais derrière moi la porte qui me narguait en s’éloignant de plus en plus.
Il me conduisit au deuxième étage, dans une très grande pièce richement décorée, au milieu de laquelle trônait un énorme lit.

Parle MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant