CHAPITRE XXV

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Notre petit-déjeuner avait pris fin depuis une bonne dizaine de minutes, et aucun de nous n'avait décroché un seul mot. Pour être plus précise, Angel n'avait pas décroché un seul mot, ni même un seul regard. Il avait beau n’être qu’à quelques centimètres de moi, je voyais à son regard perdu au loin, que c'est uniquement son corps qui était là, son esprit lui, vadrouillait dans un endroit qui m'était inaccessible.

Je n'appréciais pas cette nouvelle barrière qu'il avait installée, surtout après ce qui c'était passé hier nuit dans sa chambre. Je ne savais pas vraiment à quoi je m'attendais aujourd'hui quand je le verrais, mais ce qui est certain, c'est que cette distance n'était apparemment pas dans mes pronostics.

Tout le long du repas il, s'était comme déconnecté de notre lien habituel, il semblait réfléchir et là, il avait les traits de celui qui allait bientôt donner son verdict. Verdict, qui sans nul doute, allait plomber le peu de moral que j'avais justement construit depuis hier.

La peur de mon probable départ me nouais l'estomac. À chaque fois qu'il réfléchissait, l'épée de Damoclès que j'avais au-dessus de la tête se faisait de plus en plus proche.

- Alexandra il faut que je te parle, entama Angel d'une voix basse.

Oh non… on y est.  

- Je voudrais m'excuser auprès de toi pour le comportement grossier dont j'ai fait preuve hier nuit. Je n'aurais pas dû tirer profit de ton inexpérience.

Mais de quoi parlait-il ? il n’avait en aucun moment profité de moi.

Ses traits étaient tirés, teintés de culpabilité, sa voix était sourde virile et il me parlait comme s'il avait volé mon âme ou un truc dans ce genre. Mon cœur se serrait de savoir qu'il se sentait coupable pour un truc pour lequel j’étais en grande partie impliquée. C'est vrai que je ne savais pas ce qui m'était arrivé, ni ce qu’il pouvait bien le laisser croire ça, mais il ne m'avait obligé à rien, et si jamais je n’avais pas voulu de ce qui s'était passé hier je l'aurais fait savoir avec un brin d'agressivité. Félix pourrait en témoigner s'il était toujours de ce monde.

Je l'entendis prendre une profonde inspiration avant de poursuivre et les braises de son regard gris brûlait mes paupières baissées.

- Je ne vais pas te mentir, ni enrober les choses. Tu es un femme exceptionnelle, incroyable, douce, gentille, et tu es pour moi la femme la plus belle que je n'avais jamais vu, et la personne la plus forte que je connaisse. En dépit de ce qui t'ai arrivée, tu es quand même parvenue à garder une dignité et une grande force intérieure, et tout cela est tout à ton honneur. Jamais je n'aurai dû profiter de ton innocence dans ce domaine, sache que cela ne se reproduira plus. Conclut Angel en me regardant droit dans les yeux.

Où est-ce qu'il veut en venir ?

Il me parlait d'une manière lente et calme, aucune octave de sa voix ne dépassait l'autre. Il respirait la sérénité, et la paix intérieure, tandis que moi, j'étais semblable à un volcan sur le point d'entrer en fusion.

- Alexandra tu me plaît énormément. Tu m'attires en tant que femme, et je veux et désir ardemment la femme que tu es. La nuit dernière n'a fait qu'exacerber ce que je savais déjà, mais ça m'a aussi permis de faire face au fait que tu ne savais probablement pas ce qui t'arrivais.

Mon cerveau était devenu sélectif dans les informations qu'il me donnait, et donc tout ce que j'avais entendu était qu'il voulait la femme que j’étais, malgré le fait que je sois en mille morceaux au fond de moi. Je me sentais soulagée d'un poids même si je ne savais pas lequel et mon cœur vibrait en accord avec ce calme. Il me désirait, c'est tout ce qui comptait, et toutes les autres phrases n'étaient que du blablas qui ne m'intéressait pas.

Parle MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant