Durant tout le trajet Christopher n'avait pas dit un seul mot, si ce n’était, bonsoir, et elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il était en colère. La tension dans le véhicule était palpable, et dès que la voiture stationna enfin sous le porche du manoir, après plus de trente minutes de circulation, ce fut lui qui en sortie le premier. Elle ne supportait pas de le savoir si distant, et encore moins si c’était elle qui en était responsable comme elle le pensait. Les mains dans le dos, elle le suivit donc en veillant à mettre une bonne distance pour qu’il ne s’aperçoive pas de sa présence. Ses pas la menèrent jusqu’au deuxième étage, lieux où elle perdit sa trace, ouvrir les portes une à unes, et il saurait qu’elle le poursuivait, et ça elle ne le voulait pas. Elle ne voulait pas être le genre de fille constamment sur le dos de leur copain, enfin, pas plus qu’elle ne le faisait déjà. La mine triste, Alexandra voulut rebrousser chemin, quand plusieurs bruits de percussions parvinrent à elle. De sa faible expérience, elle réussit à reconnaitre l’instrument de musique qu’elle entendait : de la batterie. Avec les dernières énergies qui lui restaient, elle suivit le son jusqu'à la dernière pièce entrebâillée tout au fond. Lentement, elle la repoussa, pour enfin le voir. Elle soupira de soulagement, comme si le simple fait de le voir, était suffisant pour l’apaiser elle.
La veste et la cravate au sol, les yeux fermés, et les manches de sa chemise blanche retroussés pour faciliter ses mouvements, Christopher tapait sur les tambours avec vivacité tout en suivant un rythme endiablé que lui seul entendait. Il était complètement immergé dans sa bulle, s’entourant ainsi d’un calme trompeur. Tous ses gestes étaient coordonnés, ordonnés et le tableau qu'il formait à cet instant était juste parfait pour les pauvres yeux d’Alexandra qui ne voyaient que lui, c'est comme si toutes autres images périphériques avaient été effacées.
Un filet de sueur perlait sur son front, et ses muscles tendus sous l'effort, étaient encore plus volumineux sous sa chemise. Adossée au mur qui semblait vibrer à chaque coup, Alexandra se laissa emporter par la force, et la beauté de cette musique. Elle n'a jamais été une fan de cet instrument de musique en particulier, mais aujourd'hui, c'est comme si elle l'entendait sous un nouveau jour, Christopher exprimait sa frustration, et son cœur à elle, battait au rythme des coups de tambour. Elle sentait sa colère à chaque coup qu'il donnait, et elle se prit à détester la personne qui l’avait mis dans cet état. Depuis combien de temps elle était là à le regarder, ça elle ne saurait le dire, mais bout d'un certain temps, elle ferma les yeux tout comme lui, afin de mieux s'imprégner de ce son sauvage.
Puis quand la dernière cymbale retentit, je sus qu'il avait fini. J'ouvris alors les yeux et je tombai sur ses pupilles grises qui me fixaient intensément. Il me regardait sans ciller avec tendresse, et avec aussi une peur que je ne comprenais pas. Il me fit ensuite un doux sourire, et je sus que mon homme m'était revenu. Un pied devant l'autre, je m'avançai comme poussée par une force d'attraction jusqu'à lui, pour lui faire face. Il se recula, m'attira doucement sur ses cuisses et m'enlaça. Il sentait le mâle, et était recouvert de sueur, mais je n'en n'avais que faire, je l'avais enfin récupéré.
- J'ai été seul pendant des années, au point d’oublié comment gérer mes colères pour que mes proches n’aient pas à les subir. J'ai passé une très mauvaise journée, et je ne voulais pas avoir à faire, ou à dire quelque chose qui t'aurais blessé, d’où ma distance.
Blottie contre lui, et enveloppée par sa voix calme, sa chaleur et son odeur, Alexandra lui fit savoir qu’elle comprenait. C'est sa manière à lui de s'excuser, et ça la suffisait, même si elle n'en n'avait pas besoin, étant donné qu’elle avait tout oublié dès l'instant où elle était entrée dans cette pièce.
- Alors tout s'est bien passé à ton cours ? Tu as passé une bonne journée ?
Les yeux fermés, j'acquiesçai une fois de plus. Ma journée a été bonne, vu que j'avais maintenant deux autres numéros dans mon téléphone. En plus du sien, il y'avait celui de Carla et de Jason.

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Parle Moi
Storie d'amoreQue faites-vous quand à douze ans votre vie est réduite en cendre sous vos yeux impuissants? Que faites-vous quand l'avenir qui se dessine petit à petit devant vous, semble être la représentation d'un enfer permanent taillé juste pour vous? Que fa...