Chapitre 15

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« Ça te dérange de passer la nuit chez moi ? »

Point de vue de Justin

Je tirai un coup sur ma cigarette, laissant la fumée s'échapper de mes narines. Mon téléphone sonna une fois, puis deux. Je ne bougeai pas et profitai de cet instant de tranquillité, la cendre tombant à mes pieds. Je recrachai le nuage gris qui, autrefois, me brûlait la gorge.

Je me détendais, le tabac m'aidait parfois à oublier.

Néanmoins, je me jurai qu'après cette cigarette je me calmerai avec cette merde qui me niquait les poumons.

Mon téléphone sonna une troisième fois, gâchant ces ultimes minutes avec ma clope.

Je jetai mon mégot avec rage. Je n'avais donc vraiment pas le droit à mon moment de calme ? J'attrapai mon portable calé auparavant entre deux énormes bûches que j'avais installées un peu plus haut dans l'arbre. Mon jardin secret ressemblait plus à une cabane qu'un simple végétal. J'y avais instauré tant de choses pour être à l'aise.

- Quoi ? dis-je en priant que ce ne soit pas ma mère.

J'aurais dû vérifier qui m'appelait à plus de trois heures du matin.

- Jay, t'es chez toi ? demanda une voix que je connaissais très bien.

- Putain, Tay, tu fais chier. Qu'est-ce que tu veux ?

- C'est Ashley, répondit-il presque tristement.

Je tressaillis à l'entente du prénom.

- Eh bien, quoi ? Tu l'as embrassée ? C'est bon ?

Impatient, je lançai mes questions spontanément. J'avais bizarrement envie de savoir si Ashley avait cédé à ses approches ou non.

- Rejoins-moi au parc. Maintenant.

Et il raccrocha, ne me laissant pas le temps de répondre.

- Fait chier, grognai-je.

Je saisis une branche avant de me suspendre à celle-ci avec la force de mes deux bras. Je relâchai prise, atterrissant sur l'herbe fraîche. Je chopai ma veste et l'enfilai avant de me rendre à ma voiture garée à une centaine de mètres plus loin. Une légère brise se fit sentir, balayant son souffle froid sur mon visage, mais mes mains devinrent chaudes quand je montai et démarrai mon auto, ne perdant pas de temps.

Il n'y avait pas un chat dans les rues de ce coin de la ville et j'en tirai profit en grillant presque tous les feux. Si les flics traînaient plus souvent ici, ça ferait longtemps qu'ils m'auraient arrêté. Je m'arrêtai devant le grillage vert au bout de dix minutes. Le parc était désert. Seule une silhouette obscure s'y dressait. Je claquai la portière puis me dirigeai vers la masse noire, devinant facilement à qui cette carrure appartenait.

- Qu'est-ce qu'elle a encore fait ? ris-je tandis que je m'approchai de mon meilleur ami.

Je m'attendis à ce qu'il la défende, mais il n'en fit rien. Lorsque je lui fis face, il leva enfin ses iris vers moi. Son regard était empli de haine. Ses yeux rougis me transperçaient, comme s'il venait de pleurer. Il se redressa de l'arbre où il était adossé. N'ayant pas besoin de lui forcer la main, je ne dis rien, il allait lui-même céder à ouvrir la bouche. Je lui signalai d'un mouvement de tête de m'expliquer et il ne se fit pas prier.

Il cracha ses mots, m'annonçant alors que c'était fini et qu'il ne voulait plus entendre parler d'elle. Ashley aurait - d'après le récit de Taylor - joué avec lui et ses sentiments. Une pointe de douleur se faisait ressentir dans la voix de mon meilleur ami alors qu'il m'énonçait comment elle avait détourné le baiser. Il me décrit le visage de la brune à ce moment, un visage désolé et dérangé, sauf que lui ne le prenait pas comme ça. Puis elle était partie sans un dernier regard, elle avait seulement ouvert la porte de sa maison et l'avait claquée. Taylor pensait qu'elle n'avait pas eu de remords, mais moi je savais que c'était faux.

Patience (w/ Justin Bieber)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant