Patience (w/ Justin Bieber)

Chapitre 21

« Ne joue pas à la fille naïve, Ash. »

Ma mère m'avait souvent apprise qu'il fallait éloigner les mauvaises ondes. Les gens déplorables n'étaient pas des êtres à fréquenter. Lorsqu'une personne se comportait vulgairement et se montrait arrogante envers moi, je me devais de la chasser loin, de peur qu'elle m'endoctrine de je-ne-savais-quelle sorcellerie ou malédiction.

Maman croyait en la superstition. Par exemple, pour elle, quelqu'un d'exécrable proche de moi attirait le Diable. J'ignorais d'où elle tenait ça, et Mamie aussi ne comprenait pas. On supposait qu'elle l'avait inventé. Certainement afin que je barre la route aux êtres humains détestables pour ne pas finir comme eux.

Si un garçon ou une fille insolent s'approchait de moi, il fallait que je le fasse fuir, et rapidement. Bien sûr, c'était le conseil de toutes les mères, mais elle, elle me faisait toujours un discours barbant à propos de ça.

J'avais alors toujours suivi ce conseil et je savais repérer facilement les personnes dont je devais me méfier.

À une exception près. Je n'avais pas repoussé Justin lorsqu'il s'était présenté à moi avec son naturel orgueilleux.

Non, je ne l'avais pas fait.

Je n'avais pas respecté la règle.

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- Carter va sans doute être accepté à Harvard, la meilleure université de médecine du pays !

Nous étions quatre autour de la table de la salle à manger. Stacy contait les exploits et le futur tout tracé de son fils. Ma mère l'écoutait d'une oreille attentive, mais pas moi. Peu m'importait le métier que ferait Carter. Il pouvait devenir plus tard professeur, boulanger ou avocat, je n'en tiendrais pas compte. Par contre, s'il possédait la grandeur d'âme et la beauté du cœur qu'un homme bon se devait d'avoir, il obtiendra toute mon admiration. Je viens de dire quoi là ? Il va falloir que je reprenne la lecture. Je vois que ça commence à me manquer.

Bref, je n'avais pas le cœur à prendre part à la discussion. Surtout à cause de la présence de Justin Bieber dans ma satané cervelle. Hier j'avais cru qu'il allait m'embrasser quand j'allais sortir de sa voiture. Mais j'étais reconnaissante envers lui de ne pas l'avoir fait. Il n'y avait donc pas de risque d'engendrer quoi que ce soit.

Mais ses messages me manquaient, et ça, rien ne pouvait y remédier.

- Et toi, Ashy ?

Je levai la tête de mon assiette encore remplie de magret de canard, la spécialité française, que ma mère cuisinait toujours à merveille. Stacy, qui avait aujourd'hui opté pour un gloss brillant mauve et un teint presque blanc, afficha un joli sourire en me regardant.

- Hmm ? fis-je.

- Qu'as-tu l'intention de faire étant adulte ?

Cette question était bien la pire. Je haïssais devoir parler de mon avenir alors que je savais pertinemment ce que je souhaitais faire. En fait, c'était comme si j'avais le besoin de garder ça pour moi. Mais c'était Stacy qui me le demandait, et je l'adorais trop pour lui refuser quoi que ce soit.

- Écrivaine, répondis-je avec peu d'enthousiasme. Auteure, de roman.

- Une romancière ! s'exclama Stacy. C'est formidable ça ! J'ai hâte de pouvoir te lire !

Elle m'adressa un clin d'œil malicieux que je lui rendis.

Par la suite, ma mère se leva et débarrassa la table avec mon aide et celles de nos deux invités. Tandis que les femmes s'en allèrent dans la cuisine, j'attrapai les derniers couverts et Carter s'occupa d'empiler les quelques plats restants. Je surpris celui-ci en train de m'observer intensément. Gêné, il baissa les yeux sur les assiettes sales.